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Le biocontrôle contre les maladies infectieuses du veau

Ensemencer la litière avec des bactéries bénéfiques pour lutter contre les bactéries pathogènes : c’est le principe du biocontrôle.

Toute pathologie pendant la phase de 0 à 6 mois a des conséquences sur l’avenir de la vache laitière. © V. Bargain
Toute pathologie pendant la phase de 0 à 6 mois a des conséquences sur l’avenir de la vache laitière.
© V. Bargain

À la naissance, le système immunitaire du veau n’est pas fonctionnel. Pendant 2 à 4 semaines, il est protégé par les anticorps transmis par la mère via le colostrum. Puis, à partir de 1 à 2 mois, le système immunitaire du veau prend le relai. « Mais entre les deux, il y a un intervalle de temps au cours duquel le veau n’est pas protégé contre les agents infectieux », rappelle Luc Santune, ingénieur technique et commercial chez Dietaxion.

Stabiliser le microbisme de la litière

L’administration rapide d’un colostrum de qualité en quantité suffisante, de bonnes conditions d’hygiène, la maîtrise de l’ambiance, la vaccination... permettent de limiter les infections. « L’important est de parvenir à un équilibre entre bactéries bénéfiques et bactéries pathogènes. Tout ce que fait l’éleveur quand il nettoie, gère la litière ou la ventilation vise à maintenir cet équilibre bactérien. Il est aussi possible d’apporter des bactéries bénéfiques qui ont un effet inhibiteur sur les pathogènes et de les faire se multiplier dans la litière. »

Dietaxion, par son laboratoire Cobiotex, sélectionne des bactéries à ensemencer sur la litière. « Les critères de sélection sont les propriétés d’adhésion et de multiplication dans la litière ou sur le sol, les propriétés enzymatiques et la capacité à produire des inhibiteurs des principaux pathogènes des bovins », précise Luc Santune. Les bactéries proposées ont notamment un effet inhibiteur sur Escherichia coli, souvent responsable des diarrhées, Streptococcus uberis, Staphylococcus aureus, Listeria monocytogenes, les salmonelles, le treponème, Fusobacterium, Dichelobacter... La cinétique d’action est très différente de celle d’un biocide chimique.

Une action plus lente mais plus durable

« Avec un biocide chimique, l’action est très forte et immédiate. Mais dans la journée, le milieu est recolonisé par les bactéries, avec un risque à terme de bactériorésistance. Avec un biocide bactérien, qui vise à stabiliser le microbisme, la réduction de la pression des pathogènes est plus lente mais plus durable. » En routine, il faut éviter de désinfecter le bâtiment pour ne pas détruire les bactéries bénéfiques. « Mais si la pression est trop forte, il peut être nécessaire de faire une désinfection chimique pour faire un point zéro avant l’entrée du veau. L’environnement sera ensuite très favorable à l’ensemencement bactérien. »

Les complexes bactériens de Dietaxion sont proposés sous forme d’une poudre asséchante ou d’une poudre soluble à appliquer sur la zone de couchage une fois par semaine. Elles sont adaptés aux logettes et à tout type d’aire paillée curée au moins une fois par semaine, et sont utilisables en bio. « Et un autre avantage est que les bactéries consomment l’azote ammoniacal, ajoute Luc Santune. Il y a donc moins de rejets d’ammoniac, moins d’odeur et l’azote reste dans le fumier et améliore sa valeur fertilisante. »

Ais d'expert : Raphaël Guattéo, d’Oniris-Inrae

 

 
Raphaël Guattéo, d’Oniris-Inrae © V. Bargain
Raphaël Guattéo, d’Oniris-Inrae © V. Bargain

 

« Une voie d’avenir pour réduire les antibiotiques »

« L’ensemencement des litières avec des bactéries positives, permettant de contrôler les pathogènes présents dans la litière et de coloniser les pieds des animaux, est certainement une technique intéressante. Elle a montré son efficacité dans d’autres espèces, par exemple pour limiter les pododermatites chez les volailles. Chez les vaches laitières en stabulation libre, elle permet aussi de limiter les mammites environnementales. Et comme il faut moins curer et pailler pour des raisons sanitaires, cela permet des économies en paille et en temps de travail. Chez les veaux, des litières moins chargées en pathogènes et la présence d’une flore positive sont sans doute une voie d’avenir pour limiter l’usage des antibiotiques. »

À savoir

Les bactéries bénéfiques apportées par le biocontrôle ont un impact sur les diarrhées d’origine bactérienne. Elles n’ont pas d’effet sur d’autres pathogènes responsables de diarrhées comme les coccidies ou les cryptosporidies. Mais, d'après Dietaxion, en limitant les colibacilles, elles libèrent de l’immunité pour lutter contre les autres pathogènes.

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