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Le marché céréalier devient incontrôlable

BLÉ TENDRE : la rareté de l’offre fait exploser les cours

« C’est comme en 2003 ! », s’exclamait ce mercredi matin un courtier. La situation du marché est devenue complètement folle cette semaine et la progression des cours est maintenant incontrôlable, une véritable flambée. La fin de la moisson au nord de Paris et dans les principaux pays d’Europe du Nord (Belgique, Allemagne, Royaume-Uni) s’éternise et la récolte avance au gré des éclaircies. On estime entre 15 et 20 % les surfaces qui ne seraient pas encore rentrées, la proportion étant de 20 à 30 % chez nos voisins. Les volumes, mais certainement les qualités, seront altérés. Faute de marchandises, les utilisateurs du nord de la Communauté, tout comme certains meuniers français, poursuivent leurs achats, craignant pour leurs approvisionnements futurs. Face à eux, les vendeurs distribuent leurs disponibilités avec parcimonie. On note aussi une forte rétention en culture. Seule certitude, avec de tels prix, on ne risque pas d’intéresser beaucoup de candidats sur l’export pays tiers…

BLÉ DUR : fermeté accrue

Suite aux résultats « décevants » concernant la production canadienne de blé dur (estimée à 3,4 millions de tonnes, contre 3,6 à 3,7 Mt escomptées par les opérateurs), les cours ont renchéri. Une progression soutenue par une bonne demande italienne et algérienne. Dans ce contexte haussier, les vendeurs font de la rétention de marchandises, alimentant le marché à dose homéopathique. On note par ailleurs quelques affaires au nord Loire.

ORGE DE MOUTURE : envolée des prix

La situation particulièrement tendue que connaît le marché du blé tendre se répercute immanquablement sur les orges fourragères. D’autant plus que les fabricants d’aliments du bétail ont eu tendance à retravailler leurs rations pour incorporer plus d’orge que de blé. La demande nord-européenne est aussi soutenue, ce qui provoque donc un très brusque réajustement des cours à la hausse. Ainsi, le rendu Rouen, comme beaucoup de prix sur l’intérieur, atteint 9 à 10 euros/t de hausse en une semaine.

ORGE DE BRASSERIE : nouvelle déflagration

La situation reste pour le moins très tendue sur le marché des orges de brasserie, voire explosive, avec un manque de disponibilités. Les cours enregistrent une très forte hausse par rapport à nos dernières mercuriales. Le fob Creil se retrouve propulsé à 150 euros/t en Scarlett, alors que le fob Moselle atteint des sommets à 162 euros/t. L’Esterel suit le mouvement avec un fob Creil qui enregistre allègrement 10 euros/t de hausse depuis nos dernières mercuriales.

MAÏS : marché plus réactif

Sur le marché du maïs, on est plutôt dans le domaine de « l’épicerie fine » en ancienne récolte. Longtemps déconnecté du coup de chaud enregistré par les céréales à paille, le maïs réagit très fortement cette semaine à l’explosion du blé et de l’orge fourragère. Si le portuaire garde encore un peu la tête froide, le marché intérieur entreprend une accélération brutale au niveau de la progression de ses cours. Quant à l’activité commerciale, elle demeure encore assez calme. La fermeté en AR devient contagieuse. La NR est entraînée dans son sillage. Le retard prévisible de la récolte pourrait amener une situation tendue lors de la période de soudure de septembre-octobre.

MARCHÉ DES FRETS : situation de blocage

Un problème récurrent concernant le manque de cales bloque irrémédiablement le transport fluvial, qui aurait pourtant un important potentiel sur le nord de la Communauté, avec un marché céréalier nerveux. Le portuaire est calme, avec peu de dégagements enregistrés.

OLÉAGINEUX : activité en recul

L’activité est quasi-nulle selon les opérateurs. Alors que certains vendeurs s’apprêtent à revenir sur le marché, la poursuite de la fermeté générale les fait reculer, entraînant un manque d’offre pesant. Dans ce contexte, les prix progressent sans affaires. Les graines de tournesol présentent des prix stables, mais l’on craint une mauvaise récolte qui se confirme de jour en jour.

TOURTEAUX : marché peu actif

Malgré l’absence d’éléments en faveur d’une hausse, les tourteaux de soja affichent une progression de quelques euros, due à la fermeté de la prime fob au Brésil. Les affaires, quant à elles, sont peu nombreuses. En colza, les cours augmentent aussi mais sans intérêt particulier. Des affaires sont signalées sur le rapproché. En tournesol, les prix explosent avec les craintes quant à la récolte à venir et avec la fermeté général.

ISSUES DE MEUNERIE : nouvelle hausse

Comme la semaine passée, les prix n’en finissent plus de monter sur l’ensemble du territoire. Les affaires ne sont pas des plus nombreuses, mais le contexte de fermeté générale conduit les sous-produits du blé vers des sommets.

DÉSHYDRATÉS : bonne exécution

Peu d’affaires sont réalisées cette semaine sur le marché des produits déshydratés. Les cours évoluent peu. Les opérateurs notent toutefois une excellente exécution des contrats passés.

CO-PRODUITS : le feu à la poudre de lait

Les produits laitiers affichent toujours une grande fermeté dans les prix. La poudre de lait s’échange en spot, mais les quantités réduites font progresser les prix. En lactosérum, aucune affaire n’a été constatée en disponible, et si c’était le cas, son prix serait d’au moins 800 euros/t.

Les PSC affichent eux aussi des prix fermes, conditionnés par le climat de fermeté actuel. Quelques affaires sont rapportées. Du côté des corps gras, l’activité est comme la semaine passée faible, et les prix n’évoluent qu’en graisses de volailles. En pailles et fourrages, on ne constate pas de variations notoires en terme d’échanges comme de prix.

En farines de poisson, le marché est peu actif avec un léger mouvement de détente sur les prix alors que fondamentalement les offres restent faibles sur les différentes origines.

PRODUITS DIVERS : hausse générale

En graineterie, les récoltes s’annoncent assez mal et, de fait, les cours progressent pour de nombreuses matières premières. En graines fourragères, l’activité a repris depuis une semaine et portée par une demande bien présente, les cours augmentent. En légumes secs, les pois chiches mexicains sont fermes et les turcs en légère baisse. Au Canada, les nouvelles lentilles sont de belle couleur mais de très petite taille. Le marché est actif.

PROTEAGINEUX : nette progression des prix en pois et en féveroles

L’emballement du marché des céréales a entraîné dans son sillage d’autres matières premières. Le pois, déjà victime d’une récolte peu satisfaisante, voit ainsi sa cotation pogresser dans l’ensemble des régions françaises. Mais si une demande est belle et bien présente, les vendeurs, qui attendent des prix encore plus élevés, restent sur leurs positions, bloquant ainsi lourdement le marché. Côté récolte, elles sont presque terminées. Au 21 août, il restait encore 10 à 20 % dans le Nord-Pas-de-Calais et la Seine-Maritime, selon la lettre de l’Unip. En féveroles, les prix s’envolent à cause des craintes concernant les quantités et la qualité de la nouvelle récolte. Les volumes échangés sont moyens malgré une demande à l’export existante. Les premières expéditions à destination de l’Égypte devraient apparaître. Même si des besoins se font sentir sur Rouen, les organismes stockeurs restent attentifs et attendent d’avoir rentré les nouveaux produits pour les offrir.

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