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« La qualité prime sur le rendement »

Jacques et Nathalie Champs en Haute-Loire réalisent des fauches précoces et recourent à l’andaineur à tapis de l’ETA pour faciliter et améliorer la qualité du chantier.

En hiver, l’ensilage d’herbe représente 50 % des fourrages ingérés par les 75 vaches brunes et jersiaises à 6 100 kg brut (51 de TB et 41 de TP) de Nathalie et Jacques Champs, installés à Usson-en-Forez. Leur exploitation de 90 hectares se situe à 950 mètres d’altitude, à cheval entre la Haute-Loire, la Loire et le Puy-de-Dôme. « Si on veut un ensilage de qualité, il ne faut pas privilégier le rendement », martèle Jacques. L’éleveur ensile 27 ha prairies temporaires de prairies temporaires dont une bonne partie à base de ray-grass anglais, ray-grass d’Italie, ray-grass hybride, trèfle violet et trèfle blanc. « Je réalise généralement trois coupes, mais cette année, avec la chaleur et les conditions sèches de l’été, je n’ai pu en faire que deux, de 3 t MS/ha chacune. » Les analyses révèlent en moyenne des valeurs de 18 % de MAT et 0,92 UFL.

Le mot d’ordre est de récolter herbe jeune, riche en sucres et protéines. « Même si le départ en végétation est très lent dans le secteur, je me tiens prêt à intervenir à partir du 15 avril dès qu’une fenêtre météo se présente, quel que soit le volume d’herbe. En général, je récolte ma première coupe deux semaines avant la plupart de mes voisins. Je préfère ne pas tout miser sur une seule grosse coupe, car le fourrage perd en qualité. »

Un objectif de récolte à 45 % de matière sèche

L’objectif de l’éleveur est de récolter un ensilage à 45 % de matière sèche. « Cela permet notamment d’améliorer l’ingestion et l’appétence, considère-t-il. Certaines années, il m’est même arrivé de monter à plus de 50 % MS. » Par contre, en parallèle, Jacques adapte la longueur des brins (3-4 cm) et tasse en conséquence. Il y a toujours deux tracteurs sur le tas. Un conservateur est appliqué, mais à demi-dose. « C’est une assurance systématique pour éviter d’éventuelles reprises en fermentation à l’ouverture, mentionne-t-il. Malgré des taux de matière sèche élevés, je ne rencontre pas ce problème. » Même sur les bords du tas, il n’y a pas de pertes visibles et l’ensilage sent bon.

Jacques apporte aussi une grande vigilance à la hauteur de coupe. « Je fauche à 9-10 cm, indique-t-il. L’herbe repousse plus vite et l’herbe coupée ventile mieux car elle touche moins le sol. De plus, en fauchant à 10 cm, les dents de la pirouette n’effleurent jamais le sol et on évite ainsi de remonter de la terre et des pierres. » D’autant que l’exploitation présente des sols graniteux à faible potentiel, avec une forte problématique cailloux.

C’est la date de récolte fixée avant la fauche qui donne le tempo

L’éleveur se base le stade de l’herbe pour déclencher la coupe. « En première coupe, j’observe aussi les premières feuilles. Je fauche avant qu’elles commencent à jaunir », décrit-il en précisant qu’ « après la fauche, il faut que la parcelle soit de couleur vert tendre comme un gazon anglais ».  La deuxième coupe intervient quand il sent l’épi monter dans la gaine.

Dans la pratique, Jacques appelle son entrepreneur avant de faucher, généralement une semaine avant l’ensilage. « Une fois la date de récolte calée, c’est à moi de voir comment je vais travailler l’herbe et si, en fonction de la météo, je prévois ou non un fanage. »

Généralement, Jacques attaque le chantier de fauche le matin après 11h, une fois la rosée levée. Il utilise une faucheuse rotative pendulaire de 4,30 m. « Je n’y vois que des avantages : c’est moins cher qu’une conditionneuse, ça va vite (14 km/h, soit 5 ha fauchés/h), ça réclame peu de puissance et ça consomme moins ! » Le lendemain, en fonction de l’hygrométrie, il passe un coup de pirouette huit toupies. « Le but est d’ébouriffer l’herbe. C’est rapide (12 km/h), ça aide au séchage et l’herbe se ramasse mieux à l’andaineur derrière. »  Le fanage n’est pas systématique, notamment sur les prairies riches en dactyle. « Par contre, en cas d’averse, je n’hésite pas à effectuer un second fanage. »

Un fanage rapide pour ébouriffer l’herbe

L’herbe reste au sol entre deux et trois trois jours, avant que l’ETA vienne andainer.  

« Depuis deux ans, je préfère faire appel à l’ETA car elle est équipée d’un andaineur à tapis. Même en pleine chaleur, on conserve l’intégralité des feuilles de légumineuses, apprécie Jacques. Avec un autre matériel, je ne pourrais obtenir un aussi bon résultat qu’en travaillant à la fraîche, mais cela ne me laisserait qu’un créneau d’intervention très limité (1h30). »

L’andaineur à tapis évite aussi de souiller le fourrage avec de la terre et de ramener des pierres. « Je règle la largeur de l’andain en fonction de la quantité d’herbe à ramasser et du matériel de récolte, souligne Mathieu Valla, entrepreneur. On sort des andains réguliers très aérés qui facilitent l’alimentation de la machine de récolte derrière. Je peux ramasser entre 7 et 15 m, ce qui permet de bons débits de chantier d’ensilage. Par contre, il faut que ça suive au niveau du tassage du silo ! » Sur l’exploitation, l’andainage revient à 40 €/ha (3 ha/h). « Cela représente un surcoût, mais que l’on compense par la baisse du coût de la fauche et de la récolte (20 ha récoltés dans la matinée), la souplesse permise lors du chantier et surtout la meilleure qualité du fourrage », considère Jacques.

La relation avec l’entrepreneur compte beaucoup

« Nouer un vrai partenariat entre l’éleveur et l’ETA contribue grandement à la qualité du chantier de récolte », considère Mathieu Valla, entrepreneur en Haute-Loire et sur les départements limitrophes. Dans l’intérêt des deux parties, l’idéal est de contacter son entrepreneur dès février-mars pour l’avertir du chantier à déléguer et de ses besoins. « Cela nous permet de réserver le matériel nécessaire en amont et de mettre en œuvre les moyens pour répondre à la demande, souligne-t-il. En appelant au dernier moment, il est difficile de bien travailler et de planifier correctement les chantiers. » Ensuite, la date exacte de l’intervention est fixée une petite semaine à l’avance. « Il est essentiel aussi de pouvoir échanger ensemble et de bien analyser ce que l’éleveur peut faire lui-même et ce qu’il vaut mieux qu’il délègue. Je pense notamment au tassage, qui est un élément-clé. Il est parfois dommage de faire un chantier nickel et de tout gâcher à la fin par un tassage insuffisant. »

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