Politique européenne
Projet Farm to Fork : « L’élevage ne doit pas porter le chapeau », estime la Nutrition animale européenne (Fefac)
Dévoilé le 20 mai, soit deux mois plus tard que prévu en raison de la crise covid-19, le projet Farm-to-fork de la Commission Européenne n’emporte pas tous les suffrages. La Fefac est prudente face aux injonctions contradictoires du texte.
Dévoilé le 20 mai, soit deux mois plus tard que prévu en raison de la crise covid-19, le projet Farm-to-fork de la Commission Européenne n’emporte pas tous les suffrages. La Fefac est prudente face aux injonctions contradictoires du texte.
« Aucun système alimentaire n’est durable sans les productions animales », souligne la Fefac (Fédération européenne des fabricants d’aliments pour animaux), qui rappelle que les animaux de ferme transforment des ressources alimentaires inutilisables directement par l’homme en produits à forte valeur nutritionnelle que sont les œufs, le lait et les viandes. Pour elle c’est clair, les animaux d’élevage ne doivent pas « porter le chapeau » du changement climatique alors que l’élevage est pointé du doigt dans la nouvelle communication « Farm to Fork-Biodiversity » dévoilée par la Commission européenne le 20 mai dans le cadre de sa politique « verte ». « Les animaux d’élevage valorisent tous les coproduits issus de l’agroalimentaire et des énergies renouvelables donc, si nos animaux de rente ne s’occupaient pas à consommer les coproduits de toutes les formes de consommations dont celle des vegans, ces derniers ne pourraient prétendre à un statut réellement durable de leurs préférences alimentaires » rappelle Alexandre Doring, secrétaire général de la Fefac. Pour lui, l’industrie de l’alimentation animale européenne a montré sa capacité à sécuriser la chaine alimentaire durant la crise Covid-19 malgré des situations difficiles. Elle y est notamment parvenue en travaillant en étroite coopération avec les principaux acteurs de la chaine logistique et la Commission Européenne. La Fédération est aussi parfaitement d’accord avec cette dernière sur le rôle central de la Politique Agricole Commune comme mécanisme clé pour la production d’aliments surs, durables et accessibles économiquement pour les consommateurs européens. Elle partage par ailleurs ses ambitions en matière de maîtrise du changement climatique en pointant son efficacité nutritionnelle (les élevages peuvent produire plus avec moins d’aliments).
La Fefac veut que le soja reste accessible s’il est durable
Mais les producteurs d’aliments pour animaux sont très inquiets des injonctions contradictoires que contient selon eux le projet Farm to Fork/Biodiversité. « Nous insistons sur l’importance d’une étude d’impact approfondie avant que ne soit prise la moindre réglementation spécifique. Nous pensons que cette approche est cruciale pour assurer la cohérence entre les niveaux européen et nationaux, en particulier pour les objectifs européens d’une augmentation de la production et de la compétitivité de protéines végétales dans l’Union. » La Fefac en profite pour rappeler ses actions en faveur du soja durable notamment la méthode développée pour mesure les performances environnementale des aliments pour animaux, validée en 2018 par la Direction Générale de l’environnement et 28 Etats Membres. Le soja « responsable » doit désormais répondre à 57 critères autour des bonnes pratiques agricoles, environnementales et sociales, critères qui s’appliquent à toutes les formes de soja (OGM ou non OGM, Bio etc). « Les guidelines pour l’approvisionnement en soja de la Fefac ont facilité la transformation de la chaine d’approvisionnement européenne en soja. Et un nouveau module sur la soja produit sans déforestation est en cours de préparation » souligne son président Nick Major.