La France est désormais déficitaire en volaille de chair
En 2016, la France a manqué pour la première fois de viandes de poulet. C’est le constat sans appel des interprofessions des volailles de chair.
Le solde du commerce extérieur de la France en viandes et préparations de poulet s’établit en 2016 à -48,2 millions de tonnes équivalent carcasse (Mtéc) contre +3,5 Mtéc en 2015, a montré Yves Ménard, président du CIPC (Comité interprofessionnel du poulet de chair), lors de la récente assemblée générale des interprofessions des volailles de chair, le 27 avril à Angers. C’est la première fois que l’Hexagone, autrefois leader incontestable de l’aviculture européenne, importe plus qu’elle n’exporte. La consommation de volaille continue pourtant à croître, mais la production de l’espèce majeure, le poulet, a perdu 24 000 t et les exportations 22 000 t quand les importations progressent de 26 000 t. Pour Vincent Chatellier, économiste à l’Inra Nantes, la baisse des exportations de viande de volaille s’explique par l’épizootie d’influenza aviaire mais aussi par le manque de compétitivité. Malgré la réorganisation des industriels, le plan de reconquête du marché intérieur ne se fait pas encore sentir.
La Pologne poursuit sa route
L’érosion des exportations se double donc d’une progression continue des importations, notamment en provenance de Belgique (+10 %) et de Pologne (+8,1 %), leader de l’UE dont la production de poulet croît de façon quasi exponentielle depuis quinze ans. Le pays se place désormais à 1,849 Mtéc (+13 % en 2016) contre 1,078 Mtéc pour la France (-2 %). Pointant désormais à la 4e place derrière la Pologne, le Royaume-Uni et l’Espagne, la France du poulet est talonnée par les Pays-Bas et l’Italie.
L’Hexagone importe surtout pour la restauration (90 % en RHD) et l’industrie (76 %). Si le cas du poulet est le plus significatif, le XXIe siècle a aussi été marqué par la baisse continue du solde commercial en viande de dinde : la France est désormais aussi déficitaire en préparations de dinde. Mais les volailles sous signe de qualité (label et bio notamment) ont le vent en poupe. Selon Éric Cachan, président du Synalaf (Syndicat national des labels avicoles de France), l’exportation de volailles bio a, par exemple, connu l’an passé un bond de 13 % et l’avenir du Label rouge est probablement européen.