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Etat des cultures d'hiver
Blé/Orge/Colza : le redoux de fin décembre-début janvier n’a pas eu d’impact sur les cultures d’hiver

En ce début de nouvelle année, les plantations de céréales et d’oléagineux d’hiver en France présentent un développement normal pour la saison, doublé d’un bon état sanitaire.

© Elisabeth Hersand/Vienne rurale

« Le pic des températures en cette fin décembre-début janvier a permis un léger rattrapage du développement des cultures d’hiver, notamment en blé (tendre et dur) et en orge, après un automne un peu plus frais que l’an dernier. Cependant, cette chaleur ponctuelle n’aura aucun impact significatif sur le cycle végétatif des parcelles », rassure Jean-Charles Deswarte, ingénieur Service – Pôle "Valorisation de l’écophysiologie" à Arvalis-Institut du végétal.

Un stade physiologique normal en céréales pour un début de mois de janvier

La douceur des températures a été très marquée entre le 29 décembre et 3 janvier sur l’ensemble de la France. A titre d’exemple, dans le Bassin parisien, elles se sont élevées en moyenne à 15-16 °C, avec des pointes à 20 °C, le 31 décembre et 1er janvier, les deux jours les plus chauds.

Si la douceur de ces quelques jours a entraîné un « désendurcissement » des plantes, ces dernières, « en phase de début de tallage, un stade encore juvénile », ont pu se « réendurcir » avec le retour à des températures de saison (entre 0 °C et 10 °C au plus bas), ce qui leur permettront d’affronter d’éventuelles gelées intenses (inférieur à -10 °C), explique Jean-Charles Deswarte. Et d’ajouter : « Les conséquences auraient pu être significatives si ces fortes gelées avaient suivi la période de redoux, sur des plantes fragilisées ». Les seules petites alertes concernant la situation physiologique et végétatif des cultures d’hiver sont rapportées sur des parcelles semées très tardivement, en raison de la récolte décalée du maïs. Il faut savoir que, contrairement à certaines plantes ornementales, les céréales possèdent un verrou physiologique qui bloque le passage du stade végétatif au stade reproducteur sur la période hivernale. Le développement de la plante reprend uniquement quand la période de jour a atteint une certaine durée et qu’elle a subi le phénomène de vernalisation (exposition à des températures fraîches, entre 3°C et 5 °C pendant quelques jours).

« A ce jour, les cultures de céréales d’hiver (blé tendre, blé dur et orge) sont à un stade physiologique normal pour un mois de janvier », souligne Jean-Charles Deswarte. D’un point de vue météorologique, à l’échelle du territoire français, nous ne sommes pas globalement dans une année très humide (elle se situe dans la moyenne des vingt dernières années). Localement, les conditions ont été plus humides que d’habitude dans le Sud-Ouest et plus sèches dans les zones Poitou-Charentes et Alsace, mais sans atteindre des situations excessives. « Des précipitations ont été enregistrées en septembre et en décembre, ce qui a permis de semer les cultures d’hiver dans de bonnes conditions, avec une très bonne implantation. Si la levée a été un peu plus tardive qu’à l’accoutumée, nous n’enregistrons pas de conditions de sol dégradé », précise Jean-Charles Deswarte. Parallèlement, les températures, fraîches en octobre-novembre, se sont radoucies en décembre. S’agissant, de l’état sanitaire des cultures, nous n’avons pas enregistré d’alertes Ravageurs significatives en octobre-novembre. « Au final, nous sommes plutôt sereins, à ce stade », déclare l'ingénieur d'Arvalis.

Un bon état sanitaire des parcelles de colza

Comme en céréales, « le redoux de fin décembre-début janvier, après un automne il est vrai un peu plus frais que l’an dernier, n’a pas eu particulièrement d’impact sur les cultures de colza en France », indique, pour sa part, Afsaneh Lellahi, directrice de l’action régionale et du transfert de Terres Inovia.

Cette anomalie météorologique est venue après un automne un peu plus frais que la moyenne. A titre d’exemple, à partir de la mi-octobre, les températures enregistrées en région Centre-Val de Loire, ont été assez faibles, comparées aux quatre dernières années, indique Terres Inovia dans une note consacrée au lin oléagineux d’hiver (cf. encadré). « Pour la période du 20 septembre au 15 décembre, on comptabilise un écart de 180°C cumulés en base 0°C entre 2021 et 2019 », précise l’institut technique.

« Nous attendons, comme à l’habitude, la reprise du développement végétatif de la plante à la mi-janvier, après sa mise en repos à la fin de l’automne jusqu’au début de l’hiver », souligne Afsaneh Lellahi.

Concernant l’état sanitaire des plantes, « les populations de larves d’altise se situent dans la norme », ajoute-t-elle. Sur la façade Ouest, s’il a été rapporté un ralentissement des stades de développement des larves, en raison d’un automne légèrement plus frais, ce retard a été rattrapé durant la période de redoux. « Dans ce contexte, nous n’avons jusqu’ici recommandé aucune préconisation », précise Afsaneh Lellahi.

Des cultures de lin jugées satisfaisantes en entrée d’hiver par Terres Inovia

« Les cultures de lin d’hiver en France ont été implantées en sol moyennement profond (50 % des parcelles) à très profond (44 % des parcelles) », ce qui représente un avantage important en cas d’éventuel déficit hydrique au printemps ou sur la fin de cycle, selon Terres Inovia. Par ailleurs, étant donné que la moitié des parcelles suivies a même pu être implantée avant le 25 septembre, « dernière date de la plage optimale pour des semis de lin oléagineux d’hiver en région Centre-Val de Loire », les deux tiers des parcelles observées ont pu atteindre, en entrée d’hiver, « un stade compris entre 5 et 7 cm, soit un développement végétatif adapté pour mieux résister à l’hiver », commente l’institut technique.
En ce qui concerne la densité de semis, elle oscille « entre 250 et 520 graines/m², avec une valeur médiane à 400 graines/m² », pour « un objectif de peuplement recherché en sortie d’hiver de 300 plantes /m² environ, avec deux ou trois tiges par plante », ce qui offre « une marge en cas de pertes au cours de l’hiver ». Et ce d’autant que les peuplements sont jugés « homogènes (pour 11 parcelles) à très homogènes (pour 6 parcelles) », sur un total de 19 parcelles étudiées.
Du point de vue sanitaire, « aucune parcelle ne fait état de symptômes de septoriose en entrée d’hiver ». S’agissant de l’enherbement, les cultures sont considérées comme « propres (29 % des parcelles), à moyennement propres (71 % des parcelles) ».

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