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Port Atlantique La Rochelle - Les exportations céréalières progressent en 2022

La bonne récolte 2022 et la guerre en Ukraine sont à l’origine de cette belle progression du trafic céréalier du port rochelais. Les prévisions pour l’année 2023 sont pessimistes, avec une baisse attendue des chargement de grains.

Sur les dix dernières années, le trafic global suit une tendance haussière (de +1,5 % en moyenne entre 2012 et 2022), bien qu’en dents de scie.
© Port Atlantique La Rochelle

Le trafic portuaire de Port Atlantique La Rochelle (PALR) a atteint 9,6 Mt en 2022 (en hausse de 8,7 % par rapport à l’année précédente), porté par les exportations de céréales et oléagineux qui ont progressé de 23,4 %, à 4 Mt (3,2 Mt en 2021). Un bilan qualifié de « très satisfaisant » par la place portuaire. « Et ce, malgré un exercice compliqué par le conflit en Ukraine, qui a impacté le circuit des échanges à l’exportation comme à l’importation, alors que l’on sortait à peine des années Covid qui avaient déjà désorganisé la logistique », souligne Michel Puyrazat, président du directoire du port rochelais.

Un trafic céréalier en dents de scie sur les dix dernières années

Sur les dix dernières années, le trafic global suit une tendance haussière (de +1,5 % en moyenne entre 2012 et 2022), bien qu’en dents de scie. Cette évolution irrégulière s’explique par les fortes variations d’un an sur l’autre du premier poste d’activité du port en termes de volume, à savoir l’exportation de grains (42 % du tonnage total), les autres trafics étant relativement stables.

Des exportations de grains tirées par une hausse de 50 % des sorties de blé en glissement annuel.

Les sorties de céréales et d’oléagineux dépendent, certes de la récolte de l’année mais également de la consommation intérieure et de la demande internationale. A titre d’exemple, ce sont 2,8 Mt de blé qui ont été chargées en 2022 contre seulement 1,8 Mt en 2021 (soit +50 %), 702 200 t d’orge (contre 878 700 t), 411 300 t de maïs (contre 459 000 t) et 67 700 t d’oléagineux (contre 10 400 t).

Concernant les vracs agricoles (9 % du tonnage total), les importations d’aliments pour animaux (quasi exclusivement du tourteau de soja) se sont élevées à 84 000 t en 2022 (contre 181 000 t en 2021) et les entrées d’engrais manufacturés à 817 000 t (contre 596 000 t en 2021), soit une hausse de 37 % d’un an sur l’autre.

Vers une baisse du trafic céréalier en 2023

Concernant les perspectives de trafic portuaire de Port Atlantique La Rochelle, Michel Puyrazat table sur 9-9,2 Mt, en raison principalement d’une baisse estimée des exportations céréalières sur la deuxième moitié de la campagne de commercialisation 2022-2023, correspondant au premier semestre de l’année 2023.

Les tensions en zone mer Noire ont conduit à un report de la demande sur la place rochelaise.

« Il faut dire que 60 à 70 % de la récolte de blé collectée sur l’hinterland du port rochelais en 2022 ont déjà été chargées sur la première partie de la campagne (du 1er juillet au 31 décembre 2022) », argumente le président du directoire. En raison des problèmes d’approvisionnement en origine ukrainienne, les grands importateurs ont pris les devants et se sont couverts sans attendre. « Nous avons pu observer, cet été, des navires attendre l’arrivée de la nouvelle récolte dans les silos portuaires », raconte Michel Puyrazat. En plus de la précocité des ventes, un autre fait marquant de ce premier semestre 2022-2023 concerne la diversification des destinations par rapport à 2021, avec de nouveaux clients du Maghreb (Maroc, Tunisie, Egypte), d’Afrique de l’Ouest (Ghana, Togo, Congo) et du Yémen.

Cependant, le dirigeant d’un des deux terminaux céréaliers rochelais aurait déclaré qu’« en raison de la moindre utilisation de blé en nutrition animale (grippe aviaire et décheptalisation bovine) et en boulangerie artisanale (plombée par la flambée des matières premières et de l’énergie), le disponible exportable en blé passerait de 30 % à 40 % sur la campagne actuelle ». Pour rappel, au niveau national, ce sont 50 % du blé tendre français collecté en 2022 qui devraient être exportés en 2022-2023, selon les dernières estimations de FranceAgriMer.

