Dossier "Protéine en nutrition animale"
L’alimentation animale est le premier débouché des protéines européennes
Dès juin 2017, lors du congrès de la Fefac (Fédération européenne des fabricants d’aliments composés) qui se tenait à Cordoue en Espagne, le commissaire européen Phil Hogan a annoncé un grand plan européen pour les protéines : aucune surprise au fait qu’il ait réservé la primeur à la nutrition animale puisqu’elle consomme 93 % des protéines végétales produites dans l’Union européenne. Les détails du plan ont été dévoilés le 22 novembre 2018 lors du symposium de Vienne, sous la présidence autrichienne. Depuis 1973 et les premières crises liées aux restrictions des exportations états-uniennes et brésiliennes, l’UE _ alors dépendante des importations à plus de 80 % _ a pris conscience de sa fragilité, mais les plans successifs ont montré leurs limites : seule l’innovation via les biocarburants a réellement motivé une évolution de fond dans les disponibilités en volumes (drêches, tourteau de colza, etc.). La demande de protéines de l’UE est en effet très forte, à 27 Mt de protéines brutes en 2016/2017, et elle en importe 17 Mt, dont toujours 13 Mt à base de soja.
De nouvelles ressources
Des innovations veulent contribuer, que ce soit la valorisation des protéines de trèfle comme au Danemark, les protéines issues des insectes, les algues, les levures, etc. D’autres solutions sont déjà bien connues comme les protéagineux qui peinent toutefois à regagner des hectares ou la luzerne déshydratée qui, sur 67 000 ha, fournit 10 % de la production française de protéines végétales. Les levures tiennent, également, une part avec 1 Mt produites dans l’UE (toutes utilisations confondues), dont 30 % exportées.
Tout point de protéine est bon à prendre et à valoriser dans un marché international très concurrentiel où l’UE a perdu le statut de premier importateur de tourteau de soja depuis plus de dix ans au profit de la Chine. Proposé mi-2017, soutenu en mars par le Parlement européen, le plan Protéines de la Commission européenne s’est aussi construit avec des consultations dans les États membres sous forme d’ateliers. La France en a d’ailleurs accueilli un, celui sur les filières. Le rapport rendu public le 22 novembre pointe, quant à lui, l’existence d’un potentiel de croissance pour les protéines végétales de l’UE, en alimentation animale mais aussi, et peut-être surtout, en alimentation humaine, en raison de la demande des consommateurs. Il présente des instruments existants ou faisant partie de la future politique agricole commune, comme le soutien aux producteurs de protéines végétales via les plans nationaux, le doublement du budget du programme de recherche H2020, de nouveaux outils de suivi des marchés, etc.