Bioéthanol
Une usine, une drêche
Le process de fabrication modifie la qualité des coproduits que les Fab ont besoin de cerner avec précision
« Il n’y a pas une drêche européenne, mais autant de qualités que d’usines de bioéthanol », résume Fabien Skiba d’Arvalis-Institut du végétal. Le procédé de fabrication de l’agrocarburant influe en effet sur la qualité du coproduit, résidu de la fermentation de l’amidon. Le risque lié à la variabilité qualitative limite dans certains cas leur incorporation.
L’essentiel est de caractériser la drêche
Le séchage influe beaucoup sur la qualité de la drêche. La température peut en effet affecter la digestibilité des protéines. « Un paramètre à surveiller », invite Mireille Huard, responsable du département formulation du groupe CCPA, dans la mesure où il pose régulièrement problème à l’échelle européenne. Et ce en dehors des couacs des calages industriels. La régulation de la fermentation, par un ajustement du pH, a aussi un rôle majeur. Elle « va modifier la fraction minérale ». La matière première joue bien entendu également sur la qualité nutritive de la drêche. Les drêches de blé présentent une teneur en protéines de 30-35 %, pour 3-4 % de matières grasses et 6 % de cellulose. Les drêches de maïs sont un peu plus riches en matières grasses, à 11 % pour 26 % de protéines et 8 % de cellulose. Si les utilisations de ces deux drêches sont comparables, le profil énergétique de celles de maïs permet une utilisation plus poussée en aliments volailles. Les drêches obtenues après séparation des sons s’avèrent plus riches en amidon. Le coproduit issu du procédé de type amidonnier (cf. encadré ci-dessous) affiche un taux protéique légèrement inférieur. Si l’expérience atteste d’une forte variabilité d’une usine à l’autre, « les réglages étant optimaux pour la production de bioéthanol, la composition est régulière pour un site donné », affirme Mireille Huard. L’important est donc de connaître la composition exacte du coproduit. Ensuite, aux formulateurs de jouer ! La problématique est la même pour les mycotoxines « concentrées dans les drêches », qui engendrent une variabilité annuelle. « Nous cherchons à mettre au point une méthode rapide de caractérisation de ces coproduits », explique Fabien Skiba. « Pour la partie chimique, nous développons des équations de prédiction. » Autre piste : la voie colorimétrique, exploitant la corrélation de la qualité au « séchage et aux réactions de Maillard ». Enfin, les chercheurs explorent les opportunités du proche infrarouge.
« Dès que l’on a connaissance d’une variabilité, nous jouons la prudence en matière de formulation en limitant le taux d’incorporation », assure Mireille Huard. Pour les volailles, la teneur en lysine, comme en sodium – « essentiel pour les volailles, d’autant qu’il influe sur leur consommation » – nécessite par exemple un dosage très fin, détaille Fabien Skiba. Des essais ont montré que l’on pouvait incorporer jusqu’à 15 % de drêches dans les aliments à condition de très bien connaître le coproduit utilisé. Elles sont prisées pour les pondeuses et les « volailles label » car « les cahiers des charges imposent des contraintes d’incorporation minimales de céréales et coproduits de céréales », explique Mireille Huard. Pour les ruminants, moins exigeants, le taux monte à 20 %. Les drêches sont moins utilisées pour les poulets « standard » et les porcs. Leur utilisation ne pose pas de problème technique aux Fab, si ce n’est pour celles de maïs : leur richesse en matières grasses peut gêner la granulation.