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Net rebond des exportations de blé tendre français vers les pays-tiers prévu en 2022/2023, selon FranceAgriMer

La France a exceptionnellement exporté d’importants volumes de blé tendre vers l’Egypte en ce début de campagne 2022/2023.

© minka 2507 (pixabay)

Les exportations françaises de blé tendre sur pays tiers devraient fortement rebondir entre les campagnes commerciales 2021/2022 et 2022/2023, passant de 8,8 Mt à 10,3 Mt, selon les prévisions de FranceAgriMer, qui présentait ses bilans lors d’une visioconférence le 12 juillet, faisant suite au conseil spécialisé Grandes Cultures.

Les raisons sont multiples. L’euro est actuellement très bas par rapport au dollar, à parité ou presque, redonnant de l’attractivité aux origines européennes mais aussi françaises sur la scène mondiale. Ensuite, « selon les premiers éléments d’enquête, les qualités des blés nationaux seraient, pour le moment, meilleures que l’an dernier. Ainsi, il y aurait davantage d’offre meunière correspondant davantage aux cahiers des charges internationaux, au détriment des clients UE, destination sur laquelle nous envoyons davantage de qualité fourragère », explique Marc Zribi, chef de l’unité Grains et Sucre de FranceAgriMer. Les exportations sur l’UE sont d’ailleurs attendues à la baisse d’un an sur l’autre, passant de 7,974 Mt à 7,02 Mt.

530 000 t de blé français vers l’Egypte

Autre élément rendant les opérateurs optimistes au conseil spécialisé Grandes Cultures : les achats égyptiens exceptionnellement élevés en début de campagne commerciale 2022/2023. FranceAgriMer rappelle que le pays a acheté environ 1,3 Mt, dont 530 000 t d’origine française. « L’Egypte a pu acheter d’importants volumes à des prix très élevés, permis notamment par l’aide internationale (le prêt de 500 millions de dollars accordé par la Banque Mondiale en juin 2022) », précise Marc Zribi.

Enfin, la Russie devrait disposer d’une récolte record, mais elle pourrait éprouver des difficultés à faire sortir ses marchandises, du fait des effets indirectes des sanctions financières occidentales, affectant les facilités de paiement bancaire, renchérissant notamment le coût des assurances, remémorent les spécialistes de FranceAgriMer.

Les prévisions de FranceAgriMer 2022/2023 peuvent évoluer fortement !

Toutefois, ces prévisions sont à prendre avec la plus grande précaution, la campagne commerciale débutant tout juste, car nombreuses sont les incertitudes, préviennent les experts de FranceAgriMer. En effet, l’euro est actuellement faible, dopant la compétitivité française. Mais quid de l’avenir ? Combien vaudra l’euro face au dollar la semaine prochaine et dans les mois prochains ? Par ailleurs, la Russie pourrait avoir des difficultés à exporter, mais où en sera le conflit dans les prochains mois ? Le pays va-t-il tout de même trouver le moyen d’expédier ses importants volumes, sachant que des nations importatrices ont des besoins à couvrir ?

Quid de l’Inde également ? L’USDA parie sur des exportations nationales de 8 Mt. « Mais le consensus du marché est bien plus bas. Des analystes privés tablent sur une production nationale équivalente à la consommation, laissant peu de disponibilités à l’export », pointe Marc Zribi.

Enfin, des incertitudes demeurent concernent la récolte française, encore en cours. Quelle sera plus précisément le profil qualitatif de l’offre hexagonale en 2022 ?

Que va faire l’Espagne ?

Les opérateurs présents lors du conseil spécialisé Grandes Cultures de FranceAgriMer parient par exemple, pour le moment, sur une régression des importations espagnoles de blé tendre français. Mais cela pourrait évoluer, sachant que l’Espagne ne disposera pas d’une bonne récolte 2022, ayant souffert du déficit hydrique et de la chaleur. Des sources privées nous rapportent pour le moment une bonne dynamique de la demande espagnole pour des origines françaises.

Concernant les orges fourragères, les exportations sur pays-tiers sont attendus en baisse d’une campagne commerciale à l’autre, passant de 3,4 Mt à 2,8 Mt, compte tenu des incertitudes sur la demande chinoise. En effet, les opérateurs du marché contactés relèvent pour l’instant l’absence de l’acheteur chinois, freinant l’activité portuaire depuis plusieurs semaines. Les ventes vers l’UE grimperaient de 135 000 t sur la période, à 2,835 Mt en revanche.

Du côté du blé dur, les exportations vers pays-tiers 2022/2023 s’effriteraient de 250 000 t par rapport à 2021/2022, à 750 000 t, compte tenu du retour en force du Canada, indique Marc Zribi. Pour la destination, l'export progresserait légèrement, passant de 95 000 t à 100 000 t.

Légère baisse de la consommation de la meunerie

Sur le marché intérieur, FranceAgriMer s’attend à une consommation hexagonale du segment panification (un des segments de l’activité meunerie) en régression entre 2021/2022 et 2022/2023, passant de 2,810 Mt à 2,750 Mt. Ceci en raison « de poids spécifiques et de poids de mille grains pour le moment meilleurs que l’an dernier selon nos observations. La meunerie française pourrait ainsi consommer moins de volumes de blé cette année, les rendements farine étant susceptibles d’être supérieurs », soulève Marc Zribi.

Net recul de la consommation de blé par la Nutrition animale

La consommation des fabricants d’aliments pour animaux (Fab) de blé tendre est attendue en nette régression entre 2021/2022 et 2022/2023, de 570 000 t, à 3,9 Mt, compte tenu de l’épidémie de grippe aviaire qui a frappé l’Hexagone, provoquant une certaine décapitalisation du cheptel national, réduisant ainsi les débouchés de l’industrie, rappelle Marc Zribi. De plus, « le redémarrage de la consommation de la filière volaille est plus faible qu’attendu en ce début de campagne », renchérit l’expert.

Les Fab français devraient davantage se reporter sur l’orge en 2022/2023 par rapport à 2021/2022, porté par une meilleure compétitivité prix de la marchandise par rapport au blé tendre, relève FranceAgriMer. La consommation est projetée à 1,2 Mt, contre 1,05 Mt l’an dernier.

La hausse des exportations françaises de blé tendre cumulée à la baisse de la collecte 2022 par rapport à 2021 compenserait largement la baisse de la consommation intérieure (meunerie et Fab), et devrait engendrer des stocks nationaux plus faibles en fin de la présente campagne par rapport à l’an dernier, en repli de presque 1 Mt, à 2,339 Mt.

En orge, le stock hexagonal de fin de campagne 2022/2023 s’établirait à 1,564 Mt, contre 1,223 Mt en 2021/2022, essentiellement du fait d’achats moindres de la part de la Chine. La consommation intérieure ne pourrait pas compenser l’absence chinoise.

En maïs, le stock de fin de campagne 2021/2022 évolue peu, à 2,618 Mt, contre 2,569 Mt, conséquence notamment d’une régression de la consommation des Fab, passant de 2,950 Mt à 2,930 Mt.

En blé dur, les réserves de fin de campagne 2022/2023 seraient plus faibles qu’en 2021/2022, passant de 132 000 t à 102 000 t, du fait de la récolte française 2022 moins abondante que 2021.

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