Filière brassicole
La petite brasserie en Amérique
Quand l’offre se standardise, certains brasseurs français misent sur l’originalité pour s’exporter
LE PORTE-DRAPEAU des petits brasseurs s’appelle Raymond Duyck, patron de la brasserie du même nom produisant la Jenlain, et président de la Commission des petites brasseries. Ce groupement, réunissant au sein de Brasseurs de France neufs artisans dont les volumes n’excèdent pas le 200.000 hl/an, souhaite donner un nouveau souffle, notamment à l’export.
Le marché nord-américain est la cible
C’est au début des années 2000 que la commission des petites brasseries voit le jour afin de faire entendre leurs voix lors des négociations au sein de Brasseurs de France. Les producteurs de bières dites artisanales ont misé sur la qualité et l’image des produits français dans le monde pour tirer leur épingle du jeu. L’objectif est de promouvoir ces produits, souvents régionaux et aux recettes originales, afin de gagner des parts de marché à l’export face à l’offre standardisée des grands opérateurs de la brasserie. En effet, Raymond Duyck souligne que « les changements de comportements des consommateurs en France et à l’étranger font tendre à consommer moins de bière en privilégiant désormais la qualité à la quantité ». Selon lui, « ceci est une réelle opportunité de faire connaître les bières artisanales françaises qui se démarquent de l’offre industrielle ». Selon Ubifrance, la sophistication du marché américain de la bière impose une montée en gamme à laquelle les petits brasseurs français peuvent répondre. Des brasseries telles que Bourganel, proposant une bière ardéchoise aux marrons, ou Page 24, dont la spécialité à la rhubarbe fait fureur dans le Pas de Calais, souhaitent développer leurs ventes à l’international, même si leurs volumes n’excèdent pas les 4000 hl/an.
Se créer une identité outre-Atlantique
La commission des petites brasseries, soutenue par Ubifrance et Sopexa, est en train de créer sa vitrine d’exportation à destination des États-Unis. La French Craft Brewers devrait ainsi voir le jour rapidement et permettre de faire connaître les bières artisanales françaises auprès des acheteurs américains. Dans cette optique, Ubifrance organisera la French Craft Beer Connection, du 13 au 17 septembre prochain à New York, puis à Chicago, afin que les acheteurs américains de bières artisanales rencontrent les petits brasseurs français. Le but de ces opérations est de mutualiser les actions de communication afin de faire gagner des parts de marché aux bières hexagonales sur les États-Unis, qui ne représentent que 0,007% des consommations US pour le moment. Si parmi les neuf brasseries de la commission certaines sont déjà implantées outre-Atlantique, l’idée est de faire progresser les consommations de dégustations en jouant sur la qualité.
Pour les petits brasseurs, le retour aux terroirs afin de se démarquer de l’offre standardisée des bières dites “ de soif ” est porteur. Si les malts bios ne sont pas encore disponibles en grandes quantités, car « c’est encore trop tôt pour le marché » selon Raymond Duyck, des filières qualités se mettent en place. À l’exemple de “ Saveur en’or ”, marque collective de la région du Nord-Pas de Calais, qui devrait rapidement offrir des malts de qualité et issus de productions locales.