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Changement de ration
Cultiver du lupin pour être autonome

Grâce au lupin et à l´enrubannage d´herbe, l´élevage Drouin dans la Sarthe a trouvé une solution adaptée à sa recherche de plus d´autonomie.


La culture du lupin a débuté en 1997 dans l´exploitation de Benoît Drouin et de ses parents Monique et François à Rouez dans la Sarthe. « A terme, l´idée était de se passer du tourteau de soja », souligne Benoît. C´est chose faite depuis l´année dernière. Dans le même temps, la part de l´ensilage de maïs a diminué de moitié pour ne plus représenter que 25 % du fourrage et l´ensilage d´herbe a été tout simplement supprimé. Le tout au profit de l´enrubannage d´herbe. Ce choix résulte d´une prise en compte de nombreux paramètres.
Un rendement moyen de 38 quintaux par hectares
« Notre objectif est de trouver une solution capable de nous assurer un maximum d´autonomie tout en étant bien adaptée à notre exploitation. Le critère économique n´est pas le seul à prendre en compte. Il faut avoir une vision globale du projet. »
Le lupin a été préféré à la féverole ou au pois en raison notamment de sa meilleure valeur azotée. « Nous avons des terres légères adaptées à la culture du lupin. Et la récolte est assez facile à réaliser. »
Le rendement moyen est de 38 quintaux. Les variétés Arès (10 hectares) et Amiga (essai sur 1,5 hectare) sont au programme cette année.
Le lupin s´est également imposé parce qu´il est « un très bon précédent à blé ». Le système de rotation est de type : blé-avoine-maïs-lupin. La paille de lupin est broyée. « Nous avons suffisamment de paille avec les céréales. »
La culture de lupin n´a pas nécessité d´investissements supplémentaires. « Nous avions déjà tout le matériel en copropriété avec deux autres éleveurs céréaliers à l´exception de la moissonneuse-batteuse. La récolte est réalisée par ce même voisin dans le cadre d´un système d´entraide et d´une compensation financière. »
Seule une cellule de stockage d´une capacité d´environ 400 quintaux a été achetée en 1997 au prix de 686 euros (4 500 F).
Pour limiter les charges liées à la culture du lupin, Benoît utilise des semences fermières. « Le prix des semences est élevé (152 euros par hectare soit 1 000 francs par hectare). Aussi, nous faisons trier et traiter les graines produites sur l´exploitation contre l´anthracnose pour un coût d´environ 76 euros par hectare (500 francs par hectare). Cependant, afin de renouveler les variétés nous achetons une petite partie des semences qui seront à leur tour triées l´année suivante. »
L´élevage Drouin a bénéficié de la prime Pac oléoprotéagineux de 396 euros par hectare (2600 francs par hectare).
L´emploi du lupin cru et du mélange de lupin extrudé, tourteau de colza, tournesol, et de lin a permis de supprimer l´achat de 50 tonnes de soja par an. Ce soja était utilisé dans la ration des vaches (30 tonnes par an) et des génisses (20 tonnes par an).
Deux fois moins d´ensilage de maïs dans la ration
Un autre axe de travail a consisté a améliorer l´efficacité du système fourrager. « L´herbe pâturée est le fourrage qui coûte le moins cher. Nous avons 24 hectares de prairies autour de la ferme qui sont disponibles pour les vaches. Nous allons augmenter cette surface de 10 hectares. Soit au total 50 ares par vache », précise Benoît.
Les rendements en maïs (10 tonnes de MS par hectare) ne sont pas significativement supérieurs à ceux des prairies (8 à 10 tonnes par hectare). Aussi, la part de l´ensilage de maïs dans la ration a été divisée par deux pour ne plus représenter que 25 % des quantités de fourrages consommées. « Dix hectares de maïs par an, c´est suffisant. Mais nous ne pensons pas pour autant arrêter de produire du maïs. »
L´enrubannage a été préféré à l´ensilage d´herbe pour des raisons pratiques. « C´est plus facile à distribuer. Chaque matin, nous déroulons deux balles de 500 kg avec une dérouleuse. Et puis j´en avais assez des pneus et de la bâche ! » Selon Benoît, le prix de revient est quasiment identique. « Nous faisons faire plus de 200 balles de 550 kg/an par la Cuma. Nous payons 1,52 euro (10 francs) par botte préssée et 5,34 euros (35 francs) pour l´enfilmage d´une botte, soit un coût total de 6,86 euros par botte (45 francs). »
Dans son ensemble, cette nouvelle stratégie semble avoir eu peu de conséquences sur le travail d´astreinte. « Nous aplatissons le lupin et les céréales tous les trois jours à l´aide d´un système automatisé. La charge de travail la plus importante est liée au nettoyage annuel des cellules de stockages. »
chiffres clés
 3 UTH (Gaec en cours de création)
 Quota : 415 000 litres de lait
 65 Prim´Holstein à 7 000 kg, 33 de TP et 44 de TB
 105 hectares de SAU dont 65 hectares de prairie, 10 à 12 hectares de lupin, 10 hectares de maïs, 20 hectares de céréales.

