« Laissons-nous travailler avec notre bon sens paysan »
Romain Harmand, exploitant de grandes cultures et éleveur ovin à Saint-Usage, dans l'Aube, se passionne pour son métier. Cependant, il regrette le manque de cohérence de la réglementation pour encourager la productivité plutôt que l’improductivité.
Sur son exploitation, dans le sud-est de l’Aube, Romain Harmand considère son système comme vertueux. L’élevage de 430 brebis allaitantes lui apporte une source de rentabilité financière, grâce à la valorisation en Agneau de l’Aube, mais aussi agronomique. Les 176 hectares de grandes cultures, essentiellement sur un sol argilo-calcaire superficiel du Barrois, apportent une complémentarité avec les ovins.
« Les animaux pâturent à moindre coût les couverts et les cultures d’automne, explique-t-il. Grâce à l’élevage, je produis des cultures qui me permettent d’avoir une meilleure autonomie protéique, de limiter mes apports d’azote et de réduire mes charges de désherbage. »
Sur le papier, tout à l’air simple et facile et pourtant… Il dénonce une réglementation qu’il estime faite pour décourager les agriculteurs. « On ne nous laisse pas produire avec notre bon sens paysan. »
Encourager des systèmes productifs
Depuis vingt ans qu’il est installé, Romain Harmand constate une évolution réglementaire qu’il juge insensée. Il dénonce une incitation de l’État à la non-production. « On nous verse des primes sans obligations de résultat comme c’est le cas à présent pour percevoir la prime légumineuse fourragère. Ne vaudrait-il mieux pas vivre grâce aux ventes de nos productions qui inciteraient un système productif et rémunérateur ? »
Autre exemple : il regrette qu’il n’y ait pas plus d’encouragement à implanter des couverts multi-espèces. « Quel intérêt de semer uniquement une moutarde qui n’apporte pas d’azote dans le système, souligne-t-il. C’est improductif ! »
Romain Harmand déplore le manque d’exploitation des résultats des bilans carbone réalisés sur les fermes. « Aujourd’hui, on nous demande de réduire nos émissions de gaz à effet de serre sans l’indexer à la production par hectare, prévient-il. La France importe des denrées alimentaires produites avec des normes moins drastiques. Le constat est sans appel. Arrêtons cela ! »