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Handicap en agriculture : quelles aides financières et techniques pour poursuivre son activité ?

Pouvoir continuer à exercer son métier malgré une problématique de santé : en agriculture comme dans tous les secteurs d’activité, la prise en compte du handicap rime avec adaptation et peut faire l’objet d’aménagements ou d’aides précieuses pour améliorer le quotidien.

<em class="placeholder">. France, Normandy, January 2023</em>
En cas de difficulté de santé, faire reconnaître son handicap peut permettre de bénéficier de droits et de dispositifs sociaux nécessaires pour poursuivre son activité.
© S. Leitenberger/adobestock.com

Outre le caractère historique des Jeux olympiques de Paris 2024, l’événement a également marqué les esprits avec le succès des Jeux paralympiques. De quoi soulever la question du regard que porte la société sur le handicap. D’après la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), en 2021, 6,8 millions (13 %) de personnes de 15 ans ou plus vivant à leur domicile déclarent avoir au moins une limitation sévère dans une fonction physique, sensorielle ou cognitive. Le secteur agricole n’est pas épargné par la problématique du handicap qui touche à la fois la sphère privée et professionnelle (voir infographie).

Faire reconnaître son handicap

De nombreux dispositifs d’accompagnement et d’aménagement existent mais souffrent d’un manque de notoriété. Le handicap peut même dans certains cas être tabou. « L’un des freins à la reconnaissance du handicap réside dans la peur du regard des autres, pointe Élodie Fouet, assistante sociale à la Mutualité sociale agricole (MSA) Beauce Cœur de Loire. Il y a aussi la crainte de perdre son exploitation et de ne plus pouvoir travailler. » Face à l’appréhension de se voir coller une étiquette de « travailleur handicapé », l’assistante sociale rassure : « Nous sommes soumis au secret professionnel et nul n’est censé savoir qu’une démarche telle que la Reconnaissance de qualité de travailleur handicapé (RQTH) a été réalisée. » Le déni d’un problème de santé peut au contraire détériorer une situation médicale. Tandis que la reconnaissance et l’identification des conséquences de la pathologie sur son quotidien, personnel et professionnel, sont déterminantes.

Plusieurs professionnels vont pouvoir guider et accompagner l’exploitant agricole, qui doit se faire connaître auprès des différents acteurs de la prise en charge du handicap, tels que la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) ou la MSA. « Les exploitants agricoles ne sont pas convoqués en médecine du travail comme pourraient l’être des salariés, mais ils peuvent solliciter un rendez-vous », informe Élodie Fouet. Ce passage chez le médecin du travail va permettre de dresser un premier état des lieux de la situation médicale. À ce stade, d’autres professionnels peuvent intervenir pour affiner l’expertise et envisager plusieurs options en fonction de la pathologie et de ses retentissements sur la vie personnelle et professionnelle. Différents dispositifs financiers existent pour maintenir un revenu suffisant, sans pour autant signifier l’arrêt total d’activité. Cela peut être une pension d’invalidité (capacité de travail et de gain réduite d’au moins deux tiers - 66 % - à la suite d’un accident ou d’une maladie d’origine non professionnelle). Il existe aussi l’allocation adulte handicapé accordée lorsque le taux d’incapacité est supérieur à 80 %.

Des adaptations techniques financées

Des aides techniques, plus ponctuelles, peuvent être envisagées aussi bien à titre personnel que professionnel pour adapter l’habitat ou le poste de travail. À titre personnel, ce peut être par exemple une aide pour acquérir des appareils auditifs pour un agriculteur atteint de surdité, un logiciel spécifique pour un exploitant dyslexique ou encore une boîte automatique pour le véhicule personnel en cas de problème de motricité. Sur le plan professionnel, les aides peuvent concerner soit la personne elle-même, soit son entreprise. « Pour l’entreprise, il existe des aides spécifiques liées à l’acquisition de matériel pour la compensation du handicap », explique Françoise Kervéadou, conseillère au sein de Cap Emploi, dispositif porté par l’association Phare 28 (association visant à favoriser l’accès et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap).

