Agriculture belge
Des règlements agricoles différents entre la Flandre et la Wallonie
Agriculture belge
Attribution de quotas, mise aux normes, gestion des effluents d´élevage. Les règles diffèrent entre la Wallonie et la Flandre. Un vrai casse tête pour les éleveurs.
Il y a 3 ministres de l´agriculture en Belgique : un pour la Wallonie, un pour la Flandre et un ministre fédéral. La régionalisation est loin de faire l´unanimité. « L´industrie laitière n´était pas demandeuse d´une régionalisation », précise Renaat Debergh, secrétaire général de la Confédération belge des industries laitières (CBL). « La régionalisation a triplé notre volume de travail parce que nous devons maintenant discuter avec un représentant fédéral, wallon et flamand. ».
Une histoire politique qui a tout compliqué
Cette orientation complique la gestion des exploitations. Par exemple, les Fourons (près de Liège) représentent une petite enclave Flamande de 5000 ha sur le territoire Wallon. Nous sommes certes toujours en Belgique. « Mais depuis 1963, les politiques ont décidé de passer ce secteur en région Flamande », affirme Philippe Debougnoux, producteur laitier avec son frère (Freddy) et ses parents dans cette petite région.
Philippe déplore ce choix politique parce qu´il complique la gestion de l´exploitation dont une partie des terres est en Wallonie (11 ha) et l´autre en Flandre (88 ha). Les conséquences de ce partage ne sont pas anodines.
« On ne peut pas louer de quota en Wallonie parce que le site de l´exploitation est situé en Flandre. Par ailleurs, les règles d´achats de quotas diffèrent. »
Selon Philippe, le lait issu de cessations d´activité est récupéré dans un fonds régional flamand ou wallon. Chaque année, les éleveurs peuvent acheter du quota. Mais le mode d´attribution diffère dans les 2 régions.
« Pour être jeune agriculteur en Wallonie, il faut avoir moins de 35 ans. En Flandre, il suffit d´être installé depuis moins de 5 ans », précise Philippe. « Or, en Wallonie on divise le quota disponible par deux entre les jeunes agriculteurs et les autres. Mais comme les jeunes sont moins nombreux, ils ont des attributions plus importantes. Les plus jeunes peuvent acheter jusqu´à 20 000 litres de lait (environ 400 euros/1000 litres) contre 7000 à 8000 litres pour les autres. » En Flandre, un « vieil » éleveur compte pour un producteur tandis qu´un jeune peut compter pour trois si son quota est inférieur à 250 000 litres de lait. Une situation qui déplaît fortement à Philippe puisque le siège social de son exploitation est situé en Flandre et que tous les associés sont installés depuis plus de 5 ans. La gestion des effluents d´élevage est aussi une source de complications. « La mise aux normes est obligatoire en Flandre depuis 1991. Pour la Wallonie, elle ne le sera qu´en 2006. On ne peut pas épandre notre lisier sur nos terres en Wallonie. »
Freddy et Philippe Debougnoux, éleveurs près de Liège, en Flandre : « On ne peut pas épandre de lisier sur nos terres en Wallonie. » ©F. Mechekour |
Excédents d´effluents d´élevage en Flandre
A l´échelle du pays « c´est une hérésie », s´exclame Philippe. Et d´argumenter : « La Flandre est comparable à la Bretagne. Les élevages hors-sol sont fortement concentrés dans cette région. Finalement les Flamands ont des excédents d´effluents d´élevage que certains éleveurs Wallons aimeraient épandre, mais la loi l´interdit. »
Selon Kris Dhaemer, éleveur à Bassilly en Wallonie, la régionalisation est une histoire politique qui a tout compliqué. « Tous les dossiers administratifs prennent plus de temps. Les effluents d´élevages de Flandre ne peuvent pas venir en Wallonie, alors qu´on en veut parce c´est un engrais bon marché. » La CBL (Confédération belge des industries laitières) qui regroupe et défend les intérêts de la quasi totalité des entreprises laitières du pays et l´agence de la sécurité sanitaire (l´Afsca) sont les deux seules institutions encore gérées à l´échelle du pays.