Comment aménager de bons chemins pour les vaches
Non blessants pour les vaches, propres et stables, les chemins d'accès au pâturage doivent conserver leurs qualités le plus longtemps possible. Retour d'expériences dans la Manche.
Non blessants pour les vaches, propres et stables, les chemins d'accès au pâturage doivent conserver leurs qualités le plus longtemps possible. Retour d'expériences dans la Manche.
En Normandie, la chambre d'agriculture a consacré plusieurs temps forts aux chemins d'accès aux prairies lors des dernières journées Innov'action de juin et juillet dernier. Quand on veut pâturer un maximum, les chemins sont un élément clé de réussite. On y gagne des animaux plus propres avec moins de problèmes de boiteries. On gagne ainsi en temps de traite, mais aussi en conditions de travail et en temps de trajet.
Le Gaec de la vallée verte (Manche) a une surface accessible à ses 110 vaches non limitante de 50 ha (70 ha en cas de sécheresse). "Les vaches peuvent parfois faire plus d'un kilomètre pour aller au pâturage. Depuis plusieurs années, nous avons refait des chemins pour les vaches pour pâturer mieux et plus loin", présente Benoît Delaunay, un des deux associés du Gaec. "Il n'est pas nécessaire d'empierrer tous les chemins. Pour ceux utilisés quotidiennement par les vaches, oui. Mais pour ceux qui sont utilisés occasionnellement, un chemin de terre convient très bien. Ce n'est pas la peine de faire des investissements trop importants. Il faudra surtout veiller à l'entretien des chemins de terre."
Entretenir la pente latérale des chemins de terre
Un bon chemin est "peu abrasif pour les pattes et bien drainé", rappelle l'éleveur. L'eau doit s'évacuer pour éviter de faire de la boue et des nids de poule. Il faut éviter le ruissellement dans le sens de la longueur du chemin qui entraîne la couche de sable superficielle. Quand la couche de sable part, les graviers sont dénudés et les pattes des vaches peuvent être blessées. Il faut donc que l'eau s'évacue dans le sens de la largeur du chemin. "On va donc "dégager les bords ou fossés, pour qu'ils restent sous le niveau du chemin. Quand c'est possible, je réalise mes chemins avec une légère pente sur le côté, plus facile à entretenir qu'un profil bombé. Plus le revêtement est terreux ou sableux et donc érosif, plus l'évacuation de l'eau est primordiale."
Le chemin sur la photo 1 a été aménagé il y a plus de quinze ans. "Il y a eu un décapage de la terre végétale, un encaissement avec des pierres grossières sur 20-30 cm de profondeur, et un recouvrement avec du tuf (roche poreuse friable) tendre sur 10-15 cm d'épaisseur. Il faut au moins 10-15 cm de tuf sinon ça ne tient pas, pour que la couche prenne en masse. Ce chemin est à refaire. Je ferai une pente sur le côté, vers la droite, en remontant du tuf sur la gauche. Et il faudra déberner (enlever l'herbe et la terre accumulées sur le côté du chemin) pour que l'eau s'évacue bien. Je voudrais bricoler une lame de niveleuse pour entretenir moi-même la pente de mes chemins. Ce matériel me permettrait de raboter un côté et de repousser la terre sur l'autre côté avec bien plus de précision qu'avec un godet."
Des chemins spécifiques pour les animaux
Le chemin sur la photo 2 est parallèle à la route, pour éviter de faire passer le troupeau par la route. "C'est mieux pour nous, les animaux et les automobilistes. Ce chemin a été fait avec 10-15 cm de tuf dur de 0-31,5. C'est une erreur. J'aurais dû prendre un tuf de 0-41. Même s'il est plus gros, il est plus adapté car moins dur, plus terreux et donc moins agressif pour les pattes. Et il est moins cher. Je conseille d'aller voir les produits dans la carrière pour bien choisir son produit. Le top ce sont les calcaires. En quelques endroits, ce chemin est dégradé, les bords sont remontés. L'entretien consistera à déberner pour rebomber le centre du chemin. Chaque printemps, je le saupoudre de sable bleu."
Le Gaec des méandres (Manche) fait pâturer ses 65 vaches dix mois par an. La parcelle la plus éloignée est à 800 mètres. Sur le chemin de la photo 3, passent le camion de collecte, le tracteur et les vaches. "Dans l'idéal, il faudrait des chemins séparés. Sur ce chemin, entre la pluie et le passage des véhicules, les cailloux sont de plus en plus dénudés et blessent les pattes des vaches. Ici, c'est du tuf de schiste ; il ne tient pas bien. Ce chemin doit être refait avec une pente sur la gauche, en remontant la terre sur la droite."
Quatre types de revêtement en test
La ferme expérimentale de la Blanche maison (Manche) a mis en place en mars 2017 quatre type de revêtements, de 15 mètres chacun, pour des chemins d'accès au pâturage des vaches. L'objectif de l'essai est de voir le comportement des vaches, de suivre l'évolution du revêtement au cours des années et de mesurer le coût total des différents revêtements.
Pour faire les chemins, "le sol a été décapé sur 23 à 35 cm de profondeur suivant le choix du revêtement. Un geotextile a été placé au fond. Des matériaux de carrière de 0-120 ont rempli les 20 premiers centimètres de profondeur. Puis on finit par le revêtement", détaille Sylvain Kientz, de la chambre d'agriculture de Normandie.
1 - Les caillebotis (10 cm d'épaisseur). "De vieux caillebotis étaient à disposition, donc nous avons saisi l'opportunité de les tester. Nous avons comblé les trous avec du sable pour limiter le caractère abrasif des caillebotis. Nous espérons que la végétation poussera par la suite. Sur la ferme expérimentale de Trévarez, ce revêtement donne satisfaction car la végétation ayant poussé dans les trous rend le revêtement moins glissant."
2 - Le calcaire (15 cm de profondeur). "Dans la région, nous avons plutôt du schiste. Notre carrier nous a proposé ce produit qui vient d'une carrière près de Caen."
3 - Les galettes minérales (7 cm de profondeur). "C'est un sous-produit que la carrière nous a proposé. Bien compacté, il devrait tenir dans le temps."
4 - Le sable (3 cm de profondeur). "Pierre puis sable, c'est un classique. C'est ainsi que sont réalisés les chemins de la ferme de la Blanche maison. Il faudra remettre régulièrement du sable. L'essai nous dira à quelle fréquence."
La bonne largeur
Pour des chemins destinés uniquement aux animaux, une largeur de 3 à 5 mètres dans la partie initiale permet d'éviter les bousculades. Dans les chemins secondaires, après une certaine distance, une largeur minimum de 1 à 2 mètres suffit si le troupeau compte une quarantaine de vaches, mais 3 mètres sont nécessaires pour les troupeaux de plus de 100 vaches. Pour un chemin principal, le minimum est de 3 mètres avec 40 vaches et de 5 mètres avec 100 vaches et plus.
Source : chambres d'agriculture de Normandie et de BretagneChasser l'eau
Le principal ennemi d'un chemin, c'est l'eau qui stagne et dégrade la structure du chemin, et l'eau qui ruisselle et érode la couche superficielle. Il faut donc favoriser l'évacuation de l'eau tout en évitant le ruissellement dans le sens de la longueur du chemin.