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Onic : blé 2005, un millésime de qualité

Lors du dernier comité permanent de l’Office national interprofessionnel des céréales (Onic), qui s’est tenu le jeudi 15 septembre, son président, Rémi Haquin, a déclaré haut et fort qu’il y avait «suffisamment de blé de qualité cette année pour répon-dre à la fois aux besoins de la meunerie française et de l’exportation». Et d’ajouter : «Malgré une récolte inférieure au record enregistré en 2004 mais supérieure à la moyenne quinquennale, il est nécessaire d’exporter sur pays tiers un volume identique à celui de l’année dernière.»

Des restitutions non concurrentielles

Cependant, le début de la campagne de commercialisation n’a pas été à la hauteur des attentes des opérateurs, loin s’en faut. «Il faudrait exporter vite», s’alarme Rémi Haquin, et utiliser pour cela tous les moyens mis à la disposition de la Commission européenne, comme des remises sur le marché libre de volumes de blé d’ex-intervention. L’adjudication de 500.000 t de grains permettrait, selon le président, de redynamiser les exportations en apportant du disponible, sans pour autant plomber davantage les prix… à l’image de ce qui s’est fait sur le marché de l’orge.

Et Bruno Hott, le directeur général de l’Onic, de renchérir : «On a la capacité de faire une campagne d’exportation honorable», mais les restitutions de 4 ou 6 euros/t, accordées par le comité de gestion, restent insuffisantes pour concurrencer les marchandises en provenance de la mer Noire. «Il aurait fallu 8 à 10 euros/t dés le début de la campagne (…) voire 12 à 15 euros/t aujourd’hui». Compte tenu des offres proposées par les opérateurs, avec 8 euros/t de restitutions, ce sont 1,850 Mt qui auraient ainsi pu être exportées voire 2,300 Mt si elles avaient atteint 10 euros/t. Mais les conséquences budgétaires ont dû effrayer la Commission européenne qui a préféré jouer la prudence et n’octroyer que les maigres 6 euros/t, reconduits par le comité de gestion du 15 septembre.

Pour autant, ce que l’on n’exportera pas sera mis à l’intervention, avec des coûts qui sont nettement plus élevés : «de l’ordre du simple au double», selon le directeur général, qui estime le financement de l’intervention à 30 euros/t.

Quelque 30 Mt de blé haut de gamme

Et du blé interventionnable, les producteurs français en ont à revendre, au vu de la bonne qualité du millésime 2005. Selon l’Onic, ce sont 30 Mt de blé tendre —sur une production de 35 Mt— qui sont répertoriés en classes E et 1. Trois tonnes sur quatre affichent un taux de protéine supérieur à 12 %. Avec une teneur en eau idéale et de très bons Hagberg, le millésime 2005 permettra de satisfaire l’ensenble des besoins des utilisateurs, grâce à la gamme complète des blés récoltés.

L’année 2005 sera en effet l’année des protéines avec un taux de 12,3 % en moyenne, soit un point de plus que l’an dernier. Fait remarquable cette année, près des trois quarts de la production se situe au-dessus de 12 %. La teneur en eau demeure stable d’une année sur l’autre. Avec 13,3 %, le taux constaté en 2005 est idéal pour bien conserver les grains. Les fortes chaleurs de juin et les pluies de début août ont toutefois influé, ici ou là, sur les poids spécifiques. La moyenne nationale s’établit à 76,6 kg/hl, en baisse par rapport à 2004. Près de 9 tonnes sur 10 respectent les normes de l’intervention. Le solde, à faible PS mais à fort taux de protéine, sera aisément absorbé par les éleveurs et les fabricants d’aliments du bétail, dont la consommation totale de blé atteint 10 Mt environ chaque année. Cette météorologie capricieuse de fin de campagne n’a en revanche, pas eu d’impact sur les temps de chute de Hagberg qui restent très bons : les deux tiers de la production dépassent les 300 secondes.

La filière céréalière française s’attache depuis de nombreuses années à proposer une production de qualité : 9 hectares sur 10 sont désormais cultivés avec des blés panifiables issus d’une sélection rigoureuse au sein d’une gamme de variétés de plus en plus large. Plus de 85 % de la récolte est constituée de blés de qualité supérieure dont le tiers relève de la classe E correspondant à du produit très haut de gamme. Et l’Onic de conclure : «La moisson 2005 totalise ainsi le volume le plus important de blés de classes E et 1 jamais enregistré depuis la mise en place de la grille de classement en 1999 : 30 Mt !»

Valoriser la qualité française sur tous les marchés

Malgré une récolte moins abondante que l’an dernier (35 Mt de blé, 13 Mt de maïs, 10 Mt d’orge, 2 Mt de blé dur), la France est en mesure de répondre aux besoins de ses différents marchés, tant en volume qu’en qualité.

Dans un contexte de baisse de la production mondiale, la France a une carte à jouer. Combler le déficit enregistré par certains de ses voisins européens, victimes de la sécheresse, sera sa première priorité. Ses ventes de blé et d’orge devraient ainsi progresser sur le sud de l’Union européenne, en particulier vers l’Espagne. A l’exportation, malgré la concurrence redoutable des origines mer Noire en ce début de campagne, les besoins de nos clients traditionnels restent élevés et la qualité des blés français récoltés cette année peut faire la différence. Reste à compenser, comme il se doit, le handicap d’un taux de change euro/dollar très pénalisant pour les exportations européennes, souligne l’Onic.

La campagne d’export UE démarre lentement en blé

Malgré l’ouverture de la campagne d’exportation dès le 14 juillet, le volume de certificats octroyés dans l’Union européenne reste limité, notamment en blé. Les blés européens pâtissent de la concurrence des origines mer Noire, vendues à bas prix sur le marché mondial. Les écarts de prix constatés, de l’ordre de 30 $/t, sont aggravés par la faiblesse du dollar face à l’euro.

Près de 250.000 t de maïs d’intervention revendues

Face au déficit fourrager de certains pays du sud de l’UE, victimes de la sécheresse, la Commission a décidé de remettre sur le marché une partie des stocks de céréales d’intervention communautaire dès le mois de juillet 2005. Près de 250.000 t de maïs d’intervention ont ainsi été revendues sur le marché européen au cours des dernières semaines. Ces reventes permettent de désengorger progressivement les stocks de certains pays, en particulier les nouveaux Etats membres, qui ont eu massivement recours à l’intervention au cours de la campagne 2004/2005.

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