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Filières animales
Le modèle français responsable du manque de compétitivité ?

Lors de son congrès, Coop de France s’est interrogée sur les raisons du recul des filières Élevage et Nutrition animale.

TRÈS TOUCHÉES cette année, les filières animales étaient au centre des préoccupations du congrès annuel de Coop de France, le 28 novembre à Paris. Celui-ci a consacré trois conférences sur cinq aux filières animales, nutrition comprise. Même si la situation n’est pas aussi catastrophique qu’il y a quelques mois, de fortes interrogations demeurent au sein de la coopération sur les marges de manœuvres dont dispose la filière pour gagner en compétitivité. Une réflexion similaire a été portée par le pôle Nutrition animale qui a vu l’Allemagne passer devant la France, jusqu’ici leader, au regard de la production d’aliments composés au sein de l’Union européenne.

Cahier des charges, structures, taille des exploitations : l’exception française
La production en France est particulièrement variée au sein d’une même filière. Pas moins de 650 cahiers des charges existent pour la simple activité de fabrication d’aliments du bétail. Une exception typiquement française qui prend sa source dans notre patrimoine culturel et qui répond à la demande de la grande distribution hexagonale pour qui le salut de l’agriculture passe par la différenciation. Cette diversité des produits peut expliquer en partie le manque de compétitivité de la nutrition animale mais aussi de la filière élevage qui partage de fait les mêmes caractéristiques. « Les Allemands cherchent à massifier leur production en répondant à la majorité de la demande », a expliqué Régis Vallet de la chambre de Commerce et de l’Industrie française en Allemagne. A cela, vient s’ajouter un vieillissement des installations des exploitations, qui agrandissent leur capacité sans pour autant investir dans des bâtiments plus grands ou simplement plus modernes.
Enfin, et c’est peut être la clé du déclin de l’élevage en France, la taille des exploitations. « Aux Pays-Bas, les éleveurs ont une pratique beaucoup plus libérale qu’ici. Ils n’hésitent pas à mettre en concurrence les fabricants d’aliments », a expliqué Christian Renault, économiste de l’Andi. Et d’ajouter : «La taille des élevages est déterminante. A l’étranger, elle est plus grande donc les éleveurs peuvent mieux jouer le marché et optimiser leurs coûts. En France, les habitudes sont plus anciennes. » Pour Alain Basquin, directeur d’Elivia, une mutation s’impose pour que la France intègre enfin la mondialisation, « passer du mode cueillette au mode récolte ».

Quels leviers pour la nutrition animale ?
«La France a été un pays compétitif mais ne l’est plus. Elle continue d’intéresser le reste du monde, mais pas les investisseurs. Elle est destinée à perdre des parts de marché dans le monde mais aussi chez elle. » C’est en ces termes que Christian Renault a présenté la situation de la filière nutrition animale française. En 2010, l’Allemagne a doublé la France, jusqu’ici leader du secteur en Europe, au regard de la production d’aliments composés avec un volume de 21.749 t produites contre 21.446 t pour l’Hexagone. De son côté, le chiffre d’affaires « aliments composés pour animaux d’élevage » des Fab français recule de 0,3 % en 2010 par rapport à 2009. Selon une étude de l’Andi sur l’évolution de la rentabilité moyenne (sur une base de 75 sociétés représentant 40 % du secteur « aliment hors prémix »), le résultat net est passé de 0,8 % à 0,6 % du chiffre d’affaires. Un constat qui appelle à la réflexion d’abord et surtout à des mesures efficaces et rapides pour que la nutrition animale française se ressaisisse.
Alors comment faire progresser la compétitivité des entreprises françaises et inverser la tendance ? L’effet prix des matières premières pourrait être un premier levier. Mais comme l’a souligné à regrets Philippe Vincent d’Agrial, il est de plus en plus difficile de gérer les achats compte tenu de l’intérêt grandissant des agriculteurs pour le marché libre. « Cette année, bien plus qu’en 2010, nos agriculteurs voient dans la volatilité une opportunité de marché. Presque 100 % de leur production est commercialisée en prix ferme, indexé sur le marché à terme », explique-t-il. Hervé Vasseur a ajouté qu’il ne suffisait plus de peser sur le marché : « être le plus gros en terme de volume d’achat n’est pas la seule qualité. Il faut agir sur les marchés à terme pour être efficient. Pour cela, nous avons besoin de profils très compétents aux achats, comme des analystes. »
La logistique peut aussi potentiellement être génératrice d’économies. « Le 44 t a permis de gagner en coût », a-t-il expliqué. Et d’ajouter que l’optimisation des livraisons n’est pas négligeable non plus, permettant de gagner près de 1 €/t transportée. Les grèves à répétition dans les grands ports maritimes, « où transitent 30 % des matières premières utilisées par nos industries » sont aussi des facteurs de perte de compétitivité, par rapport aux autres ports européens, selon Hervé Vasseur. Par ailleurs, la France est un grand pays, ce qui génère de fait un coût de transport de matières premières plus important que chez certains de nos voisins comme la Belgique.

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