Meunerie
Restructuration en vue aux Grands Moulins de Strasbourg
Les mauvais résultats de l’export en Afrique des GMS seraient à l’origine du plan social actuellement en discussion, selon la direction du moulin.
UN PLAN SOCIAL est à l’ordre du jour aux Grands Moulins de Strasbourg (GMS). Il concernerait entre 20 et 25 postes (dont 4 ou 5 départs en retraite non remplacés), selon des sources syndicales confirmées par la direction des GMS. C’est le site de Strasbourg, où travaillent environ 200 personnes, qui est visé par cette décision. Des difficultés au niveau de l’activité export seraient à l’origine du plan social, selon les dirigeants des GMS. Les représentants des salariés estiment de leur côté que cette opération était prévue de longue date et précède la préparation d’une vente du groupe dans les deux ans à venir. Pure spéculation selon Jean-Paul Kling, le directeur des GMS.
Une baisse de l’export vers l’Angola expliquerait le plan social selon la direction
« Les charges sont importantes et il y a une baisse d’activité au niveau de l’export de farine. De ce fait, nous observons un recul de nos marges avec, en même temps, des coûts d’exploitation importants sur le site de Strasbourg », explique Jean-Paul Kling qui dirige le groupe Grands Moulins de Strasbourg. « Les filiales ne seront pas touchées », assure t-il. Le directeur des ressources humaines explique (dans un article paru le 2 novembre sur le site des Dernières Nouvelles d’Alsace) que les commandes à l’export des GMS « se sont réduites » compte tenu d’une « concurrence accrue » liée aux « spéculations sur la farine ».
L’activité export du groupe représente 55 % de l’activité des GMS, sachant que 20 % de celles-ci sont destinées à l’Afrique, avec pour destination majeure l’Angola. Or, ce pays qui importe environ 400.000 t de farine par an est en pleine expansion et fait logiquement l’objet de toutes les convoitises, aussi bien des concurrents français que des internationaux avec notamment la Turquie et l’Argentine qui s’y implantent de plus en plus. Ainsi, une forte compétition s’est développée, et cette destination, qui concentrait une grande majorité des exportations des GMS, a diversifié ces sources d’approvisionnement.
Certaines sources proches du dossier estiment aussi que la hausse des matières premières en ce début de campagne a été très difficile à répercuter au niveau de pays africains aux capacités financières moins larges que d’autres importateurs, expliquant ainsi le recul des parts de marché des GMS en Angola. Sur la campagne 2011/2012, le groupe avait exporté près de 200.000 t de farine dans le pays. Un chiffre qui ne sera vraisemblablement pas atteint pour 2012/2013 au regard de la situation dépeinte par la direction du groupe meunier.
Des salariés inquiets redoutant une vente du groupe dans les deux ans à venir
Au cours d’un Comité d’entreprise (CE) tenu le 6 novembre, la direction des GMS a présenté son projet de plan de licenciement aux membres du CE qui devait rendre un avis à l’issue de la réunion. Ces derniers ne se sont pas prononcés, réclamant une expertise comptable pour pouvoir s’exprimer ultérieurement. De source syndicale, le plan présenté par les dirigeants entraînerait « une restructuration complète prévoyant une baisse des salaires et un allongement du temps de travail avec une remise en cause des 35 h ». Les représentants des salariés au CE estiment que « l’actuelle direction est en train de nettoyer l’entreprise pour la revendre d’ici deux ans, lorsque le PDG actuel prendra sa retraite » et que la baisse de volumes exportés ne serait « qu’un argument de façade ». « C’est totalement faux » assure pour sa part Jean-Paul Kling, écartant toute intention de céder le groupe.
Enfin, on ne peut écarter l’impact de l’amende de 29 M€ dans le cadre d’une condamnation des GMS (d’autres sociétés ont été condamnées), rendue en mars dernier, pour entente sur les prix des farines entre des meuniers français et allemands. Une décision de l’Autorité française de la Concurrence qui ne sera pas sans conséquences sur le résultat 2012 de l’entreprise strasbourgeoise. D’autant que l’appel de la sentence n’est pas suspensif de la condamnation financière. Selon certaines sources, une rencontre entre des protagonistes du dossier, dont les Grands Moulins de Strasbourg, et l’administration française aurait eu lieu en ce début de semaine afin de trouver une issue plus favorable à cette affaire.