Nutrition animale/Afab
« Les fabricants seront contraints d’augmenter le prix de l’aliment »
Comme chaque année, dans le cadre du Space, le salon international de l’élevage de Rennes, l’Afab, Association des fabricants d’aliments bretons, organise, le vendredi 17 septembre, son traditionnel Carrefour des matières premières. Une occasion pour les fabricants de rencontrer leurs fournisseurs et leurs clients éleveurs.
Il est rare que, depuis sa création, le Space, dont la 24e édition se tient cette année, se soit déroulé sans que telle ou telle production animale ne se trouve en situation de difficulté, voire de crise.
Un quart des élevages porcins pourraient disparaître
Cette fois, l’industrie de la nutrition animale va se trouver face à un grave dilemme dont Hervé Vasseur, président de l’Afab, nous rappelle les causes : augmentation des coûts de production de l’aliment composé, consécutive très majoritairement à la hausse spectaculaire des prix des matières premières et difficulté de répercuter cette tension sur le prix de l’aliment alors que l’élevage, hors sol surtout, connaît une situation économique extrêmement grave, dramatique même pour le secteur porcin. En juillet, la production d’aliments porc a baissé en Bretagne (cf. encadré) comme au plan national, de quelque 7 % et, de janvier à juillet 2010, de près de 3 %. Illustration d’une crise qui risque de mener, faute de plan de sauvetage de la filière mis en place, à la disparition d’un quart des élevages porcins à court terme, prédit Hervé Vasseur, avec toutes les conséquences qui en résulteraient pour l’industrie de l’alimentation animale et en aval, pour l’industrie agroalimentaire, particulièrement implantée en Bretagne.
Dans une telle conjoncture, comment envisager sereinement d’appliquer une hausse du prix de l’aliment pourtant rendue inévitable, se demande le président de l’Afab ? « Depuis le début de l’année, constate-t-il, l’augmentation du prix des matières premières, en particulier des céréales qui entrent à plus de 50 % dans l’aliment porc, a été de 100 % et celui des tourteaux de 60 %, soit en moyenne une hausse de 50 % des formulations. Nous avons tout tenté pour amortir cette hausse sur le prix de l’aliment, formulation, diversification des sources d’approvisionnement –avec actuellement des achats de blé fourrager sur le nord de l’UE–, réduction de nos marges, resserrement de nos frais de fabrication et de fonctionnement. Mais il est impossible de ne pas relever nos prix dans un très bref délai. Jusqu’ici, nous avons pu contenir le prix de l’aliment porc dans une moyenne de 200 € la tonne. Il va falloir envisager de passer à 250 €/t dans un très bref délai alors que les prix du porc continuent de se dégrader et ceux de nos matières premières ne présentent aucun signe de détente. »