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Sécheresse 2022 : quelles cultures sont les plus à risque ?

En sols très superficiels et dans le sud-est de la France, la sécheresse actuelle aura un impact sur le rendement des céréales à paille. Pour le reste, des pluies dans les dix jours à venir peuvent encore sauver la mise.

Les blés en sols superficiels et les parcelles tardives sont les plus pénalisés par la sécheresse, tout comme les orges de printemps. Pour les autres cultures, le retour rapide des pluies est nécessaire pour ne pas dégrader les potentiels de rendement.
Les blés en sols superficiels et les parcelles tardives sont les plus pénalisés par la sécheresse, tout comme les orges de printemps. Pour les autres cultures, le retour rapide des pluies est nécessaire pour ne pas dégrader les potentiels de rendement.
© E. Hersand

Blé tendre : des dégâts en terres superficielles, les parcelles tardives menacées

Chaleur et sécheresse mettent à mal les cultures. L’impact véritable sur le rendement dépendra des éventuelles pluies prévues à compter du 15 mai. « Le principal souci vient des fortes températures qui génèrent une évapotranspiration importante, analyse Jean-Charles Deswarte, ingénieur spécialiste de l’écophysiologie chez Arvalis. Les plantes souffrent du coup de chaud actuel. En même temps, le déficit de pluviométrie se traduit par des sols « vides » avec des céréales qui ont besoin de 5 à 6 mm d’eau par jour pour leur développement. Il faut de l’eau en grosse quantité rapidement. »

Selon l’expert, pour les blés tendres dans les sols de profondeur moyenne à élevée, « les dégâts de la sécheresse et des fortes températures du moment seront cependant minimes voire écartés s’il y a un cumul significatif de pluie la semaine prochaine et les suivantes jusqu’en juin ».

La situation est plus critique pour les sols superficiels, où la densité d’épis et leur fertilité sont mises à mal. Pire : pour l’extrême Sud-Est intégrant certains secteurs de la vallée du Rhône, la situation est irrattrapable, sauf à pouvoir irriguer les céréales. Dans cette zone, le déficit de pluviométrie cumulé depuis janvier atteint 50 %.

Que peut-on prévoir selon le scénario des jours prochains ? « Si l’on reste sur un stress prolongé et continu, les blés aux stades les plus avancés résisteront le mieux à l’impact négatif sur le rendement, souligne le spécialiste d’Arvalis. Dans les situations les plus tardives, il y a très peu d’acquis sur les composantes de rendement. Mais s’il pleut, ces blés pourront encore faire de la biomasse valorisée pour la production de grains. Il faut un retour des pluies à épiaison – début floraison. En fait, s’il y a un retour des pluies, ce sont les situations les plus tardives qui en bénéficieront le mieux. »

Au 10 mai, nous étions à des stades classiques de dernière feuille étalée à gonflement en Île-de-France, dans les Hauts-de-France, en Bourgogne, Alsace… En revanche, les blés étaient très avancés en Poitou-Charentes, Pays-de-la-Loire, Bretagne et Normandie, avec des plantes à épiaison-floraison. On observe ces mêmes stades de développement pour les blés durs dans leurs bassins de production.

Orges d’hiver épargnées, situation inquiétante en orges de printemps

Les orges d’hiver devraient moins pâtir des conditions de sécheresse et de températures élevées, car à des stades plus avancés. « Au sud de la Seine, les grains sont en formation. On a donc fait une bonne partie du chemin en matière de potentiel de rendement. Au nord, les orges sont au stade épiaison-floraison avec une dépendance encore forte des scénarios à venir en termes de climat pour leur niveau de rendement », précise Jean-Charles Deswarte.

Quant aux orges de printemps, elles sont en début de montaison, stade où le stress hydrique peut empêcher la montée des épis. « La situation est inquiétante pour cette espèce », en conclut l’ingénieur.

Colza : le nombre de siliques sécurisé, menace sur le PMG

Le colza ne sera pas la culture la plus touchée par la sécheresse. « Les plantes sont en cours de défloraison. Nous avons passé une phase critique. Les siliques sont formées. Leur nombre ne sera pas pénalisé », informe Michael Geloen, de Terres Inovia Grand Est. Mais une grande part de cette région a reçu très peu d’eau ces derniers mois. « On attaque la phase de remplissage sur le colza, avec un impact sur le poids de mille grains. Sur les terres les plus superficielles, il y aura un effet négatif sur le PMG de l’ordre de 5-6 q/ha en rendement alors que, jusqu’à présent, nous étions plutôt sur de bons potentiels de production. »

 

 
Le nombre de siliques en colza ne devrait pas être pénalisé, mais le PMG pourrait perdre 5 à 6 q/ha dans les terres les plus superficielles.
Le nombre de siliques en colza ne devrait pas être pénalisé, mais le PMG pourrait perdre 5 à 6 q/ha dans les terres les plus superficielles. © G. Omnès

 

Maïs : impacts limités en cas de retour rapide des pluies

Du côté des maïs, ce n’est pas encore l’alerte rouge généralisée, même si des difficultés sont constatées dans certaines régions. « Il y a des régions où c’est difficile, à commencer par la Bretagne, où les semis ne sont pas très avancés en raison des conditions sèches », a souligné Benoît Piétrement, président du conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer, lors d’une conférence de presse de l’office le 11 mai. D’autres secteurs sont concernés par des conditions de levées et de désherbage délicates, avec des problèmes de dégâts d’oiseaux en raison de l’étalement des émergences. « Tout ne se passe pas si mal, mais l’inquiétude porte sur la météo à venir, a indiqué le professionnel. Si la pluie arrive, les conséquences seront limitées. »

Betteraves, tournesol : pas encore de crainte pour la croissance, mais des désherbages compliqués

En betteraves, les conditions actuelles sont plutôt favorables à la croissance, à condition que la pluie revienne avant la fin du mois. En revanche, c’est là aussi le désherbage qui est handicapé par les conditions sèches, réduisant l’efficacité des herbicides racinaires.

La situation est très comparable en tournesol. Pour cette culture également, ce n’est pas tant l’alimentation en eau qui pose problème que l’efficacité déficiente des herbicides racinaires. « Certaines parcelles montrent un contrôle des adventices très limité, observe Michael Geloen. Mais les conditions sont idéales pour le désherbage mécanique. » L’implantation des tournesols est étalée et les oiseaux en profitent avec une pression qui semble plus forte que les deux campagnes précédentes.

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