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Les rations à base de luzerne et maïs épi obtiennent des résultats surprenants

La station de la Jaillière a testé deux rations associant 50 % de luzerne à du maïs épi, avec peu voire pas de correcteur azoté.

Viser un maximum d'autonomie protéique avec 50 % de luzerne dans la ration ne permet pas forcément d'atteindre l'optimum économique.
© E. BIgnon

Peut-on se passer de correcteur azoté et rechercher l’autonomie protéique en misant sur l’association luzerne-maïs épi ? Un essai conduit l’hiver dernier à la station expérimentale de la Jaillière pendant huit semaines (exact ?) a comparé trois rations. La première — la ration témoin — est à base de 13 % de luzerne ensilée, 54 % d’ensilage de maïs plante entière, 14 % de blé, 3 % de paille, et plus 15 % de tourteau de colza dont une partie sous forme "MAT protégée". Elle a été comparée à une ration « maxi ensilage de luzerne » (48 %) associée à 38 % de maïs épi, 4 % de pulpes de betteraves déshydratées, 5 % de paille et seulement 5 % de tourteau de colza "MAT protégée" (soit moins de 1 kg de tourteau/VL/j). Enfin, la troisième ration associe la luzerne sous forme ensilée (24 %) et déshydratée (24 %) à de l’ensilage de maïs épi (38 %), plus des pulpes de betteraves déshydratées (8 %), avec aucun apport de tourteau.

La luzerne a été ensilée au stade début bourgeonnement à 21 % MAT. Le maïs épi a été récolté avec un bec cueilleur sur ensileuse à 55 % MS (soit 43 % MS plante entière) avec une teneur en amidon de 63 %. Les rations ont été élaborées de façon à obtenir des teneurs quasi similaires en amidon (23,4 à 24,4 %), en fibres (17,1 à 17,7 % de cellulose brute) et en protéines (autour de 90 g PDI/kg MS)). « Nous avons volontairement testé des rations extrêmes intégrant près de 50 % de luzerne pour mieux mettre en évidence d’éventuelles différences », signale Alexis Férard d’Arvalis.

Attention au risque d’excès d’azote soluble dans la ration

Premiers résultats provisoires : les deux rations à base de maïs épi et luzerne, avec peu voire pas de tourteau, ont permis des performances aussi élevées en lait que la ration témoin, avec respectivement 26,5 kg de lait produit par vache et par jour pour la ration 2, et 27,9 kg/VL/j pour la ration 3. Les taux, par contre, ont décroché par rapport à la ration témoin, en particulier la ration 3 (-3,7 g/kg de TB et -1,7 g/kg de TP).

Autre résultat : si ces deux rations ressortent bien en termes d’autonomie protéique, elles ne présentent pas pour autant un avantage économique. « Au contraire, dans le contexte de prix étudiés, elles affichent une marge sur coût alimentaire moins importante que la ration à base de maïs ensilage plante entière avec 13 % de luzerne ensilée et 15 % de tourteau (lire tableau). » Cela s’explique entre autres par des taux plus élevés et une ingestion plus importante par rapport au régime maïs ensilage.

Un optimum à trouver avec moins de luzerne dans la ration

« Quel que soit le lot, moins de 1 % d’amidon a été retrouvé dans les bouses, preuve d’une bonne valorisation de l’amidon », relève par ailleurs Alexis Férard en précisant que « le maïs épi ensilé n’est pas une source d’amidon lent et s’apparente davantage à un concentré qu’à un fourrage même s’il est plus sécurisé que le maïs grain humide ».

L’essai pose la question de la valorisation de l’azote de la luzerne ensilée. « Pour une même teneur en MAT, plus le fourrage est humide, plus la teneur en azote soluble est élevée et la dégradabilité dans le rumen importante, d’où une diminution des PDIE. Il faut viser au moins 45 % de MS à la récolte. Le recours à de l’enrubannage de luzerne plutôt que de l’ensilage aurait certainement permis de meilleurs résultats notamment en ralentissant la vitesse de transit digestif. »

Pour trouver un optimum technique et économique, il faut certainement revenir à des rations intégrant une part de luzerne moins importante.

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