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Les outils de monitoring détectent les chaleurs 24h sur 24h

Utilisés pour améliorer le confort de travail, les performances de Repro, voire le suivi de la santé du troupeau, ces outils de haute technologie sont fiables et évoluent constamment. Mais leur rentabilité fait débat.

La baisse d’expression des chaleurs, en partie liée à l’augmentation du potentiel laitier des vaches, l’agrandissement des exploitations avec moins de temps à consacrer à l’observation des animaux, la volonté de diminuer les astreintes… contribuent à compliquer l’observation pour la détection des chaleurs. Par ailleurs, la durée moyenne des chaleurs est passée de 18-20 heures dans les années 80 à seulement 4-8 heures aujourd’hui.

En Prim’Holstein, seulement 6 ovulations sur 10 sont accompagnées d’acceptations de chevauchements. « En stabulation, les chaleurs sont principalement exprimées entre 2 et 6 h du matin et lors de déplacements », indique Catherine Disenhaus. Aussi, la détection visuelle est de plus en plus « épaulée » par des outils. L’enjeu est de taille parce que le premier outil de gestion de la reproduction « c’est la détection des ovulations permise par la détection des chaleurs », rappelle Catherine Disenhaus, d’Agrocampus-Ouest.

Selon vos objectifs (gain de temps, maximiser les performances de reproduction…) et des caractéristiques de votre élevage, plusieurs solutions sont proposées pour compléter voire parfois remplacer l’observation visuelle des animaux. Parmi eux, les accéléromètres aident à détecter les chaleurs en mesurant l’augmentation de l’activité des animaux grâce à des capteurs. En France, les élevages s’équipent de plus en plus. Depuis 2010, Gènes Diffusion a équipé 600 élevages avec la Heat box. De son côté, Evolution annonce 1 900 élevages. Mais les entreprises de sélection et de conseil en élevage ne représentent qu’une partie des fournisseurs. Aux Pays-Bas, 20 % des élevages seraient équipés d’outil de monitoring.

Les accéléromètres sont soit positionnés sur une patte (Smartag, Afiact II…) soit sur le cou (Heat box +, Heatime, Heatphone…) des animaux. Ils permettent selon les modèles de mesurer de plus en plus de paramètres : activité, le temps de rumination, d’ingestion, de couchage, les levés-couchés… Faut-il choisir plutôt des colliers ou des podomètres nouvelle génération, c’est-à-dire équipés d’un accéléromètre ? En fait, tout dépend des options recherchées. « Les capteurs au cou offrent des options permettant de mesurer le comportement d’ingestion ou de rumination, ce que ne permet pas un système podométrique de par son positionnement », souligne Clément Allain de l’Institut de l’élevage.

De la nouveauté attendue pour cet automne

De leur côté, « les podomètres présentent l’avantage par rapport aux colliers de mesurer les levés-couchés. Ils sont particulièrement adaptés aux grands troupeaux puisqu’on ne manipule les animaux qu’une seule fois pour poser le bracelet à la patte, précise Hervé Quintin de BCEL-Ouest. Les données enregistrées peuvent être utilisées pour détecter les chaleurs, les vêlages, les problèmes de boiteries… et être valorisées pour la gestion globale du troupeau via un logiciel et nos conseils. » Le coût du podomètre commercialisé par BCEL-Ouest est de 90 euros auxquels il faut ajouter environ 6 000 euros pour la base de réception des données issues des podomètres, l’antenne et le logiciel de gestion de troupeau (Afifarm 5) qui va permettre aussi de valoriser les données du contrôle de performance (TB, TP, cellules).

Le choix du système de communication, de la portée des antennes… doit également être intégré dans votre réflexion. Notez d’ores et déjà que Médria a intégré à son outil de monitoring Lora, le standard de communication des objets connectés. Côté nouveautés, "le passage d’ici cet automne au réseau LoraWan (1) ouvre de nombreuses perspectives d’évolutivité des outils Médria vers la ferme connectée", souligne Thomas Aubry de Littoral-Normand. La ferme expérimentale régionale de Normandie, Blanche Maison, travaille avec Médria sur les capteurs de demain dédiés au monitoring des animaux, des productions végétales et des outils de production. L’objectif de ce projet qui vient de démarrer est d’installer, à l’échelle d’une exploitation, un réseau numérique basé sur LoraWan. Cette plateforme numérique permettra de connecter à l’échelle d’une exploitation, les capteurs (monitoring des animaux, données météo, données du sol, niveau d’eau dans les abreuvoirs…) sur des distances assez longues (10 km), à partir d’une seule antenne.

