Les voies de l’autonomie alimentaire
Une bonne maîtrise de la qualité des fourrages est la clé
de l’autonomie alimentaire. Retrouvez dans ce dossier des
élevages qui n’hésitent pas à explorer de nouvelles pistes
pour relever le défi de l’autonomie.
Les élevages bovins français s’en sortent bien en matière d’autonomie alimentaire. Près de 80 % de l’alimentation, fourrages et concentrés, sont produits au sein des exploitations. Un bon point pour la compétitivité des élevages dans un contexte de volatilité des matières premières.
De toute évidence, c’est l’autonomie protéique qui pêche le plus. Cette dépendance coûte cher et pèse sur les coûts de production. Pour autant, selon les situations, développer l’autonomie alimentaire ne s’avère pas forcément un pari gagnant sur le plan économique.
Comment viser une meilleure autonomie? En lorgnant sur ce qui se passe ailleurs, en explorant de nouvelles voies, en faisant évoluer ses pratiques, voire même parfois en acceptant de remettre à plat son système. À travers les reportages et les témoignages de ce dossier, nous avons voulu montrer qu’il n’y a pas qu’une seule voie pour gagner en autonomie.
La complémentarité entre fourrages, le choix des espèces prairiales, l’introduction de légumineuses et protéagineux, le recours à des itinéraires techniques particuliers y contribuent… Quel que soit leur système — bio, intensif ou mixte — les élevages présentés affichent tous un dénominateur commun: la qualité de la ration de base. Car la quête d’autonomie passe forcément par là.
Pour Konrad Schreiber, chef de projet à l’Institut de l’agriculture durable, la recherche d’autonomie alimentaire implique une nouvelle façon d’appréhender le système fourrager. Celuici doit se raisonner d’abord en termes de couverture des besoins en azote plutôt qu’en énergie. Une stratégie singulière mise en application chez Anton Sidler, éleveur de 85 vaches à 10000 kg dans l’Orne. Une approche qui tord le cou aux stratégies actuelles où le maïs ensilage constitue le pivot des rations.
Le séchage des fourrages est un autre exemple pour gagner en autonomie protéique. L’EARL Guéret, en Eure-et-Loir, vient notamment d’investir dans un séchoir couplé au méthaniseur pour sécher ses balles de foin et de luzerne. À la clé, moins d’achat de correcteurs.
Autre expérience intéressante, à l’EARL Ar Galvid en Loire-Atlantique, où les éleveurs adoptent une conduite très pointue du pâturage et de la gestion des stocks fourragers.
De son côté, Kees Zuurbier, dans les Côtes-d’Armor, maximise la qualité de l’ensilage d’herbe, distribué en plat unique, grâce à un débit de chantier très rapide.
D’autres exploitants choisissent, quant à eux, la piste oléagineuse. Comme Olivier Carrillat, en Haute-Savoie, qui cultive des graines de soja pour réduire ses achats de tourteaux.
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre, la chasse au gaspillage des concentrés est le premier pas vers l’autonomie.
SOMMAIRE du dossier
État des lieux par l’Institut de l’élevage - L’autonomie fourragère est le gros atout français
Chez Anton Sidler, dans l’Orne - «L’autonomie passe d’abord par l’agronomie»
À l’EARL Ar Galvid, en Loire-Atlantique - «Nos vaches ne consomment quasiment plus de concentrés »
À l’EARL Guéret, en Eure-et-Loir - «Nous séchons la luzerne et le foin avec un séchoir à balles»
Au Gaec de la Frise, dans les Côtes-d’Armor - «Nous cherchons à maximiser la qualité de l’herbe récoltée»