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Choisir son système de raclage

Racleurs automatiques, robots, hydrocurage... Il existe diverses façons de nettoyer les sols, suivant le type d'effluent et de bâtiment. 

Le raclage au tracteur est économique mais contraignant. " Le nettoyage est efficace car les rabots sont très souvent équipés d'une pièce d'usure ", pointent les conseillers bâtiments contactés. Mais la contrainte est que ce système demande de la main-d'œuvre : déplacer les animaux s'ils ne sont pas dehors, passer le tracteur-racleur. Du coup, la fréquence de raclage - deux fois par jour - est clairement insuffisante en système lisier ou fumier mou. Le système reste donc adapté à des systèmes fumier où les animaux sortent du bâtiment. Il devient trop contraignant avec l'agrandissement et la conduite en lots. 

L'automatisation du raclage avec entraînement est la plus courante. Le stationnement du racleur doit se faire à l'extérieur des couloirs d'exercice, pour que les animaux ne marchent pas dans cette zone humide et sale où ils peuvent se blesser. Il existe de nombreuses solutions, avec des formes de racleurs différentes - droit, en U, en V, en W -, avec des entraînements différents - hydraulique, électrique. Ils peuvent être à corde, à câble ou à chaîne.

1 Adapter la forme du rabot au type de déjection et au type de sol

Le choix se fera en fonction du type de déjection (tableau 1), de la fréquence de raclage voulue, et du type de bâtiment et de sol. Dans tous les cas, il est préconisé de choisir dès le départ un racleur équipé d'une pièce de lien en caoutchouc ou avec brosse pour améliorer la qualité du nettoyage tout en limitant l'usure des sols. Sur les sols avec des pentes transversales, on peut utiliser un racleur spécifique, en W, qui permet de racler sans encombrer la partie centrale du couloir par les déjections. C'est un système de raclage plus coûteux qu’un racleur à corde classique. Avec des pentes transversales, on peut utiliser un racleur droit, mais il faudra l'adapter pour qu'il épouse un minimum les pentes.

2 Adapter le type d'entraînement à la fréquence voulue

Le racleur hydraulique (tableau 2), adapté au raclage des fumiers compacts, demande de la vigilance car il n'y a pas de sécurité arrêtant le racleur si une vache tombée se fait pousser par le racleur. C'est aussi un matériel demandant une puissance électrique importante et consommant plus d'électricité que les racleurs électriques. Pour toutes ces raisons, le racleur hydraulique tourne rarement plus de deux fois par jour. 

3 Opter pour la corde, le câble ou la chaîne

La corde est adaptée aux systèmes lisier. Ses avantages sont nombreux : les matériaux utilisés sont très solides, le racleur est peu coûteux en investissement et entretien, il fait peu de bruit.

Le câble présente des inconvénients, pointent les constructeurs et concessionnaires contactés. Notamment, l'usure le rend dangereux pour les animaux, avec des risques de blessures aux pattes.

Le racleur à chaîne peut prendre des angles jusqu’à 90°. Il existe deux types de chaîne : marine ou carrée, la première plus adaptée au fumier mou et la seconde au fumier plus compact. 

4 L'hydrocurage, à redécouvrir ?

Les avantages sont la propreté et l'usure limitée des sols. " La clé d'un système d'hydrocurage réussi, c'est le dimensionnement de la réserve d'eau et des bassins de récupération, et la qualité de la séparation des phases solide et liquide. Les deux systèmes de séparation de phase - passive par décantation ou mécanique - donnent de bons résultats de nettoyage si le dimensionnement des ouvrages est bon, Quand c'est bien fait, les résultats sont très intéressants ", insiste François Gervais, de l'Institut de l'élevage. La contrainte est de faire un sol avec une pente d'au moins 1,5 %, voire 2 % idéalement. Et des seuils de logettes d'au moins 18 cm de haut pour éviter de souiller le couchage. En fumier, on trouve des marches de 25 voire 30 cm sans que cela pose de problème aux vaches. Enfin, il faut de la place à un bout du bâtiment dans le cas d'une séparation de phase par décantation.

Les inconvénients sont l'humidité permanente des sols, la glissance potentielle et l'humidité dans le bâtiment en période froide. Ceci dit, trois éleveurs contactés nous disent qu'ils trouvent que leur sol sèche rapidement après le passage de la vague d'eau. L'ambiance générale du bâtiment et la qualité de la ventilation y sont sans doute pour beaucoup. Les trois éleveurs sont globalement satisfaits ; ils ont de bons résultats sanitaires, malgré quelques aléas. " Pour éviter que cela ne patine l'hiver, je ne déclenche pas la vague quand il gèle ", nous a confié un éleveur en Normandie. 

" L'hydrocurage est davantage adapté au système lisier à fumier mou. Il est plus coûteux à l'investissement, mais potentiellement plus durable s'il est bien dimensionné ", insiste François Gervais.

(1) Pour en savoir plus: brochure de l'Institut de l'élevage " Nettoyage par hydrocurage des aires d'exercice en bâtiments vaches laitières ".

 

Mise en garde : Attention aux excès de vitesse !

Pour les racleurs mécaniques, il faut que la vitesse ne soit pas trop rapide, inférieure à 4 m/min, pour plus d'efficacité de nettoyage, limiter l'usure du sol, éviter le stress des vaches, les souillures aux pieds et les blessures des animaux. "29 % des racleurs sur sols pleins ont une vitesse supérieure à 4 m/min, et souvent cette vitesse n'est pas réglable ", a constaté l'Institut de l'élevage lors des enquêtes menées dans le projet Sol VL.