 

Une campagne 2022-2023 au double visage

« Si le premier semestre de la campagne céréalière 2022-2023 a été plutôt bon, on s’attend à une baisse de 30 % au global pour le second, dont une baisse de 50 % pour le blé tendre, indique », à L’Escale Atlantique (édition de février 2023), Vincent Poudevigne, directeur général du groupe Sica Atlantique. De fait, entre le 1er juillet et le 31 décembre 2022, ce sont 2,01 Mt de céréales et d’oléagineux qui ont été exportées, soit près de 40 000 t supplémentaires par rapport à la même période en 2021 (1,97 Mt), selon les statistiques de PALR. Dans le détail, 1,5 Mt de blé ont été chargées sur le second semestre de 2022 (contre moins de 1,3 Mt sur le second semestre 2021), 408 000 t d’orge (contre 489 500 t), 75 500 t de maïs (contre 211 500 t) et 22 500 t d’oléagineux (contre 90 t). S’agissant du trafic des vracs solides, des vracs liquides et des engrais sur janvier-juin 2023, « on s’attend à une stabilité des trafics », ajoute le dirigeant.

Concernant la campagne 2023/2024, et plus précisément la récolte 2023, « tous les voyants sont au vert à ce stade, la végétation est optimale », rassure Vincent Poudevigne.

 

Des investissements tous azimuts

En 2022, l’enveloppe des investissements portuaires – avec comme principales réalisations la réhabilitation du quai Alcyone, le dévoiement des pipelines du viaduc et la réhabilitation des hangars (1, 3, 6, 7 et 12) – s’est élevée à 9 M€, cofinancés à hauteur de 5,6 %, « soit un montant similaire à 2021 », indique Michel Puyrazat. Et de poursuivre : « En 2023, ce sont 20 M€ d’investissements qui sont pour l’heure programmés. Un montant défini avant de savoir que les travaux d’approfondissement des accès nautiques, cofinancés par l’Union européenne, pourraient débuter avant la fin de l’année ». Pour rappel, alors que l’opération avait été validée en juin 2020 par la préfecture d’un point de vue environnementale, des associations de protection de la nature avaient déposé un recours dont le jugement est tombé en novembre 2022, autorisant les travaux. En l’absence d’appel, rien n’interdit désormais la place portuaire à lancer le chantier. Cette initiative devrait conduire à un gain de tirant d’eau compris entre 50 centimètres et 1 mètre, permettant d’accueillir de plus gros navires, et ce, sans avoir à jongler avec la marée, ainsi que de nouvelles installations à quai. En 2023, le programme d’investissement comprend, entre autres, la poursuite de la lutte contre la déforestation importée (notamment en ce qui concerne le tourteau de soja déchargé sur la place portuaire), l’« électrification des quais » (qui concerne notamment les « engins de manutention comme les sauterelles »), et la possibilité de « réserver en ligne des hangars pour répondre aux besoins de stockage temporaire des opérateurs, en lien avec les pointes de trafics », selon L’escale Atlantique, la lettre d’information mensuelle du PALR (édition de février 2023).

Parmi les travaux engagés par les opérateurs de la filière agricole en 2022, on peut citer pour le groupe Sica Atlantique la poursuite de la rénovation du silo Bertrand 2 (peinture, étanchéité des galeries et des toitures, pour un montant de 1,5 M€) – travaux qui seront achevés en mars 2023 – , l’installation d’une nouvelle ligne d’ensachage automatisé d’engrais en big bag (pour une enveloppe de 6 M€) – opérationnelle depuis la mi-2022 – et « le poursuite du programme de modification de l’entraînement des tapis roulants à l’aide de moteurs basse tension dotés de variateurs », selon les propos de Vincent Poudevigne, directeur général, recueillis par L’escale Atlantique. Pour l’année en cours, le groupe Sica Atlantique prévoit la réalisation d’un chantier ferroviaire de 1,5 M€ pour sa filiale SISP, dédiée à l’importation de vracs liquides (notamment des engrais et huiles végétales). « L’objectif est de créer un mini faisceau sur le site de l’ex Service des essences des armées […] afin d’optimiser la capacité de réception ferroviaire des produits liquides et des céréales », précise, au média, Vincent Poudevigne.

 

Le ferroviaire a le vent en poupe sur le port de La Rochelle

La part modale du fer a atteint 12,8 % en 2022, en progression par rapport à 2021, pénalisée par des travaux sur le réseau ferroviaire. Ce sont ainsi près de 1 230 000 tonnes de marchandises qui ont été acheminées sur la place portuaire par le train. Il s’agit quasi exclusivement de vrac solides (94 %), autrement dit du transport par voie ferrée de céréales et d’oléagineux en provenance de l’hinterland du port rochelais. Sont également concernés la pâte à papier (4 %), les vracs liquides (1 %) et le transport combiné (0,3 %).

Avec les travaux ferroviaires programmés par le groupe Sica Atlantique en 2023 (cf. ci-dessus), la part modale du fret ferroviaire sur la place portuaire devrait croître dans les années à venir, et pourquoi pas de revenir au niveau record enregistré en 2015, avec plus de 17 % de part modale.

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