L’IPAA revisité en 2010
La base de calcul de l’indice du “coût matières premières” d’un aliment composé s’adapte aux nouvelles contraintes et disponibilités des marchés
COUP DE JEUNE. L’indice IPAA, qui reflète le “coût matières premières” d’un aliment du bétail s’adapte à la nouvelle donne des marchés, liée notamment à l’essor des bioénergies. Sa formule, basée sur un panier de matières premières représentatives des pratiques des industriels, est établie conjointement par le Snia (Syndicat national de l’industrie de la
nutrition animale) et Coop de France Nutrition animale et sa valeur calculée par votre hebdomadaire La Dépêche-Le Petit Meunier. La dernière révision de la base de calcul remonte à 2001. La profession apporte en 2010 un “ toilettage ” avec des ajustements qui reflètent des évolutions profondes de l’offre de matières premières à disposition des industriels.
Les coproduits éthanoliers font leur entrée dans le calcul de l’IPAA
Les remoulages et surtout les drêches de blé font leur apparition dans la formule type de l’IPAA. Un événement traduisant la montée en puissance de la production de bioéthanol en France et dans l’UE. Quelques 525.000 t de drêches de blé, générées par les usines de Lillebonne, Banzancourt et Beinheim, sont disponibles dans l’Hexagone. Et la nutrition animale a appris à les valoriser. La consommation de drêches de distillerie des fabricants d’aliments composés européens aurait atteint 1,5 Mt en 2008/09 et devrait se porter à 2,1 Mt en 2009/2010, selon le Conseil international des céréales. En parallèle, le taux d’incorporation du son fin est abaissé. L’introduction des drêches, mais aussi de remoulages permet en fait « d’affiner la représentation des coproduits de la transformation du blé », commente le Snia. Le total, sons fins compris, reste en effet stable à 9 %. Les coproduits de l’amidonnerie sont représentés par le corn gluten feed, dont la proportion est rehaussée. Les autres PSC, citrus et solubles de distillerie, sortent de la liste des principales matières premières utilisées par les fabricants d’aliments composés.
La place du tourteau de colza confortée
La part des tourteaux de colza est rehaussée de manière significative compte tenu de la progression de l’offre européenne. Le développement de la production de biodiesel s’est en effet accompagné d’une forte progression des disponibilités. Elles sont passées, en France, d’environ 0,8 Mt en 2003 à 2,3 Mt en 2009. Les volumes devraient frôler les 2,7 Mt en 2010. L’incorporation des Fab français est passée de moins d’1 Mt en 2000 à près de 2 Mt en 2009.
La proportion de pois dans la formule de l’IPAA recule de 8 % à 2 % pour traduire la baisse de production. De plus de 350.000 ha en 2003, la sole nationale de pois a régressé au fil des ans pour tomber à 100.000 ha en 2008. Ainsi, les Fab ont-ils consommé, l’an dernier, plus de 6 Mt de matières premières riches en protéines, dont environ 3.2 Mt de soja, principalement importé du continent américain, environ 2.5 Mt de tourteau de tournesol et de colza, contre moins de 150.000 tonnes de
protéagineux, selon le Snia.
Le nouveau pourcentage de pois retenu pour le calcul de l’IPAA semble même supérieur aux pratiques actuelles. « Il anticipe en fait un redressement de la production », justifient les représentants de la nutrition animale. En 2009 en effet, la sole a progressé de nouveau, à la faveur d’incitations fiscales notamment (cf. encadré). Les rendements étant au rendez-vous, la production en 2009 a bondi de 22 % sur un an. A 550.000 t, elle reste cependant en retrait de 46 % par rapport à la moyenne 2004-2008. La proportion de graine de colza est maintenue à un niveau semblable à celle de 2001. Sur des marchés très corrélés, elle représente l’ensemble des graines oléagineuses entières utilisées par les Fab. De son côté, la proportion de céréales, qui restent les matières premières majeures de la formule type, progresse.