 

 
<em class="placeholder">Graphique - Les personnes handicapées sont présentes dans les métiers de l’agriculture et de la pêche dans des proportions proches de celles de l’ensemble des publics</em>
Les personnes handicapées sont présentes dans les métiers de l’agriculture et de la pêche dans des proportions proches de celles de l’ensemble des publics © Rapport de l’Agefiph de février 2024 « Agriculture : emploi et handicap ». Enquête emploi 2022 (chiffres Insee), traitement Dares.

En agriculture, ça peut être l’installation de caméras avec un retour vidéo dans le tracteur si l’exploitant a des difficultés pour tourner la tête, des dispositifs pour éviter de porter des charges trop lourdes au moment du semis ou de la mise en route de l’irrigation… « Si le projet est d’acquérir un nouveau matériel, la différence de coût entre l’ancien et le nouveau pourra faire l’objet d’une demande d’aide », précise Françoise Kervéadou.

Et si le montant octroyé par l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph), organisme référent pour la prise en charge, n’est pas suffisant pour couvrir les frais engendrés par ces aides techniques, d’autres institutions peuvent apporter leur concours financier. « Si l’on prend l’exemple d’un investissement dans une brouette électrique facilitant la manutention pour certains agriculteurs qui souffrent de problème de dos, la MSA peut par exemple compléter le financement pris en charge par l’Agefiph », illustre Élodie Fouet.

Les exemples d’adaptations techniques pour permettre la poursuite de l’activité agricole ne manquent pas. Des études de poste, de type ergonomiques, peuvent être entreprises et financées. Et parfois, ce sont les exploitants agricoles eux-mêmes qui vont être pourvoyeurs de solutions. « Parfois, les agriculteurs ont déjà identifié des solutions techniques pour améliorer leurs conditions de travail, confirme Béatrice Chupin, directrice de Phare 28. On va pouvoir les accompagner pour qu’elles puissent se concrétiser. Et si besoin, nous pouvons faire appel à un réseau de partenaires spécialisés pour une réponse au cas par cas afin de compenser le handicap. »

Se rapprocher de la MSA pour être accompagné

L’association peut démarrer son action dès lors qu’une demande de RQTH a été déposée et qu’un signalement, provenant d’un partenaire comme la MSA ou de la personne elle-même, lui est parvenu. Le médecin du travail va pouvoir valider les aménagements proposés, ou en conseiller d’autres. Le service prévention de la MSA joue également un rôle clé dans la prise en compte du handicap et pour éviter une aggravation de la situation.

Un focus sur les aspects organisationnels peut être effectué, avec certaines mesures relatives à l’aménagement du temps de travail, par exemple des temps de pause pour les personnes atteintes de diabète, ou encore une répartition différente des tâches.

Au regard des nombreux dispositifs et partenaires œuvrant en faveur de la poursuite de l’activité professionnelle des exploitants agricoles porteurs d’un handicap, il est conseillé de se tourner vers la MSA.

Un accompagnement possible pour l’entourage

L’entourage de la personne atteinte d’un handicap est également à prendre en compte dans l’évaluation de la situation puisque la problématique de santé a souvent des répercussions sur la sphère familiale et amicale. « Faire reconnaître son handicap, c’est aussi permettre à l’entourage de prendre la mesure des difficultés rencontrées, et ainsi de solliciter de l’aide auprès de ses proches. Cela permet de mettre des mots sur les problèmes rencontrés, et d’avoir des documents officiels pour en attester », affirme Élodie Fouet.

Le rôle des aidants familiaux

Une fois que l’étape de la prise de conscience des difficultés est actée, et que la personne accepte d’être accompagnée, un focus sur l’implication de l’entourage pourra être fait. La notion d’aidant familial, qui représentent 11 millions de personnes en France, est aujourd’hui bien reconnue par tous les acteurs du handicap et même au niveau législatif depuis 2005. Les actions sociales portées par la MSA en faveur des aidants visent à apporter un soutien sur le plan relationnel et de la santé, à les informer et les former, mais aussi à favoriser le répit.

D’un point de vue financier, depuis 2020, l’allocation journalière de proche aidant indemnise la réduction ou la cessation d’activité professionnelle pour accompagner un proche fragilisé. Un droit à considérer notamment dans le cas de pathologies dont le retentissement sur l’autonomie est fluctuant, comme certaines maladies inflammatoires.

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