« J’achète des betteraves à un éleveur qui en cultive pour plusieurs voisins »


« Nous distribuons des betteraves fourragères à nos 40 vaches qui tournent à 9 000 kg de moyenne. Elles en reçoivent 2 à 3 kg MS par vache par jour entre décembre et mars. Cela leur apporte du fourrage frais quand elles ne sortent plus au pâturage, en complément du maïs et de l’enrubannage de luzerne. Les vaches en raffolent, c’est un fourrage appétent et peu encombrant. J’en incorpore pour diversifier l’apport énergétique de la ration et fournir un fourrage bénéfique à la santé du troupeau. Je les stocke en tas à l’extérieur, près du silo de maïs, entre des bottes d’enrubannage. Je les protège d’une bâche les jours de gel. La particularité, c’est que nous ne les produisons pas nous-mêmes. C’est un voisin qui en cultive 6,5 ha pour la consommation de son troupeau et pour d’autres éleveurs du coin. L’an dernier, nous lui en avons acheté 55 t brutes. Ce fonctionnement nous convient bien car cultiver un seul hectare pour nos besoins serait trop contraignant en termes de travail. Pour réussir cette culture, il ne faut pas se louper sur le semis et le désherbage. Il faut être pointu sur les traitements à appliquer, et le suivi de culture requiert une certaine technicité. Et puis, je ne me vois pas préparer les terres, atteler le pulvérisateur pour faire au moins trois passages dans la saison, casser des ilôts de culture…
« Déléguer la culture plutôt que de s’embêter à en faire un seul hectare »
Concrètement, c’est mon voisin qui décide des variétés implantées et de l’itinéraire technique. Le jour du chantier de récolte, je viens avec ma remorque. Le siège d’exploitation est à moins de 2 km des parcelles. Nous pesons chaque remorque sur un pont-bascule privé, également à proximité. J’achète les betteraves 30 €/t brute. J’ai conscience que cette solution me coûte plus cher que de cultiver les betteraves moi-même. Cela renchérit le coût journalier de la ration, mais c’est un choix pour la santé du troupeau et pour les taux. Je préfère cultiver plus de maïs et vendre l’excédent sous forme de maïs ensilage ou maïs grain, plutôt que faire un ou deux hectares de betteraves. »