Aller au contenu principal

Maïs fourrages : faut-il encore attendre pour ensiler ?

Semis tardifs, été pluvieux… La maturité de certains maïs se fait attendre. Mais alors quand caler sa date d’ensilage ? Tout sera question de compromis entre maturité et risques.

Ensileuse munie d' un bec à maïs rotatif. Récolte du maïs ensilage.
Autre risque d’attendre avant d’ensiler ses maïs : les sangliers sont particulièrement friands des grains au stade pâteux.
© L. Vimon

Avec des semis qui se sont étalés jusqu’à la mi-juin et un été pluvieux, pas facile de prévoir la bonne date d’ensilage avec des maïs présentant des maturités très variables. Dans la plupart des régions françaises, les ensilages de maïs ont de 15 jours à un mois de retard par rapport à l’an dernier. Face à des maïs semés plus tard que d’habitude, qui sont encore loin des 32 à 35% de matière sèche, jusqu’à quand attendre ? 

Lire aussi : Gare aux gaz toxiques des silos

« Il n’y a pas de raison de se précipiter, conseille Hugues Chauveau, ingénieur valorisation animale des fourrages à Arvalis. Tant que cela est possible, il faut attendre pour ensiler. Le maïs va continuer à gagner doucement en maturité, à peu près deux points de matière sèche par semaine. Objectif : améliorer le rendement et diminuer le risque de pertes par coulure ».

Attention au risque de coulure des ensilages de maïs

La date d’ensilage des maïs sera fixée selon les besoins et les risques propres à chaque exploitation mais aussi selon les disponibilités des ensileuses. Quelle que soit cette date, il y aura probablement des parcelles qui ne pourront pas arriver à la maturité optimale. « L’idéal serait de ne pas en avoir en dessous de 30% de matière sèche pour ne pas perdre en rendement, notamment en amidon », conseille Yann Martinot, Elv’up.

Avec des semis étalés, ça ne sera pas toujours facile. Si c’est jouable au regard des contraintes logistiques, il peut être intéressant d’ensiler en deux fois. Si non, il est préférable d’ensiler d’abord les parcelles les plus avancées. « En mettant du maïs sec en première couche, il pourra capter le jus des maïs plus verts, partage Jérôme Larcelet. Pour les parcelles en dessous de 28% à 30% de matière sèche, il faut éviter de hacher trop finement pour garder une certaine tenue des particules ».

Évaluer les risques d’ensiler des maïs avant le stade optimal

Si les stocks sont bas, opter pour un ensilage d'appoint

Un manque de fourrages peut pousser à ensiler avant la maturité optimale. « Dans son calcul de besoins fourragers, il faut intégrer, idéalement, deux mois de fermentations et une période de transition alimentaire », rappelle Marine Fustch, responsable techniques fourrages chez Innoval. Un compromis peut être de faire un silo d’appoint avec quelques hectares, par exemple en détourant les parcelles les plus avancées.

Ensiler très rapidement en cas de gelées

En dessous de -2 /-3°C, même pendant quelques heures, le maïs va griller. « Une fois gelées, non seulement il n’y aura plus de fonctionnement végétatif mais les plantes vont être fragilisées et les tiges risquent de casser. Pour garder un peu de valeur, il faut ensiler un maïs gelé dans les 2 à 3 jours », précise Jérôme Larcelet, consultant nutrition pour Seenorest.

Qui dit attendre, dit augmentations des risques d’intempéries, pluies et coup de vent, avec des craintes de verse.

Décaler les cultures suivantes et miser sur des cultures de printemps

Après un maïs ensilage, il y a souvent des céréales à implanter. Retarder leur semis sera pénalisant. Selon son système d’exploitation et ses besoins, il peut être envisager de privilégier la ressource fourragère pour le troupeau, en retardant son ensilage et en se reportant sur une culture de printemps.

Ne pas attendre pour ensiler les parcelles peu portantes

Dans les parcelles portantes, il y a moins de risques à attendre. Mais les maïs les moins avancés sont ceux qui ont été semés en dernier, souvent dans les parcelles qui ressuient le moins vite. « Et qui seront celles où il sera vite difficile de rentrer, souligne Marine Futsch. Sur ces parcelles, mieux vaut récolter un maïs qui n’aurait pas atteint la maturité idéale plutôt que d’attendre et de se retrouver dans des conditions difficiles ».

Garde aux mycotoxines

Plus on avance dans la saison, plus augmente le risque mycotoxines. Surtout quand la parcelles a subi des attaques de pyrale. « Cette année, le risque mycotoxines est bien présent, confirme Yann Martinot, directeur technique d’Elvup. Il faudra faire des analyses pour avoir une idée des niveaux ». 

Retrouvez notre dossier complet : Evaluer le risque mycotoxines pour mes vaches

Pensez à la coupe haute pour ses ensilages de maïs

La coupe haute permet de gagner en matière sèche. « Par 10 cm de hauteur en plus, on gagne 0,5 à 0,7 point de matière sèche, chiffre Hugues Chauveau. Avec une coupe relevée de 40 cm, c’est 3 points de gagné. Cela peut faire gagner l’équivalent 8 à 10 jours de maturité ».

En laissant les tiges, la coupe haute apporte une certaine concentration en énergie et en amidon mais fait perdre du rendement. « Avec une coupe à 80 cm, on perd 10% de rendement mais c’est la partie la moins digestible qu’on laisse », reconnait Jérôme Larcelet.

« La coupe haute peut être intéressant si on a une petite surface où la maturité est moins avancée, estime Marine Futsch. Pour gagner en valeur alimentaire sans trop perdre en rendement ». Dans sa prise de décisions, il faut tenir compte de la contrainte travail car il faudra ensuite broyer les cannes.

Les plus lus

<em class="placeholder">Jerzy Wawrzynczak, éleveur laitier polonais</em>
Éleveur laitier en Pologne : « Je vends mon lait 480 euros les 1 000 litres »

En Pologne, l’élevage laitier de Jerzy Wawrzynczak ressemble beaucoup à un système français. Il partage les mêmes…

<em class="placeholder">Milk price and agricultural products trend concept: Small glass of milk on euro money bank notes</em>
Prix du lait 2025 : Lactalis, Sodiaal… annoncent des hausses de prix
Lactalis, Sodiaal et Bel s’avancent sur une augmentation du prix du lait payé aux producteurs sur l’année 2025. Savencia a…
<em class="placeholder">Christine et Pascal Garnier, éleveurs laitiers.</em>
Revenu : « Notre système laitier économe est loin d’être ringard »

Le Gaec de la Planture, en Meurthe-et-Moselle, limite la productivité de ses vaches à 6 200 l de lait avec un…

<em class="placeholder">Céline et Julien Foureau, éleveurs dans la Sarthe</em>
« Faire vêler nos génisses laitières à 25 mois avec du pâturage est rentable »

Le Gaec du Petit Moulin, dans la Sarthe, allie vêlage précoce et pâturage des génisses. Un objectif atteint notamment grâce au…

<em class="placeholder">Robin Marie, éleveur de vaches laitières dans la Manche</em>
Revenu : « Nous consolidons la ferme avec plus de lait par vache, par travailleur et par hectare dans la Manche »

Le Gaec 2 l’oiselière, dans la Manche, est passé depuis la fin des quotas de 800 000 litres à 2,7 millions de litres…

<em class="placeholder">corvidés dans un champ </em>
Corvidés : les solutions cette année pour protéger vos semis de maïs

Les corvidés trouvent dans les parcelles fraîchement semées en maïs de quoi contenter leur appétit. Entre pratiques…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière