Meunerie française : une fin de campagne sur fond de morosité
En 2004, la boulangerie artisanale, le premier secteur utilisateur de farine avec 70% des parts de marché, enregistre une baisse significative de ses achats de 3,3%, indique l’ANMF.
Les chiffres clés 2004 de la meunerie française révèlent une stabilisation globale du marché intérieur avec des variations selon les débouchés, indique l’Association nationale de la meunerie française (ANMF) dans un communiqué. C’est ainsi que le premier marché utilisateur de farine, la boulangerie artisanale, enregistre une baisse significative de 3,3%. Ces données confirment les conclusions d’une récente étude consacrée à la meunerie, réalisée par l’Office national interprofessionnel des céréales (Cf. notre édition du 7 juillet dernier).
Une réelle tension économique
Présentée lors du dernier comité permanent de l’Onic, cette étude qualitative met en exergue la chute des exportations de 54% entre 1999 et 2003, avec un risque de report sur le marché intérieur qui ne peut absorber ces volumes. Il rapporte aussi l’augmentation des charges —en raison des investissements de mises aux normes imposées par les textes réglemantaires— qui peuvent met-tre en péril certaines entreprises, d’autant plus que le pouvoir de négociation de certains clients industriels se renforcent et que la concurrence est davantage exacerbée sur le marché intérieur. Si l’Onic conclut à la nécessité de la réduction des capacités d’écrasement des moulins en mettant l’accent sur les moulins exportateurs, il insiste toutefois sur une nécessaire restructuration au niveau européen, tant la globalisation des marchés devient un paramètre incontournable de la meunerie.
Selon Michel Deloingce, président de l’ANMF, «la chute des exportations de farine qui s’est poursuivie en 2004 continue de pénaliser la profession par une sous-utilisation de ses outils de production alors que les débouchés n’enregistrent pas de croissance depuis plusieurs années sur le marché intérieur». De plus, il rajoute que «la fluctuation des prix de la matière première, la pression sur les prix de vente des produits finis, l’obligation de traçabilité et l’augmentation des charges (sa-laires, transport, énergie…) exposent les entreprises à une réelle tension économique».
Une baisse des exportations
L’année 2004 voit ainsi le chiffre d’affaires du secteur diminuer légèrement, passant à 1,47 Md'euros (contre 1,48 Md'euros en 2003) dont 179 Md'euros à l’exportation. La meunerie française a utilisé 5,60 Mt de blé en 2004, contre 5,63 Mt l’année précédente. Elle a écrasé 17,2% du blé commercialisé en France au cours de la campagne 2003/2004 et 16% pour la campagne 2004/2005. Elle utilise du blé français en quasi-totalité. En 2004, les importations ne représentent que 1,73% des blés en œuvre, 96.956 t proviennent de l’UE (principalement Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie et Espagne) et 1.551 t des pays tiers (principalement du Canada et des Etats-Unis).
La production de farine poursuit sa baisse pour atteindre 4,35 Mt, contre 4,38 Mt en 2003. Alors que l’utilisation sur le marché intérieur se stabilise avec 3,85 Mt, les exportations enregistrent une nouvelle baisse de près de 14% pour chuter à 651.635 t, contre 756.365 t en 2003. La meunerie française exporte vers plus de 90 destinations dans le monde, dont les principales sont en 2004 : l’UE (26,5%) et les pays tiers (73,5%). La Lybie (19,7%) et l’Angola (10,7%) en sont les deux premiers clients.
La panification, débouché principal de la farine, représent 67% des parts de marché, en baisse par rapport à l’année précédente de 2,6%. L’utilisation par les industries alimentaires (biscuiterie, biscotterie…) est quant à elle en hausse de 9,5% pour représenter 20,6 % des parts de marché. La boulangerie-pâtisserie industrielle et les ateliers de boulangerie-pâtisserie de grande surface ont utilisé respectivement 627.193 t et 231.807 t de farine. Ils maintiennent leurs parts de marché.
La meunerie française compte aujourd’hui 511 unités de production, contre 523 en 2003.