Nutrition animale
Sorgho grain ou fourrage, un développement inexorable
L’année 2020 marque une nouvelle progression des surfaces de sorgho, notamment celles dédiées au sorgho grain. Il trouve ses débouchés en nutrition animale comme en nutrition humaine et bénéficierait de cours officiels qui manquent dans l’UE.
L’année 2020 marque une nouvelle progression des surfaces de sorgho, notamment celles dédiées au sorgho grain. Il trouve ses débouchés en nutrition animale comme en nutrition humaine et bénéficierait de cours officiels qui manquent dans l’UE.
La récolte 2020 de sorgho grain en France flirte avec les 545 000 t, en progression de 27 % sur 2019, selon l’Insee. Les surfaces (+40 %) ont fortement augmenté, même si les rendements de l’an dernier ont reculé de 10 % à 46,5 q/ha en raison de la sécheresse estivale. La culture, historiquement présente dans le Sud-Ouest, s’implante dans de nouvelles zones plus australes comme le centre de la France voire le nord de la Loire. L’Indre-et-Loire arrive ainsi en deuxième position juste après le Lot-et-Garonne, dépassant la Haute-Garonne grâce au développement de semences précoces voire très précoces.
L’enquête sur la qualité du sorgho d’Arvalis-Institut du végétal et FranceAgriMer est conduite auprès de 37 silos dans 17 départements. Avec une teneur en protéine de 10,8 % en matière sèche (MS), inférieure à celle de 2019 (11,5 %) mais similaire à celle de la moyenne quinquennale (10,9 %) et une teneur en amidon de 76,2 % MS (en hausse par rapport aux 73,7 % de 2019 et aux 75,4 % de la moyenne quinquennale), le sorgho grain 2020 présente une teneur en matières grasses de 4,3 % MS, stable par rapport aux années précédentes.
Vers le million d’hectares à trois ans
L’engouement est général avec +18% des surfaces dans l’UE l’an dernier, tant en sorgho grain (+20 %) qu’en sorgho fourrager (+12 %). En France, les 115 000 ha ont été dépassés (dont 85 000 ha de sorgho grain). L'année 2020 fut atypique car le sorgho a pris par endroit la place d’autres cultures qui n’ont pu être implantées à l’automne 2019. Mais la tendance à la hausse est inexorable : « la grande Europe, c’est-à-dire avec la Russie, cultive du sorgho sur environ 500 000 ha. Elle devrait atteindre 1 M ha d’ici trois ou quatre ans », estime Frédéric Guedj, le spécialiste de l’espèce chez Lidea, qui regroupe Euralis semences et Caussade semences.
La coopérative est un acteur « historique » de la plante puisqu’elle a commencé sa sélection dès les années 80, avant de créer Eurosorgho avec Semences de Provence. Le nombre de ses adhérents producteurs a progressé de 43 % l’an passé pour atteindre 247. « Quant aux ventes de semences de sorgho, elles ont bondi de 60 % », chiffre Frédéric Guedj,
Les faibles besoins en eau du sorgho expliquent ce succès ainsi que son intérêt pour diversifier les rotations et, pour le côté fourrage, sa capacité à sécuriser les approvisionnements des éleveurs. Ils l’utilisent en affouragement en vert ou en ensilage.
Du point de vue des débouchés, la nutrition animale est friande de sorgho grain. La Catalogne est ainsi un grand importateur pour ses formules d’aliments pour porcs, cherchant à réduire le rancissement des jambons crus. Elle consomme la moitié de la production française. Les canards hongrois en raffolent aussi comme les pondeuses russes ou les poulets italiens sans oublier les poissons chats américains...
Les disponibilités croissantes ouvrent clairement les portes des silos des fabricants d’aliments pour animaux français car les volumes deviennent significatifs. Mais il faudrait, pour que le sorgho se démocratise, qu’il soit doté de cours officiels. Il n’en a pas encore dans l’UE.
Les usages du sorgho en nutrition humaine sont également nombreux, soit traditionnels comme la bière sans gluten dans différents pays d’Afrique ou le Baujiu, un spiritueux chinois, soit plus innovants. Les farines de sorgho et les "pop sorghum" (sorgho soufflé) diversifient les formes de consommation. Sans oublier les autres débouchés : biogaz, bioéthanol, biomatériaux…