COT'Hebdo Céréales
Les prix du blé tendre remontent, soutenus par les aléas climatiques dans certains pays
L’évolution hebdomadaire des prix des céréales (blé tendre, blé dur, orge fourragère, orge de brasserie et maïs) et des coûts du fret fluvial sur le marché physique français entre le 28 août et le 4 septembre 2024, expliquée par La Dépêche Le petit meunier.
Les prix du blé tendre ont gagné du terrain sur Euronext entre le 28 août et le 4 septembre, compte tenu de productions moins bonnes qu’attendu au sein de divers bassins de production mondiaux.
La production de l’UE a été revue en forte baisse. Des analystes privés ont également corrigé en léger repli leurs prévisions de production en Russie et en Argentine. Néanmoins, le marché mondial est jugé plutôt bien approvisionné, avec des moissons abondantes en Chine et en Australie. Toutefois, les pays du Maghreb ont d’importants besoins. Mais la Russie reste compétitive pour l’instant par rapport aux origines UE. Sur le marché physique français, l’activité est toujours jugée assez réduite, spécialement en portuaire. Cela se voit d’ailleurs au travers des prix : ceux en base départ s’avèrent actuellement davantage rémunérateurs que ceux en base rendu. Quelques achats marocains auraient été conclus la semaine passée, pour des volumes jugés faibles. Des OS procèdent à des recouvertures. Sur le marché intérieur, des transactions sont rapportées à destination de la meunerie. Mais là aussi, les quantités échangées seraient assez succinctes. Les qualités hétérogènes engendrent une activité saccadée. « Il y a un prix par transactions et par qualité », commente une source privée. Des acheteurs sont intéressés, mais les écarts de prix entre décembre, mars et mai se sont creusés : plus les échéances sont éloignées, mieux elles rémunèrent. Cela incite les vendeurs à adopter une attitude attentiste. Les FAB concluent quelques affaires. Signalons que l’écart de prix entre les rendus Pontivy et Ille-et-Vilaine s’est resserré, estimé à 3 €/t actuellement contre 4 €/t d’habitude, en raison d’un intérêt un peu plus marqué de la part des acheteurs des Pays de la Loire par rapport aux Bretons.
Les basses eaux pénalisent la navigabilité sur le Rhin, alors que la circulation est librement rétablie sur la Seine
Les coûts du fret fluvial n’ont pas évolué sur le bassin de la Seine entre le 28 août et le 4 septembre, en raison d’un manque cruel d’activité depuis le début août, et ce jusqu’à nouvel ordre. On rapporte un transport de 10 000 t d’orge sur le port de Rouen sur fin septembre-début octobre, et c’est tout ! L’exportation sur le Nord communautaire est tout aussi atone. A noter que l’activité céréalière sur le port de Dunkerque pourrait être préservée. La faible production de céréales à paille à l’échelle de la France, avec ses problèmes de poids spécifiques et/ou de teneur en protéine localement, va faire de cette année 2024 la plus catastrophique, pire que celles de 2016 et de 1983 ! Dans ce contexte, il ne serait pas étonnant que l’on assiste dans les prochains mois à des regroupements de coopératives, tout au moins concernant leur activité de commercialisation de grains, mais également à la disparition d’une partie de la cale qui navigue sur le bassin de la Seine, avec en premier lieu les péniches Freycinet (entre 250 t et 320 t) qui sont en sursis. « Nous sommes à l’aube de grandes mutations dans le secteur du commerce des grains, avec une redistribution des cartes au sein de la filière ! », pressent un spécialiste du transport fluvial.
À noter qu’après avoir été partiellement interdite entre le 29 août et le 3 septembre dans le cadre de la tenue des épreuves des jeux paralympiques de Paris 2024, la navigation sur la Seine dans la capitale est librement rétablie depuis le 4 septembre.
Sur les bassins du Rhin et de la Moselle, les basses eaux renchérissent les coûts du fret fluvial sur ces axes.
