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Question d’éleveur
La baisse de la durée des chaleurs impacte-t-elle la fertilité ?

Suite à la publication du dossier Des outils pour booster la repro, Jérôme Cailleau, en Gaec en Ille-et-Vilaine, demande si le raccourcissement de la période de chaleur raccourcit aussi celle où la vache est fertile.

"Dans le dossier intitulé Des outils pour booster la repro (1), une phrase m’interroge : 'la durée moyenne des chaleurs est passée de 18-20 heures dans les années 80 à seulement 4-8 heures aujourd'hui.' Et l’article d’enchaîner sur les techniques pour faciliter la détection de ces chaleurs. Mais ce qui m’interroge, c’est principalement de savoir si le raccourcissement de la période de chaleur raccourcit aussi la période où la vache est fertile. Autrement dit, pour moi qui suis éleveur, est-ce que le fait que les chaleurs soient plus courtes aujourd’hui qu’il y a trente ans signifie que mes vaches ont moins de chance de prendre qu’il y a trente ans ? Et accessoirement, je me demande si c’est valable pour d’autres races que la Holstein. Je travaille sur un troupeau croisé Holstein, Brune des Alpes, Jersiaise, avec beaucoup de taureaux importés des États-Unis. Et je me demande aussi quelle est la raison de ce raccourcissement."

Réponse de Fabrice Bidan de l’Institut de l’élevage et Catherine Disenhaus d’Agrocampus Ouest :

"En effet, aujourd’hui nous notons une dégradation de la durée moyenne des chaleurs par rapport à ce qui était observé il y a 35-40 ans. Dans cette phrase, il est question de l’expression de la chaleur (ou œstrus), soit le comportement observable. Le raccourcissement de cette phase n’est documenté que chez la Prim’Holstein (et un peu en Normande) en relation directe avec la production laitière au moment de l’ovulation… Ce n’est donc pas vrai pour les génisses. La durée moyenne est comprise entre 4 à 8 heures pour l’acceptation du chevauchement (mais parfois plus pour certaines vaches) et environ 14 heures pour les autres signes secondaires (flehmen, léchages, menton sur la croupe…). À cela, s’accompagne une augmentation des cycles allongés et de la fréquence des anomalies de cyclicité modifiant les repères calendaires de surveillance.

Aucune conséquence sur la « période » de fertilité de vos animaux

Pour ce qui est de la conséquence sur la fertilité de vos vaches, elle existe du fait que vous pouvez avoir plus de difficultés à identifier les animaux en chaleurs, et donc à les inséminer au bon moment. Cela n’a aucune conséquence sur la « période » de fertilité de vos animaux. Pour rappel, la dégradation de la fertilité est un mixte entre l’aptitude à être fécondé et le bon moment pour inséminer qui se traduit par la capacité d’un animal à exprimer une chaleur et la surveillance de l’éleveur.

Avant l’intégration de la fertilité dans les schémas de sélection, la sélection génétique sur la production a, conjointement avec d’autres facteurs (agrandissement des troupeaux notamment), entraîné une diminution de la fertilité particulièrement observée en Prim’Holstein. Cette diminution s’explique par une multitude de facteurs (diminution de la durée d’œstrus et de la qualité ovocytaire, augmentation des mortalités embryonnaires précoces….).

Une ovulation silencieuse n’est pas forcément moins fertile

Le lien entre la diminution de la durée de l’œstrus et les autres facteurs n’a pas été établi. Ainsi, une vache avec une ovulation silencieuse (8 à 15 % des ovulations) n’est pas forcément moins fertile si l’insémination est faite au bon moment. Enfin, ce n’est pas parce que les chaleurs sont plus courtes qu’il y aura forcément une moindre qualité ovocytaire (et une fertilité moins bonne). Cependant, ce sont les facteurs métaboliques (liés notamment au niveau de production) qui peuvent impacter l’expression des chaleurs… mais aussi impacter la qualité ovocytaire.

Ceci étant, plus la production est élevée plus les chaleurs sont courtes (en moyenne avec une très forte variabilité), mais aucune relation n’a été mise en évidence avec la réussite de l’IA en inséminant 12 heures après le début des chaleurs. En conclusion, pour votre troupeau, ce phénomène peut exister mais il est probable qu’il soit plus marqué pour la Prim’Holstein que pour la Brune ou la Jersiaise, et ceci impactera surtout la surveillance de vos animaux.

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