Guerre Russie Ukraine
Guerre en Ukraine : la récolte céréalière et oléagineuse nationale pourrait être moitié moindre que la normale
Thierry Blandinières, directeur général d'InVivo, était l'intervenant, mardi 22 mars, de L'invité Eco sur France Info. Extraits.
Thierry Blandinières, directeur général d'InVivo, était l'intervenant, mardi 22 mars, de L'invité Eco sur France Info. Extraits.
Dans un entretien donné à France Info dans le cadre de l’émission L’Invité Eco, ce mardi 22 mars 2022, Thierry Blandinières, directeur général d’InVivo, a rappelé que 350 salariés du groupe travaillaient encore en Ukraine et que la cellule de crise mise en place échangeait tous les jours avec eux pour faire le point et soutenir leur moral.
Il a ensuite précisé qu’il était encore possible de travailler en Ukraine, dans la partie ouest du pays. « Les agriculteurs du pays ont envie de semer et nous avons donc réouvert nos entrepôts pour les livrer. C’est très important pour eux pour pouvoir nourrir la population du pays. Oui, il est encore possible de semer même si l’on ne connaît pas l’avenir », a-t-il déclaré au micro de Jean Leymarie.
Le patron d’InVivo a par ailleurs confirmé que les voies de transport via le port d’Odessa étaient complètement bloquées. « Mais on peut sortir du maïs via la Roumanie, même si c’est très compliqué, et à nos risques et périls, puisqu’aucune assurance ne nous couvre ».
L'UE doit pouvoir produire plus et mieux
Selon Thierry Blandinières, il sera aussi très difficile aux agriculteurs ukrainiens d’assurer une collecte normale en juillet et il pourrait manquer à ce moment-là « au moins 50 % de la collecte habituelle, soit 20 Mt ».
Ce qui risque de faire augmenter encore l’inflation sur les produits issus des matières premières céréalières et oléagineuses. « L’inflation pourra encore augmenter à la rentrée si les marchés actent que l’Ukraine n’est pas un acteur présent à l’international et si la Russie garde ses stocks. » Ce sera difficile aussi pour des pays largement dépendants de leurs importations de blé, comme le Maghreb. « Il faut se souvenir que les printemps arabes en 2014 ont débuté avec une augmentation du prix du pain. Et il est possible d’avoir une tonne de blé à plus de 400 € ».
Toujours pour Thierry Blandinières, « l’Europe est plus que la solution pour pallier l’absence de la production ukrainienne. Il faut libérer les énergies des agriculteurs de l’UE et que cette dernière s’organise pour produire plus et mieux ». L’UE pourrait produire entre 5 et 10 % de plus a-t-il rappelé, en mettant notamment en culture une partie de ses jachères. « Il faut trouver un compromis pour arbitrer entre environnement et productivité pour les deux ans à venir car la question à régler à court terme c’est l’inflation. Mais ça ne veut pas dire revenir en arrière. Il est possible de produire plus, mieux et durable ».