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Présidentielle 2012, les attentes de la filière
Pour la nutrition animale, il faut « rétablir des règles égalitaires pour sauver l’élevage français »

La Dépêche-Le Petit Meunier : Quel message aimeriez-vous adresser aux candidats à la présidentielle ?
Alain Guillaume : Rappeler d’abord la place extrêmement importante au niveau national de la filière agroalimentaire, l’une des rares exportatrices. Ensuite, la nécessité de développer ses points forts. Mais pour les renforcer, il faut s’occuper du maillon faible, l’élevage. Ses difficultés n’auront pas échappé aux candidats à la présidentielle. Des zones entières sont en train de se vider de leurs éleveurs, notamment les régions typiques comme le Midi-Pyrénées en porcin. Avec une application rigoureuse des règles de bien être animal, la perte de production porcine s’évalue entre 15 et 20 % d’ici l’an prochain. Imaginez le séisme pour le secteur, de la production et de l’abattage ! Nos éleveurs n’ont plus les moyens d’investir. Nous le constatons dans le secteur porcin, mais aussi avicole avec des mises aux normes des élevages qui font peser une lourde hypothèque sur les exploitations de certaines régions. Nous craignions ces dernières années que la compétition la plus rude vienne de loin, en particulier d’Amérique du Sud. Mais en réalité, elle est bien plus proche, en Allemagne notamment. Nos voisins produisaient 15 % de moins que la France, il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, l’Allemagne est devant, avec 3 Mt de plus par an.

LD-LPM : Pourquoi l’Allemagne a-t-elle réussi à nous dépasser si rapidement ?
A.G. :
Son système, et plus particulièrement son aval, bénéficie de conditions plus favorables au niveau de la main d’œuvre. Ce décalage a rapidement mis en difficulté les entreprises françaises. Il faudrait homogénéiser tout cela pour que nous retrouvions une meilleure compétitivité.

LD-LPM : Concernant les protéines, pourrait-on faire mieux ? Et comment ?
A.G. :
Les filières oléo-protéagineuses pourraient se développer davantage, notamment pour satisfaire la demande. Par exemple, le secteur de la nutrition animale est très amateur du pois. Hélas, il trouve de moins en moins sa place dans nos formules faute de disponibilité à un coût compétitif. Il faudrait apporter aux agriculteurs un meilleur intérêt pour cette culture. C’est une question économique.

LD-LPM : Alors qu’attendez-vous concrètement du prochain gouvernement ?
A.G. :
Nous souhaitons que, sous le mandat du futur président, l’investissement reprenne pour que les outils se développent. L’élevage aujourd’hui ne gagne pas assez d’argent pour cela. Et quand l’éleveur veut investir, il est confronté à un tas de contraintes, parfois uniquement françaises, qui le brident. La création d’un nouvel atelier ou la modernisation d’un outil peut prendre plusieurs années rendant trop difficiles les investissements et contribuant au découragement des éleveurs. Ce sont des activités fragiles, confrontées au marché international mais qui, compte tenu du développement de la demande mondiale, ont une carte à jouer. Les opérateurs sont là et réaffirment leur volonté de développement pour satisfaire le marché national et international. Pour cela, l’Etat devra s’engager dans la simplification administrative, participer à l’acceptation sociétale des activités de l’élevage. Au niveau mondial, comme nous ne nous battons pas avec les mêmes armes, ni les mêmes règles, il faudra veiller à ne pas ouvrir nos marchés à tous les vents !

LD-LPM : Le G20 a-t-il été assez loin sur la question de la régulation des marchés ?
A.G. :
Les marchés à terme sont une composante importante pour le secteur et l’agriculture en général. Les Fab y interviennent. C’est un outil précieux dans le cadre de leur politique de couverture. Il a permis de limiter l’exposition au jour le jour des filières d’élevage aux grandes fluctuations de prix. A la sortie du G20, des propositions de régulation ont été avancées. Parallèlement, l’UE travaille à une meilleure transparence, donc sécurisation. Il faut que ces démarches aillent jusqu’au bout et avancent plus vite. Elles doivent tenir compte des différentes catégories d’intervenants, et notamment de nos entreprises qui n’interviennent pas sur les marchés dans un but spéculatif.

LD-LPM : Pensez vous que les produits dérivés agricoles doivent être taxés ?
A.G. :
Cela revient à la question de la prise en compte du fait que, sur les marchés à terme, certains opérateurs interviennent pour leurs besoins de production. Il n’y a donc pas de raisons de taxer ces opérations.

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