"Avant d’investir, il faut faire le point sur vos objectifs. Cherchez-vous avant tout à gagner du temps, augmenter la plage horaire de surveillance, améliorer la détection des chaleurs pour faciliter la gestion de la reproduction ? Il faut également essayer d’évaluer ses besoins (identification, détection des troubles de santé…) dans les années à venir pour éviter d’avoir à réinvestir ou faire des doublons. », expose Marylise Le Guénic de la chambre d’agriculture de Bretagne.

« En système très productif, les éleveurs qui veulent se rassurer sur le moment de l’insémination, ou gagner du temps ou déléguer totalement la détection des chaleurs ont intérêt à se faire aider avec ce type d’outils parce que plus les vaches produisent de lait moins il y a d’expression des chaleurs. Ils permettent en effet de valoriser l’expression de signes dits secondaires comme le flairage, léchage de la vulve à condition qu’ils soient répétés plusieurs fois », explique Catherine Disenhaus. Ces outils sont d’autant plus fiables qu’ils tiennent compte de la particularité du comportement de chaque vache grâce à un étalonnage spécifique lors de la pose du collier.

Une rentabilité économique pas garantie

Une enquête réalisée en Bretagne dans 32 exploitations (2) dans le cadre du projet Mariage a montré l’impact positif de ce type d’équipement sur le confort de travail. La grande majorité des éleveurs étaient satisfaits voire très satisfaits du détecteur. Nathalie Bareille d’Oniris soulignait cependant que « pour les grands troupeaux, l’investissement dans un détecteur de chaleurs est en général rentable, notamment si le taux de détection avant l’investissement était inférieur à 50 % ». En revanche, « dans tous les autres cas, la rentabilité économique n’est pas garantie ».


Même constat pour Marylise Le Guénic. « Les tarifs catalogues approchent 3 000 à 3 500 euros pour une base plus antenne courte portée, auxquels il faut ajouter environ 1 000 euros pour une antenne longue portée et entre 80 et 160 euros pour les colliers. Pour un troupeau de 80 vaches en vêlages étalés avec surveillance vaches et génisses, cela représente un budget de 9 000 à 12 500 euros. Sachant que l’allongement de la lactation ne conduit pas nécessairement à une dégradation du revenu, le retour sur investissement n’est pas évident surtout lorsque ces outils ne sont utilisés que pour détecter les chaleurs. »

Adapter le nombre de colliers ou podomètres aux besoins

« Si l’éleveur utilise un accéléromètre seulement pour la détection des chaleurs, il peut poser le collier trois semaines après le vêlage. En revanche, s’il veut valoriser les aspects santé et rumination, il doit le poser 15 jours avant le vêlage. Et dans ce cas, il faut équiper 75 % des animaux jusqu’à confirmation de la gestation. Dans les grands troupeaux, les éleveurs ont tendance à équiper 100 % des vaches. Le collier Heatime HR (avec rumination) est vendu 137 euros HT », indique Alain Chevallier d’Evolution. Il faut compter environ 10 000 euros HT pour une base (Heatime HR) avec antenne d’une portée de 500 m et 50 colliers. Aucun abonnement n’est nécessaire.

Gènes Diffusion propose également une solution avec collier (voir schéma). « La Heat box + permet de détecter les chaleurs, le temps de rumination, d’ingestion et de repos », souligne Julien Journé de Gènes Diffusion. La base (4 030 euros HT) est équipée d’une antenne reliée aux colliers par onde radio dont la portée à champ découvert peut atteindre 1 kilomètre. « Lorsque la Heat box + n’est utilisée que sur les animaux à mettre à la reproduction et que les vêlages sont étalés, nous conseillons d’équiper un tiers du troupeau en posant les colliers le plus tôt possible après le vêlage. Sur des vaches normalement cyclées, il est préférable d’attendre la troisième chaleur avant d’inséminer et de laisser le collier jusqu’à confirmation de la gestation. »

L’accès aux données hébergées sur un cloud ainsi qu’aux mises à jour régulières et à l’envoi de notifications (SMS, push, mail) nécessite une cotisation de 5 euros/collier/an. Le prix des colliers varie de 104 euros HT (pour un accès uniquement aux données sur les chaleurs) à 125 euros HT pour un accès à toutes les données (chaleurs, temps de rumination, ingestion et temps de repos).

