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Exportations de farines
Marché de plus en plus concurrentiel

Les ventes de farines françaises à destination des pays tiers se sont révélées dynamiques en 2008. Mais la concurrence devrait s’accroître

Les meuniers français ont exporté près de 474.000 t de farine en 2008. Un record depuis 2005 ! Le recul des disponibilités en blé de meunerie à l’échelle internationale et la mise en place de freins à l’exportation des céréales dans certains pays, en réaction à la crise alimentaire, aurait dopé les achats de farine en 2008. Angola, Libye, Cuba et Tchad concentrent 58 % du total des expéditions des farines françaises sur pays tiers.

La Libye reste une bonne cliente en 2008

L’Angola, qui a commandé 106.000 t, demeure la première destination des farines françaises. La Libye reste un client important. Elle a représenté un débouché de 80.000 t en 2008. Mais cette demande est vouée à s’amenuiser. « La meunerie locale a en effet fortement évolué,témoigne Elodie Rubio du Symex (Syndicat français de la meunerie d’exportation). Ses capacités de transformation atteignent 2 Mt. »

Les droits de douane à l’importation de farines, actuellement gérée par l’Etat, restent quasi-nuls. Mais du fait de la mutation du secteur, le gouvernement pourrait être tenté de revoir son système de subventions voire de relever ses barrières tarifaires. Le Symex appelle donc la Commission européenne à la vigilance dans le cadre de négociations pour un accord de libre-échange entre la Libye et l’UE. Autre élément marquant de l’année 2008 : la reprise des exportations vers Cuba. Elles culminent à leur plus haut niveau depuis 2004. Les ventes vers le Tchad continuent de progresser.

La Turquie entend conserver sa vocation d’exportatrice de farine

Les adhérents du Symex gardent un œil sur la concurrence sur le marché mondial et notamment la Turquie. Si le pays s’est montré moins offensif à l’exportation l’an passé, « il est probable qu’il réactivera son système de subvention si sa récolte de blé s’avère bonne », anticipe le Syndicat des meuniers exportateurs. Une perspective confirmée par l’USDA qui indique que la Turquie souhaite faire tourner ses moulins. Le pays dispose d’une capacité de production de 30 Mt qu’elle n’utilise qu’à 60 % ! En retrait sur l’Irak, qui a préféré acheter du blé, les ventes de farine turque ont progressé sur l’Indonésie et la Libye. Ces deux destinations représentent 60 % de ses exportations, contre 30 % en 2007. Là encore, le Symex et Euroflour, le syndicat européen, ont sensibilisé Bruxelles à l’enjeu de la politique turque pour les industriels français et européens.

Le syndicat a également insisté auprès de la Commission pour que les négociations soient relancées avec l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est). Elles sont aujourd’hui bloquées pour des raisons politiques. Il faut prendre garde à ne pas perdre de nouvelles parts de marché sur cette zone, alors que l’Australie et la Nouvelle Zélande ont, elles, signé un accord de libre-échange. Or, l’Australie dispose d’un important potentiel d’exportation. Cette situation ne pourra que la favoriser.

Concernant les ventes aux pays de la zone ACP, le Symex s’est entretenu avec les ambassadeurs de différents pays africains pour leur faire mesurer l’effet pervers des taxes trop élevées qu’ils imposent à l’importation de farines. La production locale étant insuffisante pour couvrir la demande, les pays se retrouvent plongés dans des situations de crise. « Compte tenu de l’évolution à long terme des prix des matières premières », il est urgent pour certains pays ACP de sécuriser leur approvisionnement.

Gare à l’Ukraine

Un pays à surveiller de près en matière d’ex­portation de farine : l’Ukraine, qui est déjà venue jouer les trouble-fêtes sur le marché du blé. Si le pays se concentre jusqu’alors sur l’exportation de céréales, il a montré sa capacité d’adaptation. Les meuniers ukrainiens, dont les sites de production sont déjà sous-exploités, pourraient bien moderniser rapidement leurs usines. Les agriculteurs eux-mêmes disposent d’une forte marge de développement de leur production, tant en termes de volume que de qualité. L’Ukraine s’approvisionne en farine préférentiellement auprès du Kazakhstan, premier exportateur mondial, et de la Russie.

Un vide juridique pour les délais de paiement à l’export dans la LME

Dans un contexte de concurrence grandissante, les meuniers français se voient imposer de nouvelles contraintes avec l’application depuis janvier de la LME. Celle-ci prévoit une réduction des délais de paiement contractuels à 45 jours fin de mois ou 60 jours à compter de la date d’émission de la facture. « Ces dispositions, destinées à permettre aux entreprises françaises de gagner en compétitivité pour leur activité sur le territoire, trouvent difficilement à s’appliquer pour les opérations export », dénonce le Symex. Les délais de paiement sur ce marché sont beaucoup plus longs, assure-t-il. Or, rien ne serait prévu dans la loi pour les contrats internationaux. La DGCCRF a assuré qu’elle ne contrôlerait pas en priorité ce secteur d’activité. Mais le cabinet du secrétaire d’Etat chargé du Commerce, interrogé par le Symex début février, a indiqué qu’il n’y avait pas de ligne officielle de l’administration française concernant l’application de la LME à l’export. « Ce qui ne peut garantir qu’il n’y aura pas de contrôle de la part des autorités administratives ou une action en justice sur cette base », s’inquiète le syndicat.

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