Kévin Cler et Karine Floquet
Maïs
Cours en hausse
Les cotations du maïs sur Euronext ont renchéri entre le 28 août et le 4 septembre, essentiellement du fait des déboires de production dans les pays d’Europe de l’Est et d’une météo moins humide aux États-Unis. La demande pour les origines états-uniennes s’intensifierait. Au niveau hexagonal, les prix en ancienne récolte se font naturellement très rares, et restent supérieurs à ceux affichés en nouvelle récolte. Néanmoins, les acheteurs sont presque totalement couverts, faisant que cette tendance risque de ne pas durer, et que les niveaux affichés sont surtout nominaux. Les FAB, incluant les Belges et les Hollandais, commencent à se positionner pour de la nouvelle campagne. La moiosson s’annonce pour le moment assez abondante.
Orge fourragère
Atonie générale
Les cours de l’orge fourragère ont progressé d’une semaine sur l’autre, à l’image du blé tendre. L’activité sur le marché physique français reste néanmoins très calme. Le portuaire génère toujours très peu de transactions, et les valeurs en départ sont davantage rémunératrices. Sur la scène internationale, les analystes de l’AHDB (Agriculture and Horticulture Development Board) au Royaume-Uni expliquent que les exportations australiennes vers la Chine pourraient reculer par rapport à l’an dernier, compte tenu d’une moisson chinoise plus importante en 2024.
Pour les analystes de l’AHDB au Royaume-Uni, « les perspectives toujours favorables pour la production australienne pourraient apporter un certain soulagement au resserrement des stocks de blé des principaux exportateurs mondiaux cette saison ». Une tendance à suivre dans les semaines à venir. Idem en matière d’orge fourragère : la production australienne alimente traditionnellement un important flux d’exportations vers la Chine. Mais des informations de marché de diverses d’origine font état, depuis quelques semaines, d’achats chinois qui pourraient se révéler moindre que prévu en raison d’une production locale plutôt abondante et une demande plus faible qu’attendue précédemment. Autant d’origine Australie qui pourrait devoir se trouver d’autres débouchés de marché.
Orge de brasserie
Renchérissement sur un marché qui s’éveille
Les prix de l'orge de brasserie sur le marché physique français ont suivi une tendance haussière entre le 28 août et le 4 septembre, toutes variétés (hiver et printemps) et récoltes (2024 et 2025) confondues. Le marché s'anime quelque peu sur la campagne de commercialisation actuelle, en cette rentrée de congés estivaux. Les cotations sur l'exercice 2025-2026 sont purement nominales.
Blé dur
Des valeurs réapparaissent
Les prix du blé dur sont réapparus en cette semaine de rentrée sur le marché physique français. La tendance de fond s’avère plutôt baissière, la demande se faisant discrète. Un analyste privé confirme que la campagne d’importation commence très lentement en Italie (en dessous de 200 000 t d'importation d'origines hors UE pour les deux premiers mois de campagne). Les besoins du pays sont projetés à 6 – 6,5 Mt, pour une production locale juste au-dessus des 3 Mt, selon la même source. Cette dernière s’attend dnoc à des achats massifs pendant les périodes automnale et hivernale.
La rédaction
À surveiller
Blé tendre
- Prix au départ de la Russie.
- Dynamique des exportations russes.
- État des cultures de printemps en Russie.
- État des cultures en Australie et en Argentine.
- Rythme des expéditions hexagonales.
Orges
- Prix au départ de la Russie, de l’Australie, de l’Europe de l’Est.
- Niveau de la demande de la nutrition animale.
- Dynamique de l’export français, toujours atone pour le moment.
Maïs
- État des cultures en France.
- Confirmation des conditions de cultures très dégradées en zone mer Noire.
- Dynamique de l’export aux États-Unis, qui semble s’intensifier.
- Avancée des semis de la première récolte au Brésil.
- Intention de semis en Argentine.
Kévin Cler