La ferme laitière de l'Ensaia réduit son empreinte carbone via l'alimentation des vaches
En substituant du tourteau de soja importé par des ressources locales, la ferme de l'école Ensaia, dans le Grand Est, a réduit ses émissions de CO2.
En substituant du tourteau de soja importé par des ressources locales, la ferme de l'école Ensaia, dans le Grand Est, a réduit ses émissions de CO2.
En France, l'importation de 40 000 tonnes de tourteaux de soja par semaine en provenance du Brésil entraîne la libération d’une quantité non négligeable de CO2, lors du transport. Afin de répondre aux enjeux environnementaux actuels, l’Ensaia (École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires) a choisi d’exclure les tourteaux de soja de la ration alimentaire des vaches laitières de sa ferme expérimentale de la Bouzule. Dans le cadre de leur projet sur l’autonomie protéique, des étudiants ont évalué la différence d’empreinte carbone liée à ce changement effectué depuis 2015.
Une ration 100 % locale
En 2015, la ferme de la Bouzule a remplacé une ration avec du tourteau de soja importé par une ration où les compléments protéiques sont composés principalement de drêches et de produits transformés de céréales et d’oléagineux. Ainsi, la ferme a trouvé des alternatives locales : les drêches sont issues de plusieurs brasseries implantées en Lorraine, le tourteau de colza est un coproduit de la filière biocarburant locale, et les drêches de soja sont le coproduit de la fabrication de jus de soja destiné à la consommation humaine. Le soja est transformé par une usine alsacienne. « Cette drêche est aussi riche en MAT qu'une drêche de brasserie », ajoute Alexandre Laflotte, directeur du domaine expérimental de la Bouzule. Tout cet approvisionnement local contribue de manière vertueuse à la dynamique territoriale et à la relocalisation de la valeur ajoutée.
Des drêches de brasserie et de soja
Les émissions de CO2 associées au transport routier et au transport maritime sont évaluées à 91,6 gCO2/t.km (tonne km) et 10,1 gCO2/t.km respectivement, selon l’Ademe. Ainsi, l’empreinte carbone pour chacune des deux rations a pu être estimée, hors minéraux et hors fourrages grossiers. En faisant l’hypothèse que l’origine du tourteau de soja est le Brésil, au Mato Grosso, premier état brésilien producteur de soja, ce tourteau de soja a parcouru 1 500 kilomètres en camion sur le territoire brésilien, 7 500 km en cargo et 835 km sur le territoire français. Les matières premières protéiques de la nouvelle ration sont issues de la région Grand Est, à moins de 170 km en camion de la ferme expérimentale de l’Ensaia.
Moins d'émissions pour autant de lait
À la ferme expérimentale, se passer de tourteau de soja importé a évité l’émission de 231 kg d'équivalent CO2 par vache et par an. À l’échelle du troupeau de 70 vaches laitières, cela représente environ 16 tonnes eq. CO2 par an, donc 80 tonnes depuis 2015. Une telle quantité correspond aux émissions de CO2 de quatre allers-retours Paris-Bordeaux en Boeing 737. La réduction de l’impact environnemental due à l'arrêt du tourteau de soja importé est donc significative, sans réduire la production laitière.
Un coût alimentaire légèrement réduit
À la ferme de la Bouzule, la nouvelle ration, sans tourteau de soja importé, permet une réduction du coût alimentaire de 0,43 €/VL/j. Le coût alimentaire est de 3,39 €/VL ou 113,4 €/1 000 l. « Pour autant, nous alertons sur des tensions qui montent à cause de certaines unités de méthanisation dépendantes d'achats extérieurs, et du développement des filières « animaux nourris sans OGM » en France et chez nos voisins d'Europe du Nord. En dix ans, le prix des drêches de brasserie a déjà doublé », pointe Alexandre Laflotte, directeur du domaine expérimental de la Bouzule.