Pour les robots, " la vitesse est plus élevée (de l'ordre de 10 m/min), mais cela pose moins de problème car la plus faible largeur de raclage permet à l'animal de l'éviter facilement ".

Les robots racleurs et aspirateurs qui passent partout

" L'intérêt d'un robot est qu'il peut passer partout dans le bâtiment, à condition qu'il n'y ait pas de marche. Il prend les angles et les passages de logettes sont nettoyés automatiquement, contrairement aux systèmes de raclage classique ", pointe François Gervais, de l'Institut de l'élevage. 

Dans un bâtiment existant où les couloirs sont en béton plein sans canal central, le robot permet d'éviter d'aménager le sol pour y installer une chaîne ou une corde. Ce qui évite aussi les inconvénients liés à la rigole centrale des racleurs classiques (zone humide et sale).

L'éleveur peut programmer des fréquences de raclage ou d'aspiration plus ou moins élevées selon le niveau de fréquentation des différentes zones à nettoyer. L'effort du robot sera donc concentré sur les zones qui se salissent le plus.

Le robot aspirateur présente l'avantage de ne pas créer de vague de lisier à l'avant du racleur, vu qu'il aspire le lisier. Ainsi, les pattes des vaches ne sont pas souillées. Le robot aspirateur Lely est équipé pour pouvoir pulvériser un jet d’eau qui permet de limiter le phénomène de beurrage. " Le concept d'aspirateur est une rupture technologique. Si cette technique fait ses preuves sur le terrain, elle devrait révolutionner le nettoyage des aires d'exercice ! ", s'enthousiasme Hervé Josselin, conseiller bâtiment BCEL Ouest.

" L'hydrocurage est plus adapté au lisier"

Chez Dominique Denort, en Loire-Atlantique, l'hydrocurage, avec 18 m3 de réservoir pour la chasse d'eau, a été réalisé en 2005 pour nettoyer le couloir devant la table d'alimentation et une rangée de logette, et celui entre les logettes cul à cul (couloirs de 50 mètres de long, 70 places de logettes). " Nous avons choisi l'hydrocurage pour la qualité de nettoyage. Nous avons opté pour la séparation de phase passive, avec trois bassins de décantation et de stockage pour bien séparer le fumier des effluents peu chargés (250 m2 + 200 m2 + 1 100 m3 de bassins et fosse géomembrane, et 600 m2 de fumière non couverte). "  Dominique Denort est satisfait de son système, avec des vaches aux pieds propres et de très bons résultats en qualité du lait (zéro pénalité depuis six ans). " Quand il pleut peu, la phase liquide est plus chargée, mais le résultat est quand même propre, surtout depuis que nous avons rainuré le béton. "  Chez lui, " le gros inconvénient est que dans le couloir où les logettes sont cul à cul, il faut nettoyer dix minutes tous les matins au pied des logettes pour que la vague puisse bien nettoyer ".

Si c'était à refaire, le Gaec ne ferait que des logettes cul à cul pour, d'un côté, gérer un fumier compact avec des racleurs hydrauliques, et de l'autre nettoyer par hydrocurage le couloir d'exercice devant la table d'alimentation. " Nous ferions une pente de 2 %, au lieu de 1,5 % aujourd'hui, pour un meilleur nettoyage et un séchage plus rapide du sol. Nous ferions aussi une marche de logette moins haute : 20 cm au lieu de 25 cm, pour le confort des vaches. Nous l'avions fait haute par crainte de mouiller les logettes. Mais en voyant d'autres élevages par la suite, nous avons constaté que cela fonctionne très bien à 20 cm. "

C. P.

" Sur béton rainuré et scarifié, les brosses sont indispensables "

Au Gaec des mimosas, dans le Maine-et-Loire, plusieurs éléments ont fait qu'en 2016, les trois associés ont demandé à Vermot rainurage de poser des brosses sur leurs racleurs pour améliorer la qualité de raclage. " La pente du bâtiment fait 0,7 % ; l'idéal aurait été 1 à 1,5 % pour une meilleure évacuation, remarquent les éleveurs. Il y a trois ans, nous avons agrandi la stabulation des vaches laitières sur l'ex-fumière et nous avons scarifié son sol en béton pour le rendre antidérapant. Dans la stabulation d'origine, le béton est rainuré. À l'époque, il n'y avait aucune pièce d'usure sur nos racleurs. Après le raclage, il restait des flaques au niveau du raccordement de l'ex-fumière et du reste de la stabulation, mais aussi des morceaux de bouse dans les couloirs. Nous avons donc pensé à une brosse qui racle en profondeur entre les rainures. " Le Gaec gère un fumier très mou (10 % de matière sèche) sur des couloirs d'exercice de 112 mètres de long. Il a changé ses racleurs au moment de l'allongement du bâtiment. " Ce sont des racleurs électriques en U à chaîne carrée, mieux adaptés à notre fumier très mou et nos longs couloirs que le racleur hydraulique que nous avions avant. "

Les éleveurs ont été les testeurs de Vermot pour trouver les poils les plus adaptés. " Nos deux racleurs sont équipés depuis deux ans avec des brosses à poils ni trop mous (ils s'écrasent), ni trop durs (ils nettoient moins bien), à l'avant du racleur, sur la partie droite et sur les volets. Le nettoyage est quasi parfait : il n'y a plus de flaques et de reste de bouse après le raclage. Et il y a beaucoup moins de beurre ; seulement une couche fine en été au bout du bâtiment. " 

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