COT’Hebdo Oléoprotéagineux et coproduits
Une récolte difficile et peu abondante en tournesol
L’évolution hebdomadaire des prix des oléagineux (colza, tournesol, soja), des protéagineux (pois, féverole), des coproduits de l’alimentation animale (tourteaux, issues de meunerie, coproduits de l’amidonnerie, coproduits laitiers, farine de poisson, produits déshydratés, pailles et fourrages) et des légumes secs sur le marché physique français entre le 28 août et le 4 septembre 2024, expliquée par La Dépêche Le petit meunier.
L’évolution hebdomadaire des prix des oléagineux (colza, tournesol, soja), des protéagineux (pois, féverole), des coproduits de l’alimentation animale (tourteaux, issues de meunerie, coproduits de l’amidonnerie, coproduits laitiers, farine de poisson, produits déshydratés, pailles et fourrages) et des légumes secs sur le marché physique français entre le 28 août et le 4 septembre 2024, expliquée par La Dépêche Le petit meunier.
Les prix du soja sur le CBOT et du colza sur Euronext ont connu des variations importantes ces sept derniers jours. D’une semaine sur l’autre, ils finissent en baisse pour les cotations sur le marché physique du colza français et les contrats à terme du soja états-unien, mais en légère progression sur le marché européen du colza. On notera aussi une semaine agitée sur le canola coté à Winnipeg. La tension est également palpable sur les marchés de l’huile de palme en Malaisie, certains opérateurs se demandant si les autorités de ce pays grand exportateur ne devraient pas prendre, à plus ou moins court terme, des mesures de contrôle (certains parlent de rationnement) de la demande : les stocks malaisiens apparaissent comme bas à l’heure actuelle, alors que l’on se dirige vers une période de basse production (premier trimestre 2025).
Mais c’est le tournesol qui inquiète les marchés, tant au niveau mondial qu’hexagonal. La récolte globale devrait être plutôt faible (l’Ukraine a encore revu à la baisse sa prévision de production), selon l’USDA. En France, les récoltes sont décevantes dans la plupart des régions, excepté dans le Sud-Ouest, où il reste environ un tiers des parcelles à couper. Les pluies ont provoqué beaucoup de dégâts, et des soucis de grains germés, d’excès d’humidité, de verse… sont rapportés. Les rendements sont souvent faibles, voire catastrophiques selon certaines remontées de terrain, et des parcelles ne seront pas récoltées.
La prévision de production d’Agreste, supérieure à 1,7 Mt en 2024, semble trop optimiste. La plupart des opérateurs contactés rechignent à donner des chiffres précis, tant les coupes ont du retard. Il resterait environ 35 % de la sole à récolter à l’échelle nationale. Mais ils tablent davantage sur un volume autour des 1,5 Mt, voire moins.
Thierry Michel
Protéagineux
Renchérissement
Les prix du pois fourrager sur le marché physique français sont remontés entre le 9 et le 16 octobre, compte tenu d’un petit courant de demande rapporté. Le marché est toujours aussi peu liquide, conséquence de la faiblesse de la moisson française. Un intérêt minime suffit donc à faire bouger les cours.
La demande chinoise de pois secs est élevée et la production nationale insuffisante, indique le Service agricole extérieur, basé en Chine, du département états-unien à l’Agriculture (FAS China-USDA). La Chine est donc tributaire des importations pour ses besoins en pois. Premier importateur mondial de pois, le pays en a importé 2,6 Mt en 2023 (+64 % sur un an). Le Canada, premier fournisseur de pois de la Chine, a exporté 1,6 Mt de pois l’année dernière, puis vient la Russie (qui a obtenu l’accès au marché chinois à la fin de 2022) avec 908 268 t, l’Australie et les États-Unis avec respectivement 84 247 t et 74 820 t. Cette année, cependant, les importations de pois de la Chine ralentissent : de janvier à juin 2024, le pays a acheté 657 000 t de pois (-22 % en glissement annuel). Des sources industrielles ont expliqué les raisons de ce déclin par des stocks excessifs (menés par une augmentation massive des importations en 2023), les fluctuations des taux de change, l’augmentation des coûts de transport maritime et les incertitudes en matière de politique commerciale.
Tourteaux
Nouvelle hausse des prix
Les cotations du tourteau de soja sur le marché physique français ont une nouvelle fois régressé entre le 9 et le 16 octobre, suivant la baisse sur le CBOT. L’inquiétude s’amenuise sur l’offre depuis le report de la réglementation européenne sur le soja non déforestant. Des transactions se finalisent, et ce sur 2025. La baisse des prix est également constatée en colza. En revanche, les valeurs en tournesol sont en légère hausse, conséquence des inquiétudes quant à la production hexagonale.
La prime en tourteau de soja non OGM a progressé, d’une semaine sur l’autre, pour atteindre + 188 €/t sur les échéances jusqu’à décembre, et + 195 €/t sur les échéances à partir de janvier.
Issues de meunerie
Reformulation des FAB
Les prix des coproduits minotiers en région Île-de-France ont progressé entre le 8 et le 15 octobre, exception faite de la farine basse dont les cours sont sans changement d’une semaine sur l’autre. Ce renchérissement s’explique par la plus grande demande des fabricants d’aliments pour animaux qui opèrent une reformulation globale de leurs recettes en faveur des coproduits minotiers, et ce au détriment des céréales dont les cours demeurent fermes. Rappelons que les cotations du blé tendre sur le marché physique français frôlent les 230 €/t, celles du maïs les 210 €/t et celles de l’orge fourragère les 200 €/t depuis le début du mois d’octobre.
