Les maïsiculteurs en mode reconquête en 2024
La direction de l’AGPM Maiz’Europ’ vient de présenter sa feuille de route pour 2024, entre colère des agriculteurs, défense des surfaces et questions internationales.
La direction de l’AGPM Maiz’Europ’ vient de présenter sa feuille de route pour 2024, entre colère des agriculteurs, défense des surfaces et questions internationales.
Ce mardi 30 janvier 2024, directement, en écho au mécontentement des agriculteurs français et européens, Franck Laborde, président de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM Maiz’Europ’), et Céline Duroc, directrice générale, ont planté le décor des principaux axes de travail de la représentation professionnelle des maïsiculteurs pour l’année en cours et qui seront aussi évoqués lors du prochain congrès à Pau en novembre : le revenu des professionnels de la filière associé aux moyens de production et à la simplification ; l’accompagnement des agriculteurs dans les différentes transitions tout en regagnant de la compétitivité et sans perdre de capacité à produire ; et enfin, l’idée que le maïs en France et dans l’Union européenne ne peut en aucun cas être une variable d’ajustement des politiques publiques. Un fil rouge également : « Nous sommes pour la transition mais il n’est pas question de le faire plus rapidement que nos collègues européens. Et surtout, pas d’interdiction sans solution : oui nous acceptons et accepterons de changer de pratiques vis-à-vis de l’emploi de certaines molécules, sous condition d’être sur le même pied d’égalité que nos concurrents et que nous puissions continuer à gagner notre vie », a précisé le président.
Les représentants de l’AGPM Maiz’Europ’ ont confirmé se retrouver dans les 120 mesures proposées par la FNSEA pour sortir de la crise actuelle, dont certaines – les zones de non-traitement et le plan eau notamment – résonnent plus particulièrement aux oreilles des professionnels du maïs.
Capacité à produire
Pour 2024, les dirigeants de l’AGPM souhaitent que l’UE retrouve des hectares de surfaces emblavées de façon à enrayer la progression des importations (25 % du maïs consommé en Europe), notamment en provenance de pays dont « la stabilité politique n’est pas la même qu’ici, comme le Brésil ou l’Ukraine, et qui disposent de moyens et de normes réglementaires, sociales ou encore environnementales que nous n’avons pas ». A titre d’exemple, une tonne de maïs produit coûte 100 euros au Brésil quand elle coûte 200 euros en Europe.
D’autant que la campagne 2022-2023 a été « particulièrement chahutée » en France en raison de la sécheresse et de l’inflation des coûts de production. Pour le cas particulier de la France, Franck Laborde précise vouloir retrouver les niveaux de surfaces semées d’il y a quelques années, de l’ordre de 3 Mha, tous maïs confondus, après un recul de 150 000 ha en 2023. Il rappelle aussi qu’à l’heure actuelle, « la France, c’est 0 export vers des pays tiers », c’est-à-dire hors UE. « Les surfaces devraient remonter pour cette campagne, d’autant qu’il n’y a pas de problème de disponibilité des semences ». Et Céline Duroc de préciser que « la surface finale de maïs semé variera en fonction de ce qui pourra être fait en semis de printemps après les difficultés rencontrées en blé pendant la campagne d’hiver. Il faut attendre encore un bon mois pour savoir ce qui pourra être fait en maïs ».
Le Mercosur en ligne de mire
Sur la scène internationale, l’AGPM Maiz’Europ’ vient de publier une étude concernant l’accord de l’UE avec le Mercosur, en cours de négociation au niveau des autorités du Vieux-Continent. Elle étudie les impacts de cet accord et fait des propositions pour la filière maïs, avec un sous-titre : « Pour une Union européenne plus cohérente et des agriculteurs mieux protégés ». Le document constate notamment que l’accord prévoit « entre autres concessions, l’octroi d’un quota supplémentaire d’un million de tonnes de maïs grain et de sorgho sans activation possible de droits de douane… et de nouveaux quotas à droits de douane nuls ou réduits concernant des débouchés à haute valeur ajoutée pour les producteurs de maïs français et européens, tels que la volaille (180 000 t) ou l’éthanol (650 000 t) ». Autre élément pointé : « 77,5 % des substances actives autorisées pour les producteurs du Mercosur qui exportent leur maïs vers l’Union européenne sont interdites en France ».
Lire aussi : "Pourquoi les producteurs de maïs redoutent un accord avec le Mercosur"
Les solutions avancées par l’association professionnelle sont au nombre de six. Outre la modification en profondeur du contenu de l’accord actuellement examiné, elle souhaite la mise en place de clauses miroir à propos des substances interdites en Europe ou encore la réévaluation et la rénovation des mécanismes de droit de douane relatif au maïs.
Quid de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE ?
Sur la question de l’Ukraine, « je dis clairement que ce qui arrive à l’Ukraine, c’est insupportable mais ouvrir grand les portes aux produits agricoles en provenance de ce pays sur les marchés européens pour pouvoir financer la guerre, ce n’est pas acceptable », affirme Frank Laborde. Là encore, l’AGPM Maiz’Europ’ souhaite voir la remise en place de mécanismes de droits de douane afin de limiter l’influence des volumes importés d’Ukraine sur les prix de marché. Sur le plus long terme, une véritable stratégie ambitieuse en faveur d’une UE comme étant une véritable puissance d’exportation mondiale est souhaitable, dans le cadre de l’intégration à venir de l’Ukraine dans l’UE.