Qualité sanitaire des grains
Mycotoxines : de réels risques dans l’UE
Avec une météo très imprévisible tout au long de la culture, les grains européens présentent un risque de mycotoxines entre modéré et élevé selon l’enquête réalisée par Alltech dans quinze pays de l’UE et des régions alentour.
Avec une météo très imprévisible tout au long de la culture, les grains européens présentent un risque de mycotoxines entre modéré et élevé selon l’enquête réalisée par Alltech dans quinze pays de l’UE et des régions alentour.
Quelque 274 échantillons de 12 matières premières dans 15 pays : l’enquête Alltech sur la qualité des grains récoltés dans l’UE et ses régions limitrophes ne comporte pas cette année d’échantillons prélevés en France, mais apporte des informations larges sur l’état sanitaire des cultures. Les niveaux moyens des contaminations sont généralement inférieurs aux recommandations européennes pour chacune des mycotoxines. Toutefois, les enquêteurs pointent le risque des multicontaminations pour les animaux d’élevages. Les plus fragiles face aux profils en mycotoxines de cette année seraient les truies et les porcelets. Les résultats montrent qu’une immense majorité des échantillons sont contaminés par deux mycotoxines ou plus (96,4 %) avec une moyenne de 4,4 mycotoxines. Les occurrences sont les plus élevées pour les fumonisines, les mycotoxines émergentes (beauvericine, moniliformine, phomopsine A, alternariol, enniatine A et B) et les trichothécènes B, toutes présentes dans plus de 74 % des échantillons, suivies par l’acide fusarique (40 %).
De l’ergot danois aux fumonisines ibériques
Sans surprise, les contaminations varient selon les zones. Ainsi, 6 % des échantillons danois portent des alcaloïdes d’ergots (orge) alors que le sud de l’Europe (Portugal, Espagne, Grèce et Croatie) est très fort en fumonisines (91,3 % des échantillons, à un taux moyen qui perturbe les performances des porcs). L’Europe centrale (Allemagne, Hongrie, République tchèque) est assez proche en taux de contamination (86,7 % des échantillons contiennent des fumonisines) alors que les pays baltes et l’Europe de l’Est (Estonie, Lituanie, Russie, Biélorussie, Kazakhstan) sont un peu moins risqués sur ce point mais près de 71 % de leurs échantillons contiennent cependant des trichothécènes B, des fumonisines et/ou des mycotoxines émergentes. Ces dernières préoccupent les nutritionnistes. Plus des trois-quarts des échantillons analysés par la firme dans son laboratoire irlandais en contiennent. Certains résultats sont rassurants : ainsi, moins de 7 % des échantillons sont contaminés en aflatoxine B1 et seuls 0,36 % des 274 aliments testés dépassent les teneurs maximales autorisées dans l’UE pour cette mycotoxines (<20 ppb). Cela signale toutefois que la vigilance reste de mise car il s’agit, historiquement, d’une mycotoxine des pays tropicaux et équatoriaux.
Les pires échantillons affichent des contaminations très élevées : 293 ppb en aflatoxines, 5 646 ppb en trichothécènes B pour un ensilage de maïs en Lituanie, 8 123 ppb de fuminosines pour un ensilage de maÏs portugais et 35 871 ppb pour un ensilage de maïs espagnol. Pour les auteurs du rapport, le risque est clairement très différent entre les gros grains comme ceux de maïs et les petits grains de blé, d’orge ou d’avoine, avec une contamination moyenne de 6,4 mycotoxines sur les gros grains contre 3,6 sur les petits.