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Guerre en Ukraine - le transport européen de grains hors mer Noire s’organise, sous tension

La Roumanie et la Croatie proposent des alternatives de transport. L’UE piétine pour augmenter la capacité des couloirs  de solidarité.

Les Européens cherchent de nouvelles alternatives de tranport pour améliorer la sortie des grains d'Ukraine.
© Spike Brokers / UkrAgroConsult

C’est dans un contexte de reprise des attaques russes sur des installations portuaires d’Odessa et sur des ports situés sur la rive ukrainienne (à quelques centaines de mètres de la Roumanie), mais aussi d’une attaque de drone naval ukrainien contre le port russe de Novorossiirsk et l’attaque d’un pétrolier russe par l’Ukraine, que les pays limitrophes de l’Ukraine et l’UE tentent de mettre en place des solutions de transport et de logistique qui éviteraient d’avoir à systématiquement passer par la mer Noire pour écouler les grains ukrainiens.

La Roumanie et la Croatie à la manoeuvre

C’est d’abord la Roumanie qui a proposé d’accélérer la capacité d’une des routes clé pour le transport des grains ukrainiens vers le reste du continent européen. « Maintenant, la Roumanie peut ouvrir de nouveaux points de contrôle avec l’Ukraine, augmenter le personnel nécessaire aux opérations dans points de contrôle existants et mettre à disposition l’armée pour accélérer le transit des bateaux à travers les différents canaux sur le Danube » afin d’atteindre ensuite le port roumain de Constanza, selon une dépêche de l’agence Bloomberg citant le ministre roumain des Affaires étrangères Luminita Odobescu. Rappelons que le port de Constanza est le port le plus important de l’Union européenne sur la mer Noire et que sa proximité avec l’Ukraine et des coûts de fret faibles en fait un atout de choix pour trouver des routes alternatives au transport en mer Noire à partir des grands ports de la région d’Odessa.

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Au fur et à mesure que la solution roumaine se développe, les observateurs signalent de longues files d’attentes de camions en attente de contrôle entre l’Ukraine et la Roumanie et un début de congestion des navires sur le Danube. Bloomberg précise que, dès le mois prochain, le nombre de pilotes de navire mis à disposition dans le cadre de cette initiative passera de 40 à 60. Le canal de Sulina en Roumanie, en prise avec le Danube, a aussi été réactivé, et, là aussi, des débuts d’embouteillages se font jour : une bonne centaine de bateaux sont comptabilisés à ce jour en attente de pouvoir accoster. Certains ont stoppé leur avance vers la mer Noire, d’autres patientent à l’embouchure du fleuve. Même phénomène du côté d’Izmaïl et de Réni, deux autres ports du Danube en pointe pour aider à acheminer les grains ukrainiens : « Les ports de Reni et d'Izmaïl ne peuvent pas gérer cela », ce sont des « gouttes dans l'océan » en comparaison de ceux de la mer Noire, estime le chauffeur Anton Moïsseïev, interrogé par l’AFP. « Il y a beaucoup de céréales mais nous ne pouvons pas les sortir d'Ukraine », constate-t-il.

L’Ukraine a également précisé qu’elle continuait de travailler sur un plan permettant d’augmenter les passages de bateaux via sa frontière commune avec la Pologne.

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Nouvelle alternative qui se profile, la Croatie. Dmytro Kuleba, ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, et Gordon Hyrlych-Radman, ministre des Affaires étrangères et européennes de la Croatie, ont conclu un accord le 2 août 2023 : « Nous sommes d’accord sur la possibilité d’utiliser les ports croates du Danube et la mer Adriatique pour transporter des grains ukrainiens. Nous allons maintenant travailler pour mettre en place les routes les plus efficientes vers ses ports afin de rentabiliser cette opportunité » a notamment déclaré Dmytro Kuleba, cité par UkrAgroConsult.

L’Otan, l’UE et le G20

« Des convois de l’Otan peuvent protéger les grains de la récolte qui sortent d’Ukraine, à l’image de ce qui avait été fait dans les années 80 contre l’Iran » a déclaré à Bloomberg James George Stavridis, ancien amiral de la marine américaine et ancien commandant suprême des forces alliées en Europe, actuellement vice-président, affaires mondiales et directeur général de la société d'investissement mondiale Carlyle Group, et président du conseil d'administration de la Fondation Rockefeller. La presse ukrainienne rapporte aussi l’insistance de Kiev pour que les grains ukrainiens puissent sortir du pays via les eaux bulgares ou roumaines, via des convois escortés par des bateaux de l’Otan.

De son côté, l’UE a récemment rappelé que son initiative de « couloirs solidaires », prise courant 2022 et mise en œuvre en mai 2023, avait permis de transporter 60 % des grains exportés depuis l’Ukraine contre 40 % dans le cadre de l’Initiative grain en mer Noire (interrompue le 17 juillet). Et si l’UE affirme haut et fort qu’il faut renforcer son dispositif, les mesures concrètes tardent à venir, y compris après le dernier Conseil agricole de l’UE de juillet. A tel point que l’Association ukrainienne des grains (UGA) a fait appel à Valdis Dombrovkis, commissaire européen au commerce, pour qu’il considère la manière d’optimiser les routes alternatives des couloirs solidaires. L’UGA propose notamment d’augmenter les volumes éligibles à ce dispositif (+ 1 à + 1,5 Mt par mois) tout en trouvant un système de compensation pour les transporteurs et les ports concernés. Des « corridors verts » sont aussi proposés par l’UGA pour accéder aux ports maritimes des pays baltes, d’Allemagne, des Pays-Bas, de la Croatie, de l’Italie et de la Slovénie.

Un élément concret, toutefois, a été révélé le 11 juillet : la Commission européenne et la Banque européenne d'investissement ont publié une étude suggérant que l'écartement européen des voies sur les lignes ferroviaires vers Lviv et Chiṣinău devrait être déployé comme première étape pour améliorer les liaisons entre la Pologne et l'Ukraine, et entre la Roumanie et la Moldavie.

 

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