Les biocarburants sont une filière essentielle à la transition écologique
Un cadre, des mesures de politique publique et des groupes de travail pour renforcer le développement des biocarburants en France.
Un cadre, des mesures de politique publique et des groupes de travail pour renforcer le développement des biocarburants en France.
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Parce que la transition écologique porte des enjeux colossaux et des questionnements en conséquence, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, et Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, ont convié l’ensemble des acteurs (producteurs et utilisateurs) de la filière biocarburants, jeudi 26 octobre 2023. C’est ainsi que 24 structures (8 représentants les producteurs, 16 les consommateurs) ont été réunies pour resituer le cadre global dans lequel s’inscrit le développement de cette filière en France et pour plancher sur un « meilleur accès aux biocarburants pour les secteurs tels que les travaux publics, les transporteurs routiers, les agriculteurs ou encore les entreprises de travaux forestiers, au moment où les filières s’engagent dans la décarbonation de leurs activités ».
Donner de la visibilité
Et Bruno Le Maire d’être très clair sur ce sujet : la filière biocarburant « est une filière essentielle à la réussite de la transition écologique. Il ne peut pas y avoir de transition écologique dans les domaines du bâtiment ou de l'agriculture sans les biocarburants. Et donc, il faut que nous construisions ensemble l'avenir de cette filière aux côtés évidemment, sur le plus long terme, de l'électrification et de l'hydrogène qui auront aussi un rôle important à jouer ». Le ministre a également insisté sur le fait de pouvoir donner de la « visibilité qui permet d'engager les acteurs. Et là, je veux dire aussi les choses avec beaucoup de clarté, je crois à une écologie du contrat et je ne crois pas une écologie de la contrainte ». Il a aussi souligné le besoin de connaître la disponibilité immédiate sur les biocarburants de la part des industriels qui ont accepté de s’engager et d’accélérer leur transition.
Si le contenu des échanges entre les 24 protagonistes et les ministres n’a pas été révélé, en revanche, le ministre a rappelé quelques mesures déjà prises ou à venir pour favoriser l’essor de la filière biocarburants en France.
D’abord, l’augmentation progressive des prix du GNR agricole et non agricole sur sept ans à raison de 2,85 cts€/l/an pour la partie agricole et de 5,99 cts€/l/an pour le BTP. « Les recettes fiscales issues de cette augmentation seront entièrement mises à disposition des filières pour leur décarbonation », a commenté le ministre. Ensuite, « je pense au suramortissement pour l'acquisition d'engins non routiers qui utilisent des carburants alternatifs. Cette disposition est prévue dans le projet de loi de finances pour 2024, ou des mesures de réduction de la fiscalité agricole qui faisait partie aussi de l'accord global, je pense par exemple à l'augmentation de la déduction pour l'épargne de précaution qui fait partie des engagements que nous avons pris ». Enfin, Bruno Le Maire a rappelé que les moyens de la transition écologique étaient portés cette année à 7 milliards d'euros supplémentaires dans le budget.
Des énergies fossiles de plus en plus chères
Dans cette introduction à la réunion avec les acteurs de la filière, Bruno Le Maire a souligné l’engagement sur le long terme de la politique nationale en faveur des énergies renouvelables. « On ne produit pas d’énergies fossiles en France, elles coûteront de plus en plus chères et donc on accélère la décarbonation et on utilise les recettes fiscales pour encourager le passage vers la voie de la décarbonation. On ne peut pas penser que les prix du gaz et du pétrole baissent dans les années à venir, notamment avec ce qui se passe actuellement (conflit russo-ukrainien, relance du conflit au Moyen-Orient…). L’enjeu est bien l’indépendance énergétique de la France ».
Les ministres ont aussi clairement inscrit le développement de la filière biocarburant dans un contexte plus global de réduction de la consommation d’énergie par une stratégie favorisant la sobriété, d’une plus grande optimisation des consommations, d’une amélioration de l’efficacité énergétique et d’un développement des innovations technologiques. La construction de cette filière biocarburant se fera « aux côtés évidemment, sur le plus long terme, de l'électrification et de l'hydrogène qui auront aussi un rôle important à jouer ».
Groupes de travail
La réunion a permis de resituer la position de la France en tant que productrice et consommatrice dans le secteur. « Elle consomme environ 36 térawattheures de biocarburant chaque année. C'est à peu près l'équivalent de la production de 6 centrales nucléaires. Donc, c'est considérable en termes de puissance. Nous sommes le premier producteur européen de bioéthanol, le second producteur de bio gazole », a pointé Bruno Le Maire.
Après cette réunion initiale, des groupes de travail seront constitués, qui devront faire des propositions concrètes pour un meilleur accès aux solutions décarbonées dans les filières du BTP, de l’agriculture, de la filière forêt-bois et du transport dans les mois qui viennent.