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Sénalia : un début de campagne prometteur
L’appétit chinois pour les marchandises françaises booste les exportations céréalières du prestataire de service rouennais, sur la première partie de l’exercice 2020/2021.
L’appétit chinois pour les marchandises françaises booste les exportations céréalières du prestataire de service rouennais, sur la première partie de l’exercice 2020/2021.
« La campagne 2020/2021 commence de façon surprenante », a commenté, le 6 janvier, Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia, lors d’un entretien par visioconférence qui, cette année, remplace la traditionnelle conférence de presse annuelle. Avec la baisse significative de la récolte céréalière en 2020 (de l’ordre de -25 % d’un an sur l’autre en blé tendre et en orge au niveau national, selon Agreste), Alain Charvillat, directeur Céréales Export de Sénalia, tablait, le 19 août, sur des tonnages pour la campagne actuelle en repli de l’ordre de « 40 % à 50 % » par rapport à l’exercice 2019/2020, qui a comptabilisé 5,201 Mt de céréales chargées. Et surprise, « sur les six premiers mois de la campagne 2020/2021, Sénalia a déjà chargé 1,520 Mt de grains », grâce à « l’arrivée massive de la demande chinoise » pour l’origine France, en raison de « ses fâcheries avec l’Australie », affirme Gilles Kindelberger. Sur juillet-décembre, ce sont de fait 790 000 t de blé tendre, d’orge fourragère et d’orge brassicole (cf. encadré) qui ont été chargées à destination de la Chine, contre 670 000 t sur l’ensemble de la campagne 2019/2020 !
Cependant, la forte demande chinoise pour les marchandises nationales a engendré « une hausse des prix céréaliers hexagonaux », ce qui a conduit l’Algérie, client traditionnel de la France, à « s’approvisionner dans les pays baltes aujourd’hui, et l’Argentine demain », explique Gilles Kindelberger. Et d’ajouter : « Cette campagne, si nous allons continuer à fournir l’Algérie, ce sera dans des volumes moindres que la campagne dernière, en raison de l’appétit chinois et du plus faible disponible à l’exportation ».
Autre fait marquant en cette première période de la campagne 2020/2021 : les huit points de part modale du train dans l’approvisionnement des silos portuaires de Sénalia, perdus en 2019/2020 (suite aux mouvements de grève nationale et locale qui ont secoué la France en décembre 2019-janvier 2020), n’ont pas été récupérés. « Avec la baisse de la production céréalière en 2020, nombre d’organismes stockeurs ont arrêté leur contrat de transport par le train de leurs grains. Aujourd’hui, le fret ferroviaire ne représente que 7 % de l’acheminement des marchandises sur nos installations, contre 33 % pour la péniche et 60 % pour le camion. Il y a sept-huit ans, ces chiffres s’élevaient respectivement à 8 %, 12 % et 80 % », déclare Gilles Kindelberger. Le transport fluvial « bat son plein », avec un trafic qui peut atteindre 11 000 t/j, grâce « aux investissements engagés sur les capacités de déchargement, qui ont satisfait la demande ». Et le directeur général d’ajouter : « Le partenariat avec Scat-Davenne [annoncé le 24 juin dans un communiqué commun] marche très bien. C’est rassurant pour les organismes stockeurs engagés dans la navette de pouvoir disposer de cales disponibles ».
Quid de la Covid-19 et du Brexit sur l’activité ?
« Paradoxalement, la Covid-19 n’impacte pas notre activité », se réjouit Gilles Kindelberger. « Nous avons motivé notre personnel à venir travailler durant le confinement, en leur proposant des primes. Le taux d’absentéisme n’a ainsi pas dépassé les 10 %. Par ailleurs, nous avons mis des douches et des points de restauration à disposition des chauffeurs de camion. Aussi l’activité a-t-elle été assurée avec, par exemple, des chargements record de mars à juin, à raison de quatre navires par jour. »
Dans le même ordre d’idée, Gilles Kindelberger « ne pense pas qu'il va y avoir un impact du Brexit sur l’activité de Sénalia, car le Royaume-Uni n'est pas une destination aujourd'hui » du prestataire de services. Et ce, « contrairement à il y a une vingtaine d'année ». La production agricole britannique a de fait bien progressé ces deux dernières décennies.
Investissements et développement futurs
Concernant le développement de Sénalia à l’international, « la Covid-19 nous a stoppé dans notre élan de mettre en place de possibles partenariats avec l’Algérie, le Qatar et l’Arabie saoudite, les voyages et rencontres étant rendus difficiles par la mise en œuvre des gestes et mesures barrières », indique Gilles Kindelberger. Il s’agit de la création de « partenariat public-privé (PPP) sur les installations portuaires à destination, pour mieux gérer l’exportation de nos céréales », précise-t-il.
Dans le cadre de la digitalisation de l’entreprise, « nous comptons renforcer les échanges de données informatiques avec nos adhérents, nos livreurs et nos clients industriels pour éviter la double saisie documentaire », affirme Gilles Kindelberger. « Notre équipe en interne travaille, dans un premier temps au niveau de la péniche, en partenariat avec Scat-Davenne, sur l’envoi de bordereaux de livraison informatisés. » Par ailleurs, la scannérisation de document permettra de limiter les échanges manuels et le stockage d’un trop grand volume de données sur papier. « J’espère pouvoir présenter quelque chose dans peu de temps », souligne le directeur général de Sénalia.
Après la mise en service en février 2019 de trois portiques sur le site de Grand Couronne, qui ont permis d’accroître le volume chargé dans les Panamax, Sénalia projette de moderniser de la même façon le site de la Presqu’Île Elie, par « l’achat il y a trois mois de deux portiques supplémentaires (pour un montant de 5,9 M€), qui seront livrés en juillet-août 2022 ».
Par ailleurs, les travaux du futur siège du Groupe Sénalia ont débuté à Rouen. « Nous emménagerons dans nos nouveaux locaux d’ici la fin de l’année 2021 », anticipe Gilles Kindelberger.
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