Entreprise
Soil Capital propose de rémunérer les céréaliers pour la séquestration de carbone
Soil Capital, société d’agronomes indépendants et de professionnels de la finance, lance le programme Soil Capital Carbon, promettant une rémunération minimale des céréaliers de 27,5 €/t de carbone stocké ou séquestré.
Soil Capital, société d’agronomes indépendants et de professionnels de la finance, lance le programme Soil Capital Carbon, promettant une rémunération minimale des céréaliers de 27,5 €/t de carbone stocké ou séquestré.
Dans un contexte où le changement climatique est au cœur des débats politiques, et où Bruxelles fixe un objectif de réduction de gaz à effet de serre de 55 % à l'horizon 2030, l'entreprise Soil Capital, spécialisé dans l'agronomie et disposant de compétences dans la finance, souhaite surfer sur cette vague. C'est pourquoi elle lance Soil Capital Carbon. Le programme a été initié il y a un peu plus d'un an, a souligné, le 23 septembre lors d'une visioconférence, Chuck de Liedekerke, président directeur général et cofondateur de la société, et ancien professionnel de la finance (Morgan Stanley). L'objectif des dirigeants de la société : rémunérer le producteur, de façon durable, précise et concrète, pour ses services de séquestration du carbone offerts à la société. Et aider à la création d’un marché du carbone « fiable, solide, crédible et pratique pour les agriculteurs », renchérit l’ancien financier.
Le principe du programme (appliqué actuellement en France et en Belgique) est le suivant : les agriculteurs s'inscrivent et doivent prouver chaque année qu'ils adoptent des techniques culturales respectant les critères de « l’agriculture régénérative », permettant de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), voire de stocker/séquestrer du carbone. Cela passe, par exemple, par l’association de cultures, la réduction de l’usage d’intrants ou un faible travail du sol. « Le protocole mis en place par Soil Capital pour évaluer l’impact climatique de chaque ferme est mené et vérifié selon les critères conformes aux exigences de la norme internationale ISO14064-2 », détaille Chuck de Liedekerke. L’agriculteur recevra un certificat carbone, qui sera ensuite commercialisé par la société South Pole aux acteurs de la première et deuxième transformation et au-delà, et même à des entreprises ne travaillant pas dans le secteur agroalimentaire.
Cargill acheteur de certificats carbone
Les représentants de Capital Soil rapportent que Cargill et IBA (Ion Beam Applications, société belge spécialisée dans la médecine) ont déjà acheté des certificats carbone aux agriculteurs. « Attention, il ne s’agit en aucun cas d'un droit à polluer, mais bien d'inciter les parties prenantes à agir concrètement dans leurs propres filières et territoires », prévient Chuck de Liedekerke. Au travers de la revente des certificats carbone par South Pole, le programme permettrait aux céréaliers (ou éleveurs) d’obtenir une rémunération minimum de 27,5 €/t de carbone séquestré (ou émis en moins). « Il ne s’agit pas de créer un nouveau cahier des charges, source de démarches administratives lourdes pour l’agriculteur, mais d’un simple audit annuel. Les démarches à réaliser par l’agriculteur pour prouver leur bonne foi ne prendront pas plus de trois heures par an », assure l’ancien de Morgan Stanley.
Un coût de la baguette et de la bière supérieur au conventionnel
Les céréales ou grandes cultures (blé, orge, colza...), produites et vendues aux meuniers, malteurs, puis aux brasseurs, boulangers, etc., respectant les critères du programme Soil Capital Carbon, doivent permettre une meilleure rémunération des agriculteurs et la réduction de l’empreinte carbone de l’ensemble de la chaîne de production, de transformation et de distribution des aliments. Bien entendu, cela a un coût : le consommateur final devra payer un peu plus cher sa baguette ou sa bière issu du programme. « Les consommateurs sont demandeurs de pain et de bière qui réparent la planète. De plus, si la demande est actuellement forte et l’offre faible, nous espérons que cela est amené à changer à l’avenir, et que les prix des produits finaux baisseront à terme », espère Chuck de Liedekerke.