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« La meunerie traduit à l’amont les attentes des consommateurs »

Quel rôle la meunerie joue-t-elle dans l’alimentation de demain, thème de votre congrès annuel ?
Joseph Nicot : Notre convention 2013 est l’occasion de souligner que la meunerie, industrie de 1ère transformation peu visible et peu connue, a un rôle de lien, de facilitateur fondamental. Maillon central au sein de ses filières, elle traduit les attentes de ses clients pour s’assurer d’un approvisionnement ad hoc de sa matière première, le blé. Elle se doit de faire la jonction entre ses fournisseurs et ses clients, sachant qu’elle est particulièrement attentive à l’évolution des attentes des consommateurs. C’est à ce titre que la meunerie est un acteur naturel de l’alimentation de demain. Elle s’adapte aux besoins, voire les anticipe, pour s’assurer que les farines, en tenant compte des nombreuses exigences sanitaires, organoleptiques, réglementaires, de process… garantiront aussi bien à la boulangerie artisanale, industrielle, aux industries alimentaires... les produits attendus par les consommateurs.
Les prix du blé se sont détendus. Les meuniers sont-ils plus sereins ?
J. N. : Notre principale problématique n’est pas le niveau des cours, mais la volatilité. Les meuniers ont mis en place, progressivement, des systèmes de couverture s’appuyant sur les marchés à terme.
Où en sont les discussions avec Euronext pour plus de transparence ?
J. N. : La loi de séparation et de régulation des activités bancaires du 23 juillet 2013, par anticipation sur l’adoption de la Directive européenne MiFiD II, a consacré un chapitre à la régulation du marché des matières premières rendant obligatoire la mise en œuvre de limites de positions. Plus précisément, s’agissant des matières
premières agricoles, il oblige l’Autorité des marchés financiers à publier un rapport hebdomadaire présentant les positions agrégées détenues par catégories d’opérations. Cette disposition, que Nyse-Euronext applique déjà pour les produits cotés à Londres, n’aurait pas été immédiatement mise en œuvre, selon les responsables d’Euronext, pour des raisons techniques liées aux systèmes informatiques. Le renouvellement du contrat du compensateur actuel LCH Clearnet, ou le choix d’un autre opérateur, devrait permettre la mise en œuvre de la transparence des marchés dès 2014.
L’Ania fait état d’un bond des défaillances d’entreprises. Cette tendance affecte-t-elle l’activité de la meunerie ?
J. N. : Si nous ne recensons pas de défaillances en meunerie, l’environnement économique se dégrade et les entreprises connaissent une forte érosion des résultats.
Comment est vécu ce début de campagne ?
J. N. : En dépit du temps pluvieux connu jusqu’à fin juin, la récolte se présente en quantité, et en qualités physique (PS) et sanitaire, de façon plutôt satisfaisante. D’après les premiers éléments, nous relevons toutefois un point négatif, certes non généralisé sur l’ensemble du territoire, mais extrêmement perturbant dans de grandes zones de production : le taux de protéines. En effet, il n’est pas rare de trouver des lots aux alentours de 10 %, voire inférieurs. Cette situation est des plus préoccupantes pour la meunerie, car l’ensemble de nos clients, boulangers, artisans et industriels, biscuiteries, biscotteries, briocheries, etc., demande que nous mettions à leur disposition des farines contenant un taux de protéines de plus en plus élevé.