En Bretagne, les prix du son fin farine ont progressé de 3 €/t entre le 9 et le 16 octobre, suivant le renchérissement observé sur le marché francilien. Un autre facteur de hausse réside dans le réveil de la demande des fabricants d’aliments pour animaux, qui remplacent les céréales par les coproduits minotiers dans leurs recettes. En départ Isère, le dernier prix du son s’est repris, gagnant 5 €/t par rapport à la précédente affaire conclue. Dans le secteur de Toulouse, il perd les 5 €/t, gagnés la semaine précédente. Dans le secteur de Marseille, les cotations renchérissent de 5 €/t, sur la base de nouvelles affaires traitées.
Coproduits de l’amidonnerie
Évolution contrastée des prix
Les prix des drêches de blé ont nettement régressé entre le 9 et le 16 octobre, dans le sillage des tourteaux. Du côté de la drêche de maïs, les valeurs sur le marché physique français ont gagné un peu de terrain, alors qu’elles ont reculé à Gand. Ceci en raison de la baisse de l’euro face au dollar, qui renchérit mécaniquement le coût de l’import.
Les cotations du corn gluten feed ont dégringolé entre les 9 et 16 octobre, essentiellement en raison de la baisse de celles des tourteaux.
Coproduits laitiers
Statu quo
Les prix de la poudre de lait et de la poudre de lactosérum à destination de l’alimentation animale n’ont pas évolué en disponible sur le marché physique français entre le 10 et le 17 octobre, faute de nouvelles affaires traitées cette semaine. Cependant, la tendance serait plutôt à la baisse. A noter que les réservations de novembre s’effectueront le jeudi 24 octobre.
À noter que « l’Europe pourrait perdre sa première place [sur le marché mondial du lactosérum et de ses dérivés] si les contraintes environnementales limitaient la production, notamment dans les pays les plus fromagers et si l’offre de lactosérum ne se diversifie pas aux attentes du marché, avec notamment une demande en alimentation humaine qui semble être porteuse. » Telle est l’une des conclusions du rapport intitulé « Évolution du marché mondial du lactosérum (2010-2023) », publié le 12 septembre par FranceAgriMer. « La forme habituelle de valorisation du lactosérum qu’est la poudre de lactosérum pourrait voir ses volumes diminuer, au profit de formes plus concentrées, comme c’est déjà le cas aux États-Unis », poursuit le document. Si les échanges mondiaux ont continué de progresser sur la période étudiée, à la faveur de l’essor de la production et de la demande asiatique, un changement de paradigme devrait s’opérer dans les années à venir avec la baisse des besoins chinois, face à une production états-unienne qui devrait s’amplifier. « Seule la demande au Vietnam et aux Philippines semble être dynamique », marchés sur lesquels « la France n’est que très peu présente ». Sur le court terme, l’effet ciseau observé en 2023, entre les prix du lactosérum, en baisse, et ceux de l’énergie, en hausse, « pourrait inciter les transformateurs à ne plus sécher le produit, et/ou envisager d’autres débouchés (méthanisation…) », conclut le rapport de FranceAgriMer.
Farine de poisson
Repli des prix en origines scandinaves
En farine de poisson, les prix sur le marché physique français ont enregistré une légère baisse en origine Scandinavie (-10 €/t), entre le 9 et le 16 octobre. Le marché est calme.
Produits déshydratés
Statu quo
La cotation de la luzerne déshydratée reste inchangée entre le 9 et le 16 octobre. Celle de la pulpe de betterave déshydratée a gagné 5 €/t sur la semaine. Les marchés demeurent relativement peu animés.
À noter que la pulpe de betterave rapporte à l’agriculteur une rémunération d’environ 3 €/t de betterave, une valeur qui a doublé en cinq ans, selon des chiffres présentés par la CGB (Confédération générale des betteraviers) lors de la réunion commune des associations spécialisées Grandes cultures de la FNSEA, le 3 octobre 2024. Ce coproduit du sucre représente près de 10 % du chiffre d’affaires du betteravier, précise le syndicat professionnel.
Pailles et fourrages
Tendance haussière en foin de Crau
Les prix des pailles et fourrages sur le marché physique français sont nominalement reconduits entre le 9 et le 16 octobre. Le marché est globalement calme.
À noter que la production de foin de Crau s’est élevée à 70 800 t en 2023, pour une superficie de 10 163 ha et un rendement moyen de 8,5 t/ha, selon les chiffres publiés sur le site dédié à ce fourrage. Il est conditionné pour 70 % du volume en grosses balles et pour 30 % en petites balles, et commercialisé à hauteur de 80 % par le négoce, le solde relevant de la vente directe. Quant au prix de vente moyen, il est compris entre 200 €/t et 300 €/t selon les récoltes, les coupes (au nombre de trois par an) et le conditionnement.
La rédaction
À surveiller
Soja
- Avancée de la récolte états-unienne qui s’annonce record.
- Amélioration des conditions de semis au Brésil.
- Dynamique des exportations états-uniennes et brésiliennes.
Colza
- Niveau de la récolte de canola au Canada.
- Conditions de culture de canola en Australie qui ont souffert récemment d’un déficit hydrique.
- Niveau des surfaces hexagonales.
- Niveau des assolements en Ukraine.
Tournesol
- Échos de la moisson hexagonale, pour le moment peu rassurant.
- Intensité des pluies durant les prochains jours en France, continuant de perturber les travaux de moisson.
- Niveau des récoltes en Ukraine et en Russie.
Kévin Cler