Dans la ration, un mélange de lupin extrudé et cru
En hiver, les vaches consomment en salle de traite deux kilos d´un mélange à base de lupin extrudé et un kilo de lupin cru. Le surplus de lupin récolté sur l´exploitation est en effet extrudé chez Valorex. Benoît rachète en retour un mélange contenant 65 % de lupin extrudé et 35 % d´un mélange à base de tourteau de colza, de tournesol et de lin. Ce concentré azoté est acheté 0,25 euro par kilo (1,65 franc par kilo), livré en 2,5 tonnes. « Pour acheminer le lupin vers l´usine, nous pensons faire appel à une Cuma pour limiter les frais. »
Baisse de la production laitière : le TP diminue de 33 à 32 grammes par kilo
Avec la nouvelle ration, le niveau de production laitière est passé de 7 700 à 7 000 kilos. « Il faut encore attendre les résultats d´un ou deux hivers supplémentaires pour mesurer plus précisément l´impact de ce changement de ration. Les résultats du contrôle laitier de l´année dernière ne sont pas vraiment représentatifs dans la mesure où les vaches ont été perturbées par la construction du nouveau bâtiment à logettes », souligne Benoît. Le TP a perdu un point passant de 33 à 32 grammes par kilogramme. Le TB se maintient autour de 44 grammes par kilogramme. Ceci étant, il y aura suffisamment de logettes (68 places) pour accueillir des vaches supplémentaires si cela s´avère nécessaire pour réaliser le quota. Même constat pour la salle de traite équipée en 2 x 6 avec décrochage automatique.
Thierry Jeulin, ingénieur références alimentation à la Chambre d´agriculture de la Sarthe
Avis d´expert : « Plus d´autonomie pour une même efficacité économique »
« La ration proposée depuis 2001 (voir schéma) a permis aux éleveurs d´atteindre leur objectif de maximum d´autonomie alimentaire, sans altérer les performances économiques de l´élevage. Il y a dix ans, la moitié des 1 100 kg de concentrés distribués par vache était achetée. Aujourd´hui, pour une même quantité de concentrés distribuée, la part achetée ne représente plus que 10 % du total consommé (tourteaux de colza, de tournesol et de lin rajoutés lors de l´extrusion du lupin).
La diminution des besoins en maïs a permis de réduire les coûts fourragers. La perte économique liée à la baisse du niveau de production laitière est compensée par une diminution du coût alimentaire (vache + génisse). Celui-ci s´élevait à 95 euros pour 1 000 litres (0,63 francs par litre) de 1991 à 1996. Il est maintenant de 65 euros pour 1 000 litres (0,43 francs par litre) notamment grâce à l´augmentation des surfaces pâturées et des stocks en herbe. Par ailleurs, il reste des places disponibles dans le nouveau bâtiment pour loger des vaches supplémentaires si nécessaire.

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