Les plus

Aide à la décision

Confort de travail

Fiabilité

Fonctionne 24h/24 h

Les moins
 
Niveau d’investissement
Manipulation des animaux

À savoir

Les chambres d’agriculture de Bretagne proposeront cet automne un récapitulatif sur les différents outils de monitoring disponibles sur le marché avec des indications sur leur coût sur le lien suivant : http://www.synagri.com/synagri/outils-pratiques

Les accéléromètres liés aux robots de traite

« Les outils disponibles utilisent les mêmes concepts que les activimètres classiques (Heat box…) mais adaptés aux robots de traite. Leur intégration dans le logiciel du robot permet d’avoir des alarmes. Nous préconisons systématiquement cette option lors de l’achat d’un robot d’autant qu’elle induit un coût réduit dans la mesure où les colliers servent à d’autres mesures (rumination…) », précise Anthony Baslé d’Eilyps. « Les données peuvent être croisées avec d’autres informations fournies par le logiciel du robot comme la pesée des animaux, la baisse de production laitière, la composition du lait », souligne Marylise le Guénic. « Les capteurs sont soit intégrés dans un collier (DeLaval et Lely), soit dans un podomètre (Packo Fullwood, SAC et Boumatic). GEA propose les deux solutions (Nedap). » Notons aussi que Lely propose deux systèmes avec collier proposés par des fabricants différents : la gamme QWES H LD et QWES HR LD (fabriquée par SCR) et la gamme QWES ISO ID, QWES ISO LD et QWES ISO Smartag (fabriquée par Nedap). Au-delà de l’identification et de la mesure de l’activité longue distance « le système Smartag mesure le temps d’ingestion et il est compatible avec la géolocalisation de la vache dans le bâtiment alors que le QWES HR LD mesure la rumination », souligne Hervé Clautour de Lely. Autrement dit le choix du système dépendra de vos priorités et des propositions commerciales de votre distributeur.

Le recours au wifi « permet à toutes les antennes de travailler sur une longue portée », indique Anthony Baslé. Dans tous les cas, ce dernier préconise de valider les alarmes visuellement ou en consultant les courbes de cyclicités de la vache fournies par le logiciel du robot et de vérifier qu’il n’y a pas d’interférence avec le wifi pouvant empêcher de détecter une vache en chaleurs voire de détecter celle d’un voisin !

Mariage passe au crible les outils de monitoring

. « L’élevage de précision se développe rapidement depuis le début des années 2000, et une des principales cibles est la détection automatisée des chaleurs », souligne Fabrice Bidan de l’Institut de l’élevage. Depuis 2015, un programme Casdar Mariage (1) vise à comprendre les attentes et satisfactions des éleveurs vis-à-vis de ces outils et à optimiser leur emploi via des conseils. Un premier volet a consisté à enquêter une centaine d’élevages situés en Bretagne, dans le Doubs et en Écosse. « Le projet vise aussi à évaluer l’intérêt économique de ces outils en fonction du type d’outil, de son coût et des caractéristiques de l’élevage », précise Fabrice Bidan.

. La taille du troupeau et la capacité de détection avant équipement sont des éléments déterminants en termes de retour sur investissement. « Les gains en termes de gestion de la reproduction diffèrent selon les élevages. Le Casdar Mariage permettra d’élaborer une méthode d’analyse du rapport coûts/bénéfices, sachant que pour certains éleveurs, ce n’est pas la rentabilité mais le confort et la sérénité qui priment. »

. Caractériser de nouveaux indicateurs de suivi de la reproduction à partir des enregistrements issus des outils développés par la société Médria sera l’objectif du second volet du projet. Les premiers résultats sont attendus pour 2018.

(1) Monitoring automatisé de la reproduction : innovations et applications pour l’élevage bovin laitier.

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