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Premier envoi vers l’Europe de soja argentin certifié « sans déforestation »

La totalité des exportations argentines de fèves, huiles et farines de soja envoyées vers l’UE devrait être certifiée « sans déforestation », par le privé, dès 2025, pour répondre à une nouvelle exigence européenne.

Avec leur certification privée sans déforestation, les Argentins espèrent capter une valeur ajoutée en termes d’image par rapport à l’origine brésilienne en soja et maïs.
© Marc-Henry André

Le 16 mai dernier, pour la première fois, l’Argentine a livré à l’Union européenne du tourteau de soja certifié non issu de régions récemment déboisées : 18 000 tonnes ont été expédiées par le transformateur-négociant chinois Cofco depuis son port de Rosario (Timbúes, Argentine) à destination du fabricant d’aliments pour animaux irlandais, R&H Hall.

Dès le 1er janvier 2025, la totalité des exportations de soja argentin (graine, huile, tourteau) envoyées vers l’UE sera certifiée « sans déforestation ».

Dès le 1er janvier 2025, la totalité des exportations de fèves, huiles et tourteaux de soja envoyées vers l’UE depuis l’Argentine devrait ainsi être certifiée dans le cadre d’un système de traçabilité privé administré par la Bourse du commerce de Rosario.

Un système de certification privée

Ce système est la réponse des exportateurs basés en Argentine à l’entrée en vigueur, à cette date, du règlement européen 1115/23. Celui-ci interdit l’importation de soja, de cacao, de bœuf et d’huile de palme, issus de zones déboisées après le 12 décembre 2020.

Le secrétaire d’État à la Bioéconomie du gouvernement de Javier Milei, Fernando Vilella, devait présenter cette certification baptisée « Vision sectorielle du Grand Chaco » à Bruxelles le 24 mai. Consulté la veille à Buenos Aires par La Dépêche-Le Petit Meunier, lors du congrès de l’inter-filière argentine du maïs, Fernando Villela a rappelé que la majorité des grains récoltés en Argentine le sont dans la région pampéenne, naturellement dépourvue d’arbre hormis l’espèce d’arbuste autochtone ombú. D’où la référence explicite au Chaco dans la dénomination de cette certification « sans déforestation », car c’est bien au Chaco, au nord de l’Argentine, qu’a eu lieu l’essentiel des défrichages à grande échelle en vue de l’exploitation agricole des sols au cours des quatre dernières décennies, avec un pic entre 1995 et 2005 lors du « boum » du soja, véritable ruée vers l’or vert.

Une traçabilité depuis le champ jusqu’au vraquier basée sur le suivi de données de géolocalisation.

Le cerveau de ce système de certification, dont l’idée a germé en 2019, est Gustavo Idígoras, ex attaché agricole de l’Argentine à Bruxelles et actuel président du Centre des exportateurs de céréales. 

« Il s’agit d’une traçabilité depuis le champ jusqu’au vraquier basée sur le suivi de données de géolocalisation assuré par l’exportateur mais audité par un tiers », précise-t-il. En cas de faille, la ferme concernée est rayée de la carte des fournisseurs agréés par les exportateurs », selon lui.

Un coût à la charge de l'exportateur

Le coût de cette certification revient à l’exportateur qui tentera de le répercuter sur son prix de vente auprès des importateurs européens, « lesquels sont déjà prévenus, selon Gustavo Idígoras, qui argumente en ce sens que cette nouvelle exigence provient de l’UE. Celle-ci est d’ailleurs plus stricte encore que la loi argentine des forêts puisque même la déforestation considérée légale en Argentine est exclue par le règlement européen 1115/23. 

Le maïs devrait s’ajouter à la liste des produits argentins certifiés « sans déforestation » dès la prochaine campagne 2024-2025. Grâce à cette certification, les Argentins prétendent capter une valeur ajoutée en termes d’image, en faisant la différence avec l’origine brésilienne en soja et maïs où hormis le cas du soja certifié non OGM par certaines entreprises, aucun système mis sur pied à l’échelle du pays ne permet actuellement de garantir que le soja et le maïs ne proviennent pas de régions défrichées de fraîche date dans le Cerrado, le Pantanal ou le bassin amazonien.

Lire aussi : "Maïs : l'Argentine, un nouveau concurrent aux États-Unis et au Brésil sur le marché chinois dès juillet 2024 ?"

Lire aussi : "En Argentine, les consommateurs mangent du blé OGM sans le savoir"

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