Industrie
Quand la poussière de céréales devient énergie
Soufflet se dote d’une chaudière biomasse innovante valorisant les issues de céréales.
« Il y a quelques années, le groupe Soufflet s’est donné comme objectif de substituer une partie de ses consommations d’énergie fossile en énergie renouvelable », commente Luc Bouchard, directeur Développement durable de l’agro-industriel champenois. Avec 12.000 t de poussières de céréales brûlées par an, la nouvelle chaudière biomasse, installée à Nogent-sur-Seine depuis septembre 2011, permet de faire une économie de 75 % du gaz naturel jusqu’alors consommé par les deux malteries du site. De quoi contenter l’Ademe, qui a débloqué une aide de 1,6 M€ pour cofinancer avec le groupe Soufflet ce projet, dont le montant de l’investissement s’élève à plus de 4 M€.
Un biocombustible jusque-là inexploité
Cette chaudière biomasse représente une avancée technologique par le fait qu’elle utilise pour la première fois comme source d’énergie de la poussière de céréales. Cette dernière, produite sur le site même de son utilisation, fournit la chaleur nécessaire au séchage du malt des deux usines de Nogent-sur-Seine. « Une référence technique » que l’Ademe compte bien « développer à terme », souligne Axel Wyckhuyse, son responsable Énergies renouvelables en région Champagne-Ardenne.
C’est un véritable « challenge » qu’a surmonté le groupe Soufflet, en collaboration étroite avec le constructeur de chaudière Compte-R, explique Thierry Berger, le directeur Marketing et communication externe du premier collecteur privé. La biomasse utilisée présente en effet par nature une grande variabilité physico-chimique et une instabilité propre aux poussières de céréales. Il s’agit des déchets provenant du nettoyage des grains en sortie de silo (orge et blé, voire maïs), appelés aussi issues de céréales.
Une technologie amenée à se développer
Après cette première expérience réussie de valorisation des issues de céréales, le groupe Soufflet étudie sa duplication sur d’autres sites de sa filiale Malteries Soufflet. « Une étude de faisabilité nous a permis d’identifier cinq projets potentiels que nous souhaitons réaliser à l’avenir : deux en France et trois en Europe de l’Est », affirme Luc Bouchard. « A l’horizon 2013-2014 », deux nouvelles chaudières biomasse utilisant des poussières de céréales devraient voir le jour, « une sur le sol français et une autre à l’étranger », précise Thierry Berger.
Les sites retenus présentent à la fois un besoin énergétique fort et une présence en biomasse importante, qui permettent de « créer une véritable économie circulaire, puisque les déchets issus du nettoyage des matières premières sont recyclés pour sécher le produit fini », note le communiqué. « Ainsi la boucle est bouclée », renchérit Thierry Berger. Et elle le sera d’autant plus « dans quelques mois » par l’aboutissement à Nogent-sur-Seine d’un « autre projet » que le groupe Soufflet tient pour l’heure à garder secret. Peut être s’agit-il d’un programme de recyclage des cendres de la chaudière pour l’enrichissement des terres arables, support même de production des orges de brasserie ?