Nutrition animale : une embellie des fabrications en 2024 avant un déclin programmé
Le 7 novembre, la section Nutrition Animale de La Coopération Agricole a montré que l’année 2024 est plutôt meilleure en volumes, tout en rappelant que ses prévisions à moyen terme sont moins flamboyantes.
Le 7 novembre, la section Nutrition Animale de La Coopération Agricole a montré que l’année 2024 est plutôt meilleure en volumes, tout en rappelant que ses prévisions à moyen terme sont moins flamboyantes.

Avec un rebond d’environ 2 %, l’année 2024 devrait se solder par une production nationale d'aliments composés de 19,5 Mt estime David Saelens, le président de La Coopération agricole Nutrition animale (LCA NA) qui tenait sa 9e convention annuelle le 7 novembre à Paris. Le segment porc poursuit sa baisse structurelle avec -2 % quand le segment volaille rebondit après l’influenza aviaire (+4,5 %), et le segment ruminants s’améliorent avec +2 % dans un climat conjoncturel qui était favorable tant en lait qu’en viande. Les robots de traite et les troupeaux qui s’agrandissent offrent des opportunités à des aliments plus techniques. « Mais nous prévoyons ensuite une baisse d’environ 1 % par an des volumes pour atteindre 18,3 Mt à cinq ans », tempère le président.
Lire aussi : Les épizooties dégradent la production d’aliments composés en août 2024
Quand décarbonation rime avec compétitivité
Le secteur s’appuie sur ses travaux collectifs, autour de ses trois syndicats (LCA NA, Snia, Afca Cial) pour avancer : l’année a ainsi vu la publication du plan sectoriel pour une nutrition animale décarbonée et compétitive, organisé en cinq points : gagner en efficience par la nutrition de précision, œuvrer pour la compétitivité des filières d’élevage, décarboner et réduire les impacts environnementaux, contribuer à la santé et au bien-être animal, nourrir les animaux pour nourrir les hommes en diversité et en qualité.
Pour le conduire à bien, les professionnels rappellent l’importance de la sanctuarisation de la hiérarchie des usages des ressources, pour éviter la concurrence notamment sur les coproduits : alimentation humaine puis alimentation animale et enfin production d’énergie.
Autre sujet d’inquiétude, la forte dépendance de nos élevages aux importations d’additifs et, tout particulièrement, de vitamines en provenance d’Asie.
Guide interprofessionnel et certification relative à la mesure des émissions de gaz à effet de serre
Avec un poids important dans les élevages, notamment des monogastriques, la nutrition animale rappelle aussi qu’elle représente un enjeu clé pour la décarbonation des filières des productions animales avec, la encore, un engagement collectif pour réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre entre 2020 et 2030. « Voire plus », ajoute le président, qui estime que « la décarbonation de l’élevage est une formidable opportunité pour montrer ce que la nutrition animale sait et peut faire ».
Avec la sortie du guide interprofessionnel sur la méthode de calcul des émissions de gaz à effet de serre, qui devrait être assortie d’une nouvelle certification par Oqualim dès le début de l’année prochaine, la nutrition animale française s’est déjà dotée d’un outil pour disposer de données cohérentes. Elle travaille en ce moment, au sein de son conseil scientifique de la nutrition animale (CSNA) à recenser également tous les leviers d’action pour réduire les émissions de méthane.
L'élevage français en péril
L’avenir passe en tous cas par le maintien de l’élevage en France. Henri Bies-Péres, représentant le Cese (Conseil économique, social et environnemental) qui venait présenter son récent avis intitulé « Relever les défis de l’élevage français pour assurer sa pérennité », a rappelé quelques chiffres inquiétants : l’agriculture a perdu un tiers de ses exploitants entre 2010 et 2020, la tendance va se poursuivre or, ce sont surtout les élevages qui disparaissent.
Changement de périmètre d'Oqualim
2024 a aussi été marquée par un travail de fond pour réorganiser les structures autour de la sécurité sanitaire : dès l’accord des assemblées générales de fin d’année 2024 (dont celle d’Oqualim le 17 décembre), Oqualim devrait ainsi fusionner avec Qualimat et Qualimat Sud-Ouest ainsi qu'Oqualim Sud-Est sur la partie sécurité sanitaire (le segment approvisionnements restant dans un GIE qui va changer de nom).
Renaud Lailler, nommé directeur d’Oqualim le 1er octobre dernier, devrait donc prendre la direction de ce nouvel ensemble dès le 1er janvier 2025. L’aspect sécurité sanitaire reste un incontournable du marché : le secteur a connu trois alertes cette année (salmonelles, aflatoxines, OGM) qui ont été gérées collectivement.