Aller au contenu principal

Achat d’un équipement agricole : vaut-il mieux l’autofinancer ou emprunter ?

Pour financer un nouveau matériel, la meilleure stratégie de financement pour une exploitation agricole qui a dégagé un bon résultat n’est pas forcément de payer rubis sur l’ongle.

<em class="placeholder">tracteur miniature dans un caddy miniature rempli de pièces</em>
L’effet de levier d’un financement par emprunt est à relativiser en cas d’aléas économiques.
© Max Zolotukhin - stock.adobe.com

J’achète un bien de 30 000 euros. J’ai dégagé un bon résultat cette année et j'ai la capacité d’autofinancer mon achat. Mais est-ce vraiment la meilleure opération ? Valérie Delacre, du Cerfrance Bourgogne-Franche-Comté, présente le raisonnement pour choisir son mode de financement et le calcul à faire avant de prendre sa décision.

Deux options s’offrent à moi :

J’autofinance

C’est un effort à faire de 30 000 € ponctuellement, mais ensuite il n’y a plus rien à rembourser. Si les années suivantes la rentabilité baisse fortement, cet investissement n’aura pas d’impact sur les résultats et la trésorerie.

Ou je contracte un prêt à 4,5 % d’intérêts sur 4 ans, avec deux conséquences : 

1 - L’effet levier procuré par le financement bancaire

Il y aura 1 350 € d’intérêts d’emprunt la première année qui passeront en charges. Cette charge sera déduite du résultat fiscal et social. En considérant une tranche d’imposition de 30 % et un taux de cotisation sociale à 35 %, cela fera économiser 877 € d’impôt et MSA la première année. Sur toute la durée de l’emprunt, le coût total des intérêts est de 3 449 € (il comprend les frais de dossier et l'assurance du prêt). La réduction d’impôt et de MSA atteindra ainsi 2 241 € sur la durée de l’emprunt. Le taux d’économie de MSA tient compte du fait que la MSA se déduit d’elle-même. Si la cotisation MSA peut rapporter des points de retraite complémentaire, il faut vivre plus de 80 ans pour « rentabiliser » la cotisation MSA payée en plus. En outre, il y a des plafonnements dans les points de retraite.

Si l’exploitation peut garder et placer les 30 000 € à 3 %, soit 900 € bruts par an et 630 € net de PFU (prélèvement forfaitaire unique), le gain net est de -3 449 € + 2 241 € (gain impôt et MSA) + 630 €x4 = 1 312 €. Moins 300 euros de frais de garde pour un placement autre que le livret A.  

2 - Le remboursement de l’annuité de 8 362 € par an durant 4 ans

Cette annuité consomme de la capacité de financement et peut donc limiter la possibilité de réaliser d’autres investissements. Par ailleurs, comme les exploitations agricoles évoluent dans un monde instable, je peux avoir à faire face à trois types de situation :

2.1 - Durant 4 ans, mes résultats et ma trésorerie me permettent de rembourser mes emprunts sans toucher à mes placements. Je bénéficie donc à 100 % de l’effet levier du financement bancaire.

2.2 - Ma trésorerie se dégrade et je dois me servir d’une partie ou de la totalité des 30 000 € placés pour faire face à l’annuité. Je perds alors une partie ou la totalité des intérêts du placement.

2.3 - J’ai déjà consommé les 30 000 € pour faire face à des imprévus ou des aléas économiques, et je dois avoir recours à un emprunt court terme pour faire face à l’annuité. En prenant l’hypothèse d’un financement court terme à 5 %, alors cela me coûtera 0,05x8 362 € = 418 € par an. Et je n’ai pas bénéficié de l’effet levier du financement bancaire, seulement des réductions d’impôts et MSA.

En définitive, financer par emprunt vaut d’autant plus le coup que l’exploitant n’a pas besoin du prêt pour financer son investissement. Ainsi, il bénéficie à plein de l’effet levier procuré par le financement bancaire.

Les plus lus

<em class="placeholder">Nicolas Legentil, éleveur normand et co-président de l’AOP FMB Grand Ouest et Normandie</em>
« J’ai deux acheteurs, Lactalis et Savencia, deux tanks mais seul le camion Eurial me collecte dans le Calvados »

Bloqué dans son développement par un contrat avec Lactalis pénalisant tout dépassement, Nicolas Legentil, éleveur laitier dans…

<em class="placeholder">Bertrand et Hervé Lecaplain,entourés de Romain Gaslard et Benjamin Gramont : « Nous avons voulu que la transmission se fasse dans un esprit gagnant-gagnant, aussi bien ...</em>
« Notre envie de transmettre notre élevage laitier à des jeunes nous mène depuis dix ans »

Au Gaec de la Rihouerie, dans la Manche, la transmission de l’exploitation à des tiers a été savamment anticipée. Un projet de…

<em class="placeholder">Alice Nothhelfer, vétérinaire consultante</em>
Abreuvement : « Le manque d’eau freine la production dans neuf élevages sur dix »
L’incidence d’un apport d’eau insuffisant sur les performances et la santé des vaches reste souvent peu palpable en élevage.…
<em class="placeholder">vaches laitières aux cornadis</em>
Le vinaigre de cidre, un allié pour la santé des vaches

Produit naturel et peu coûteux, le vinaigre de cidre est utilisé traditionnellement sur le terrain par des éleveurs pour…

<em class="placeholder">Jean Mollon, éleveur, et Anthony Plantard, salarié </em>
Attractivité : quand les laiteries aident les éleveurs à partir en vacances

Les laiteries basques Etxaldia et Onetik ont constitué des groupements d’employeurs et aident financièrement une soixantaine…

<em class="placeholder">éleveurs laitiers dans une stabulation </em>
« La création d’un GFA a permis de limiter le coût de l’installation d’un hors-cadre familial »

Le Gaec de Taute dans la Manche s’est fait accompagner en termes financier et juridique pour transmettre l'exploitation et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière