En Ille-et-Vilaine : un « diagnostic chemins » pour améliorer l’accès au pâturage des vaches laitières
Aménager des chemins stables par tous les temps, c’est lever un des freins au pâturage. En Ille-et-Vilaine, Frédéric et Benoît Hersant ont gagné 10 ares de pâturage par vache en améliorant la qualité et l'organisation de leurs chemins et en procédant à des échanges parcellaires.
Aménager des chemins stables par tous les temps, c’est lever un des freins au pâturage. En Ille-et-Vilaine, Frédéric et Benoît Hersant ont gagné 10 ares de pâturage par vache en améliorant la qualité et l'organisation de leurs chemins et en procédant à des échanges parcellaires.
Quand l’accès aux prairies est compliqué, ça peut vite faire retomber l’envie de développer voire simplement de maintenir le pâturage dans son exploitation. Depuis 2017, le conseil départemental d'Ille-et-Vilaine a décidé de donner un coup de pouce aux éleveurs qui font pâturer leurs animaux en les aidant à créer et rénover leurs chemins d’accès. Fréderic Hersant, en Gaec avec son frère Benoit à Ercée-en-Lamée, en a bénéficié.
« En 2018, pour sortir du village, nous avons monté une nouvelle stabulation, expliquent les jeunes éleveurs. Ce nouvel emplacement nous confortait dans notre volonté de développer le pâturage. Au début, on utilisait les chemins communaux. Mais rapidement, on s’est posé la question d’améliorer les chemins pour faciliter la circulation de nos 150 vaches. On a commencé par aménager les premiers mètres en sortie de stabulation. Nous avons vu qu'il était possible de se faire aider pour continuer : nous avons saisi cette occasion pour nous faire accompagner. »
Les deux jeunes éleveurs font, en 2019, un « diagnostic chemins », préalable nécessaire à l’octroi d’une subvention. Ce diagnostic permet d’établir un plan des chemins à créer et de quantifier des indicateurs d’évolution du système (surface d’herbe pâturée avant et après aménagement). « Pendant un rendez-vous de deux à trois heures, un technicien spécialisé aide l’agriculteur à évaluer les investissements nécessaires, mais surtout à réfléchir à l’organisation de son pâturage », explique Pauline Woehrlé, chef de marché agriculture biologique et durable chez Eilyps.
Un temps de pâturage rallongé de 3 à 6 semaines
Frédéric et Benoit Hersant ont commencé leurs travaux à l’automne 2019, avec 500 mètres de nouveaux chemins et l’adduction d’eau. Ceux faits en autocontruction leur sont revenus à 16 €/m linéaire, le double pour ceux qui ont nécessité l’intervention d’un entrepreneur. Une deuxième tranche de 300 mètres est prévue à l’automne prochain. « Avec ces nouveaux chemins, nous pouvons sortir les vaches plus tôt et plus longtemps dans l’année, sans qu’elles arrivent trop sales à la traite, ni que nous galérions à aller les chercher », soulignent les jeunes éleveurs.
Avoir de bons chemins permet d’allonger la saison de pâturage de 3 à 6 semaines. Avec tout ce que cela représente de gain sur l’autonomie fourragère et le coût alimentaire. Il y a d’autres bénéfices. « Quand les chemins sont en bon état, il y a moins de risques de blessures sur les pieds, complète Pauline Woehrlé. Plus propres, les vaches ont aussi moins de risque d’avoir un taux butyrique élevé. On gagne du temps sur le trajet, il n’y a plus de tonne à eau à conduire. »
Un investissement productif
C’est aussi l’occasion de réaménager ses parcelles car les animaux peuvent aller plus loin. « Envoyer les vaches jusqu’à un kilomètre, c’est tout à fait faisable avec des chemins de qualité. Cela nous a permis de gagner dix hectares d’herbe accessibles », apprécient Frédéric et Benoit Hersant. En parallèle de cette réflexion sur les chemins, l’éleveur a procédé à des échanges parcellaires. Des parcelles qui étaient à 7 km ont été échangées contre d’autres à proximité du nouveau bâtiment. « Les chemins et cet échange nous ont permis d’augmenter la surface accessible et de revoir la rotation. »
L’implantation des chemins se fait en fonction de la topographie. « Il faut bien les orienter pour éviter les creux où stagne l’eau, conseille Pauline Woehrlé. Sinon, il faut prévoir des rigoles de drainage. Comptez trois mètres pour faire circuler facilement le troupeau. » Pour encore plus faciliter cette circulation et s’adapter à leur conduite en deux lots, Fréderic et Benoit Hersant ont raisonné leurs chemins en deux circuits. « Refaire des chemins, c’est comme investir dans un tracteur : on améliorer son outil de travail », conclut Frédéric Hersant.
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Des aides à la rénovation et à la création
Pour bénéficier des aides du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, les aménagements doivent être compris entre 4 000 et 15 000 €. Le taux d’aide est de 25 %, avec une bonification de 10 % pour les JA, les éleveurs en bio et ceux qui sont engagés dans une MAE. Les éleveurs s’engagent à atteindre un minimum de 15 ares accessibles par UGB. Des aides sont accordées pour la rénovation et la création des chemins, au-delà des 50 premiers mètres autour du bâtiment d’élevage : décapage, empierrement, finition avec du sable, avec un plafond à 25 €/m2. Les chemins bétonnés ne sont pas pris en charge. Concernant l’abreuvement, sont subventionnables les tuyaux, bacs et grilles pour stabiliser le sol autour de l’abreuvoir. La seule mise en place d’un réseau d’abreuvement n’est pas subventionnable. L’accès aux aides demande de réaliser avec un organisme habilité un « diagnostic chemins », subventionné à hauteur de 80 %.
D’autres départements proposent des aides, similaires ou sous d’autres modalités, pour épauler le pâturage.