Marché
Jean-François Lépy (Soufflet Négoce) : Peu de disponibilité en blé tendre et en orge pour l'export d'ici la fin de l'année
Les prix de l'orge et potentiellement du blé tendre pourraient trouver du soutien auprès de la demande chinoise, d'après Jean-François Lépy, directeur général de Soufflet Négoce. Le marché mondial du maïs s'annonce très offert.
Les prix de l'orge et potentiellement du blé tendre pourraient trouver du soutien auprès de la demande chinoise, d'après Jean-François Lépy, directeur général de Soufflet Négoce. Le marché mondial du maïs s'annonce très offert.
"Il y a actuellement peu d'urgence à commercialiser les grains (blé tendre et orges), et les stocks à la ferme sont importants", explique dans une vidéo du 31 juillet Jean-François Lépy, directeur général de Soufflet Négoce. En d'autres termes, les vendeurs font de la rétention, et l'offre s'avère donc plutôt rare pour les exportateurs, surtout sur l'hinterland de La Pallice, où les primes ont bien monté. La raison principale : une plus faible récolte hexagonale cette année, incitant les agriculteurs à la prudence. Ainsi, les informations remontées par les courtiers depuis quelques semaines se confirment. Selon l'expert, "les marchés sont un peu bloqués voire plutôt fermes, pour ne pas dire plus. Cette situation devrait durer jusqu'à la fin de l'année 2020, un peu avant noël. Les disponibilités reviendraient sur le marché avec l'arrivée des récoltes de l'hémisphère sud".
Jean-François Lépy s'attend à ce que les prix de l'orge soient soutenus par la demande chinoise, susceptibles d'entraîner dans leur sillage ceux du blé tendre. Et ce sur la première partie de campagne. "L'acteur chinois est sur un mode d'achats, toutes céréales, très importants. Il constituera un facteur important du marché dans les prochaines semaines et prochains mois de soutien des prix, au moins de l'orge dans un premier temps, et potentiellement du blé tendre, puisqu'un flux d'export français vers cette destination est en train de se dessiner", détaille-t-il. Sachant que les surfaces et les rendements hexagonaux sont en baisse entre les campagnes commerciales 2019/2020 et 2020/2021. Attention toutefois aux variations de l'euro face au dollar. Actuellement, la monnaie européenne se renforce face au billet vert, pénalisant la compétitivité des productions de l'UE sur la scène mondiale, et pesant sur les cours. L'évolution de l'euro lors de la campagne 2020/2021 sera donc essentielle.
Disponible exportable russe à 34-35 Mt
Bien que le sud de la Russie connaisse certains déboires, la récolte de blé tendre pourrait s'élever à 75-76 Mt, estime Jean-François Lépy, donnant "un beau disponible exportable, d'au moins 34-35 Mt". En Ukraine, la moisson a été ralentie par l'excès d'humidité, surtout dans le centre et l'ouest du pays. La récolte est attendue à 25 Mt, un chiffre inférieur à l'an dernier (26,5 Mt selon l'USDA en juillet), "mais c'était attendu", précise Jean-François Lépy. Ce dernier table sur "un disponible exportable de 17 Mt, avec une qualité à surveiller". Au Kazakhstan, la situation est "source d'inquiétude, puisqu'une partie est très sèche". En Roumanie et en Bulgarie, les récoltes d'orges et de blé tendre devraient reculer par rapport à l'an dernier d'au moins 3 à 4 Mt.
Le marché du maïs s'annonce beaucoup plus lourd, la récolte étant attendue comme pléthorique en Ukraine. "La situation météo est presque idéale en Ukraine, qui devrait connaître des rendements supérieurs à l'an dernier, qui étaient déjà records", alerte Jean-François Lépy. La récolte est attendue à plus de 38 Mt d'après lui, pour un disponible exportable de 32-33 Mt pour 2020/2021. "Nos amis Roumains et Bulgares vont également avoir une belle récolte de maïs, puisqu'ils ont un climat assez similaire à l'Ukraine", soutient le directeur général de Soufflet Négoce. En France, le potentiel de production est un peu entamé par la sécheresse estivale, tempère-t-il.
Jean-François Lépy conclut sa vidéo en lançant un message aux agriculteurs: "si vous avez de la marchandise et que les prix vous conviennent, vendez, car le marché a besoin d'être alimenté". Sachant que l'expert ne sait pas de quoi sera fait la seconde partie de campagne.